Correction L'école des Femmes Acte III scène 2
Publié le 17/05/2020
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«
Correction commentaire.
L’Ecole des Femmes , de Molière (III, 2), vers 695 à 743.
Arnolphe, personnage comique et ambigu de la pièce, s’impose dans cet extrait comme un directeur de
conscience impitoyable.
Ainsi , dans un premier temps , il développe un discours profondément radical et moralisateur .
Il tente
d’abord d’inspirer à Agnès une certaine compassion.
En effet , s’il lui donne son honneur, elle doit s’en
montrer digne.
Il s’agit donc pour elle d’un devoir de respect, de morale, juste rétribution de la
magnanimité de l’homme qui « d’un doux regard veut lui faire grâce ».
Il espère la persuader du don
de sa personne qu’il lui fait : « c’est mon honneur Agnès que je vous abandonne », ajoutant même
« que cet honneur est tendre et se blesse de peu ».
Par ailleurs , il est à noter qu’Arnolphe se montre
particulièrement insistant dans ses propos.
Les énumérations sont en cela fort significatives
puisqu’elles ont pour but d’imposer un point de vue, non par simple évocation, mais par un véritable
travail d’imprégnation.
L’épouse doit faire preuve de qualités certaines que sont « la docilité,
l’obéissance, l’humilité, le profond respect » (vers 709-710).
Quant au mari, il se définit tout
naturellement comme « son mari, son chef, son seigneur et son maître » (vers 712) grâce à une
gradation ascendante sans équivoque.
Il s’agit donc de propos particulièrement sévères, voire
extrêmes, puisque la femme, bien que considérée comme une moitié de l’homme, n’en reste pas
moins, et cela très clairement, inférieure.
Cette disparité est d’abord visible à travers les métonymies
« votre sexe » (vers 699) et « la barbe » (vers 700), ainsi que par le champ lexical de la vue que le mari
daigne accorder à la femme (vers 713 à 716), et surtout par le parallélisme de construction du vers 703
puisqu’à « la moitié suprême » s’oppose « une subalterne », l’une étant « soumise » pendant que
l’autre « gouverne »,révélant au passage un changement de rythme éloquent qui place le terme fort en
fin de vers.
L’opposition se fait donc très perceptible grâce à la rime entre les deux moitiés contraires
(« subalterne »/ »gouverne »).
Dans un second temps , il est aisé de constater que, pour donner plus de poids à son argumentation, le
personnage masculin jour sur les peurs de son interlocutrice .
Il entend tout d’abord utiliser la crainte
qu’Agnès, jeune fille naïve, peut avoir de l’opprobre, l’humiliation publique.
La périphrase péjorative
« ces coquettes vilaines », qui renvoie très clairement aux femmes libertines, est en cela très explicite,
d’autant que la mise en garde se fait également par l’emploi du mode impératif « ne vous gâtez pas »,
« gardez-vous », « songez », qui prône tantôt la défense, tantôt le conseil avisé.
Poussant plus loin la
réflexion, Arnolphe ne rechigne pas à user de comparaisons entre ces femmes peu vertueuses, et sa
promise.
Il laisse ainsi apparaître une antithèse entre « comme un lis blanche et nette » et « noire
comme un charbon », opposant dès lors la pureté immaculée du lis, à la noirceur répréhensible du
charbon.
La mise en garde se fait d’autant plus évidente qu’il y associe un futur de certitude « elle
deviendra », « vous paraîtrez », « vous irez », expressions dans lesquelles il emploie ouvertement le
pronom personnel de la deuxième personne , afin d’inclure le plus directement possible Agnès dans ses
propos.
De surcroît , conscient du succès de ce procédé, Arnolphe achève son argumentation sur le
mode de la menace ultime, celle de l’Enfer.
Ainsi, le diable est-il désigné de différentes manières,
comme « le malin » (vers 721), aux « Enfers » (vers 727), « le diable » (vers 736).
Par ailleurs ,
désireux de rendre la menace plus inquiétante encore, il y joint l’exagération avec l’hyperbole du vers
737 « bouillir dans les enfers à toute éternité », qui amplifie, si besoin est, l’horreur du châtiment..
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