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Correspondances Baudelaire analyse complète pdf

Publié le 11/04/2024

Extrait du document

« Baudelaire La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles; L'homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers. Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. II est des parfums frais comme des chairs d'enfants, Doux comme les hautbois1, verts comme les prairies, - Et d'autres, corrompus, riches et triomphants, Ayant l'expansion des choses infinies, Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens, Qui chantent les transports de l'esprit et des sens. Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal 1 Le hautbois est un instrument de musique à vent. 1 Beaucoup de critiques retiennent souvent de ce poème représentation simpliste, qui pourrait être résumée de la façon suivante : Correspondances est le texte « programmatique » des Fleurs du Mal une sorte d'Art Poétique, dans lequel Baudelaire expose une théorie que développent les deux quatrains, et dont les tercets donnent une illustration. Comme si le texte entier n'était qu'une expansion (progression) du trop fameux huitième vers : « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent ». Tout cela est par trop simpliste.  Son titre,  Sa place dans le recueil : Celui dont les pensers, comme des alouettes, Vers les cieux le matin prennent un libre essor, - Qui plane sur la vie, et comprend sans effort Le langage des fleurs et des choses muettes! « Elévation » Nous avons, il est vrai, nations corrompues, Aux peuples anciens des beautés inconnues : Des visages rongés par les chancres du coeur, Et comme qui dirait des beautés de langueur ; Mais ces inventions de nos muses tardives N'empêcheront jamais les races maladives De rendre à la jeunesse un hommage profonde, - A la sainte jeunesse, à l'air simple, au doux front, A l'œil limpide et clair ainsi qu'une eau courante, Et qui va répandant sur tout, insouciante Comme l'azur du ciel, les oiseaux et les fleurs, Ses parfums, ses chansons et ses douces chaleurs ! « j’aime le souvenir de ces époques nues… » « Elévation » et « j’aime le souvenir de ces époques nues… » présentent des fins qui font correspondre selon le même type de correspondances alouettes et (cieux du matin, azur du ciel, – d’une part comprenant sans effort le langage des fleurs et des choses muettes auxquelles il confère son langage, d’autre part relevant d’une jeunesse « à l’œil limpide et clair… et qui va se répandant sur tout … ses parfums et ses douces chaleurs ! » )  Le fait que trois théories - au moins - s'y télescopent (plus une quatrième, implicite, dont il faudra bien parler puisque tout le texte tourne autour, qui concerne le rôle de l'Artiste, et du Poète en particulier). 2 (le premier du recueil). Une première lecture du texte permet de faire quelques remarques d'ensemble.

Le poème se présente comme une :  Succession de phrases déclaratives,  Emploi exclusif du présent de l'indicatif,  Absence des première et deuxième personne. Face à un texte qui se donne à lire comme une suite d'assertions (d’affirmations), on peut se demander quelle est la meilleure méthode d'analyse. On retrouve, en outre deux « groupes » de vocabulaire ; un vocabulaire :  Concret : se rapportant à la nature (v.1) et aux sensations (parfums, sons, couleurs, v.8)  Abstrait : Le titre même « Correspondances » est un terme très souvent employé afin de désigner l’analogie (la ressemblance – la correspondance) existant entre les différents règnes de la nature. .

De même, le concept d’unité du v.6 ou bien encore les notions de parole au v.2 ou de symboles au v.3 sont autant d’illustrations de ce langage abstrait. Remarque Selon Lévi-Strauss, L’être humain est partie intégrante de la nature.

Tout d’abord, il est un être vivant, il a un corps, un organisme, et comme tel il est soumis aux lois de la biologie.

La nature le nourrit ; elle peut aussi le rendre malade ; elle gouverne le cours de sa vie, de la naissance et de l’enfance à la vieillesse et à la mort.

Mais Lévi-Strauss va beaucoup plus loin que ce constat banal.

À ses yeux, l’esprit lui-même et la pensée, au moyen desquels on creuse d’ordinaire un abîme entre l’être humain et la nature, sont en fait partie intégrante de celle-ci : « L’esprit aussi est une chose ».

C’est précisément parce que l’être humain et son esprit font partie de la nature qu’ils peuvent la penser et la connaître : « L’esprit ne peut comprendre le monde que parce qu’il est un produit et une partie de ce monde ». 3 Le texte est apparemment saturé, et ne laisse guère de place à autre chose qu'une paraphrase explicative.

Mais, en même temps, on sent bien qu'il est elliptique, et que cette série d'assertions repose sur des présupposés théoriques implicites qu'il faudra bien expliciter. 4 Cette strophe développe ,( champ lexical de la verticalité) présupposant une (dans tous les sens du terme, y compris celui de discours épistolaire) (Temple) (forêt / nature).

Pour mieux comprendre cette strophe, nous allons nous appuyer sur divers documents. 1 La Nature est un temple où de vivants piliers 2 Laissent parfois sortir de confuses paroles; 3 L'homme y passe à travers des forêts de symboles 4 Qui l'observent avec des regards familiers. Document 1 Baudelaire, dans les Notes nouvelles sur Edgar Poe, présentant, paraphrasant même, un passage du Poetic Principle de Poe, passage lui-même en écho direct du Phédon de Platon, écrit: « C'est cet admirable, cet immortel instinct du beau qui nous fait considérer la terre et ses spectacles comme un aperçu, comme une correspondance du Ciel.

La soif insatiable de tout ce qui est au-delà, et que révèle la vie, (Vie = miroir d’un au-delà) est la preuve la plus vivante de notre immortalité.

C'est à la fois par la poésie et à travers la poésie, par et à travers la musique que l'âme entrevoit les splendeurs situées derrière le tombeau (Art = vision d’outre-tombe) ; et quand un poème exquis amène les larmes au bord des yeux, ces larmes ne sont pas la preuve d'un excès de jouissance, elles sont bien plutôt le témoignage d'une mélancolie irritée, d'une postulation des nerfs, d'une nature exilée dans l'imparfait et qui voudrait s'emparer immédiatement, sur cette terre même, d'un paradis révélé.

» (Platon, Phèdre XXIX – XXX) Baudelaire, Notes nouvelles sur Edgar Poe « Tout se rapporte, dans ce monde que nous voyons, à un autre monde que nous ne voyons pas.

Nous vivons...

au milieu d'un système de choses invisibles manifestées visiblement.

» Joseph de Maistre Baudelaire se réfère ici à la théorie de Swedenborg - laquelle séduisit tant d'écrivains de l'époque, en particulier Balzac - et dont voici un résumé : 5 Document n°2 I.

Position philosophique Il existe une essence commune à tout ce qui existe (Cf cours de l’année dernière sur le prisme), et, partant, une relation entre toutes les manifestations du cosmos 2.

Le principe d'un monde transcendant3 est admis en postulat : monde des Idées, monde des Formes, dont le monde des êtres physiques est la projection ou l'ombre portée4.

Une telle conception des choses remonte à de lointaines origines orphiques, pythagoriciennes et orientales, dont un Platon ou un Aristote n'ont été que des représentants particuliers.

C'est chez Emmanuel de Swedenborg (1668-1772) qu'elles ont pris corps. II.

Le système de Swedenborg Swedenborg nous a laissé un système tripartite des plus cohérents. a) Le Troisième Ciel ou Monde terrestre Nous vivons dans un monde où les êtres sont des objets matériels, avec leur sang, leur chair, leur épaisseur, et c'est celui dont nous doutons en général le moins.

L'église de pierre, le pont de béton, l'arbre de feuilles et de branches, la voiture qui dérape et s'écrase contre un mur sont du troisième ciel. b) le Deuxième Ciel ou Monde du Vrai Mais ces êtres à quatre dimensions participent de lois physiques qui les régissent, les traversent et les organisent ou les désorganisent dans leurs plus intimes parties : lois de pesanteur, d'inertie, de résistance, de combinaison des forces, de magnétisme, de composition ou de décomposition chimique, de croissance ou de mort, de gravitation universelle, de relativité...

L'esprit scientifique ne voit plus une voiture qui capote, mais une ligne de force passant par un centre de gravité et tombant en dehors d'un quadrilatère d'appui.

Cet esprit, c'est l'esprit de géométrie, celui de Pascal.

Le principe de ces lois est leur absolue constante.

C'est le domaine du savant, pour qui toute dérogation s'explique par une loi plus générale, elle-même constante. Toutes ces lois relèvent du nombre.

Nous sommes ici dans le Deuxième monde - monde supérieur au monde terrestre - monde du quantitatif, du précis, où tout se pèse, se mesure et se détermine, mais où tout est relatif, comme c'est le cas de toute mesure.

C'est le.... »

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