Databac

Corrigé Dissertation Manon Lescaut Bac Français 1ère

Publié le 18/02/2024

Extrait du document

« CORRIGE DE LA DISSERTATION SUR MANON LESCAUT DE PREVOST C’est la traduction latine de la Poétique du philosophe grec Aristote qui résume l’objectif des œuvres littéraires par la formule « docre, mevere, placere », instruire, émouvoir, plaire », ordre qui met en valeur l’importance de l’instruction orale.

Reprise par les humanistes du XVIe siècle, elle devient un principe essentiel chez les auteurs classiques du XVIIe siècles, et Prévost, dont le roman Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, a fait scandale lors de sa parution en 1731 alors même qu’il déduisait un large public, l’utilise encore pour se justifier.

Ainsi dans l’« avis au lecteur », qui sert de préface à son romain, il affirme : « on y trouvera peu d’évènements qui ne puissent servir à l’instruction des mœurs.

», et il insiste en précisant : « c’est rendre, à mon avis, un service considérable au public que de l’instruire en l’amusant ; » il met donc l’accent sur sa volonté morale, mais son roman atteint-il ce double objectif ? Pour en juger, nous nous interrogerons d’abord sur la place réellement occupée par l’instruction des mœurs » pour chercher, dans un second temps, comment elle participe à l’amusement du lecteur. Si nous nous souvenons de la façon dont Montesquieu dépeint les deux héros de Prévost, « un fripon » pour des Grieux, « une catin » » pour Manon, évoquer un objectif moral parait plutôt paradoxal, d’autant qu’ils s’inscrivent dans une société elle-même corrompue. Si au début du roman, des Grieux se prépare à des études de théologie, donc a reçu une instruction religieuse stricte, ses valeurs morales sont vitre oubliées.

Dès sa première rencontre avec Manon, en effet, sa fuite avec elle à µparis ne respecte pas l’obéissance due à son père, et il n’écoute pas les sages conseils de son ami Tiberge.

Très rapidement, il cède au gout du plaisir de celle qu’il aime, et, alors qu’il a été envoyé au séminaire, il suffit d’une seule visite pour qu’il retombe dans l’immoralité.

Feintes, mensonges, tricherie au jeu, escroqueries, les exemples d’actions immorales sont nombreux.

Ainsi, pour s’échapper de la prison de Saint Lazare, il n’hésite pas à tromper le Père supérieur, qui a pourtant fait preuve de bienveillance envers lui, et va jusqu’au meurtre puisqu’il tire sur le domestique qui intervient.

Il tente, certes, à plusieurs reprises, de se trouver des excuses, et s’indigne quand le frère de Manon lui suggère de tirer profit des charmes de celle-ci pour s’assurer une vie luxueuse.

Mais, en fait, il participe activement aux projets de celle-ci, comme lorsque, pour obtenir les bijoux et la pension promis par le vieux M.

de G… M…, il accepte de se faire passer pour le jeune frère de Manon, en jouant ce jeu avec brio.

Enfin, son premier mouvement pour éviter l’envoi de Manon ç la NouvelleOrléans est le recours à la violence : il paie des gardes pour attaquer le convoi sur la route.

De meme, c’est par un duel qu’il entend empêcher que Synneret, le neveu du gouverneur, ne l’épouse.

Pourtant, combien de fois Tiberge a-t-il essayé de le ramener à un comportement plus respectueux des valeurs morales ? A chaque fois, en vain.

Des Grieux a donc, tout au long du roman, fait passer son amour avant la morale, ce qui n’offre guère un bon modèle au lecteur. Il est possible d’être encore plus sévère envers Manon : le lecteur voit bien que c’est elle qui mène le jeu grâce à ses « charmes », sans se soucier de la morale.

C’est d’ailleurs ce qui explique l’évolution du titre, d’Histoire du chevalier des Grieux, car son envoi au couvent est déjà le signe que sa famille tente de la corriger, et ses réponses au jeune homme recèlent déjà son peu de souci des bienséances et toute son habileté pour obtenir son aide, comme aussi la façon dont elle se débarrasse de son « vieil Argus », le domestique qui l’escorte.

Il lui faut très peu de temps également pour tromper le jeune garçon avec M.

de B.., le riche fermier général, et une seule visite au parloir du séminaire de Saint Sulpice lui suffit, à grand rendort de larmes, de protestations d’amour et de « caresses », pour reconquérir des Grieux.

Son emprisonnement à l’Hôpital ne la corrige même pas, puisque, à peine sortie, elle récidive en tentant seule d’escroquer le fils de M.

de G… M… Prise sur le fait par des Grieux, qui lui reproche violemment sa « perfidie » son aptitude à le manipuler est telle qu’elle inverse la situation : c’st finalement lui qui implore son pardon ! Manon est donc bien une libertine, voire une courtisane, prête à se vendre pour vivre dans le luxe, en se servant de son amant. Ajoutons à cette peinture des héros, la description que Prevost fait de la société de la Régence, dans laquelle la morale n’est certainement pas la valeur essentielle.

Comme les personnages de Choderlos de Laclos dans Les Liaisons dangereuses, notamment la marquise de Merteuil ou Valmont, Prévost nous montre en effet une société qui ne respecte guère les droits de la personne, où, par exemple, un père peut faire obéir un fils pour éviter une mésalliance et le contraindre à se séparer de sa bien-aimée pour se retrouver dans un séminaire, qui ressemble beaucoup à une prison.

De même, un home puissant comme le vieux M.

de G.

M.

peut sur une simple lettre de cachet, faire emprisonner sans procès les deux jeunes escrocs, et si l’intervention de son père permet à des Grieux de retrouver la liberté, Manon, elle sans appui ni privilège, ne peut échapper à la déportation en Louisiane.

Pourtant comme le souligne des Grieux face à son père, qu’ont-ils fait de si terrible ? il multiplie alors les exemples de tous ceux qui se livrent à la débouche, au vu et au su de tous, sans que personne ne s’en indigne.

Ainsi, depuis les domestiques qui volent leurs maitres, jusqu’au plus haut de l’échelle, quand le neveu du gouverneur veut profiter du pouvoir de son oncle pour épouser Manon, les abus et l’immoralité règne dans ce roman.

Il donc difficile d’admettre l’affirmation de Prevost et de considérer qu’il.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles