Commentaire paul et virginie incipit

« Jacques Henry Bernardin de Saint-Pierre, auteur du XVIIIe siècle, lecteur de Robinson Crusoé, développe très tôt un goût pour les voyages et l'exotisme.

Ayant séjourné à l'île de France, actuelle île Maurice, il s'appuie sur ces connaissances au niveau sociale, géographique, botanique et culturelle pour la rédaction de Paul et Virginie.

Il s'agit d'un court roman formant la quatrième partie des Études de la nature , où l'auteur en disciple de Rousseau entreprend de célébrer la Providence et la morale naturelle.

L'extrait étudié est l'incipit de l’œuvre qui s'ouvre sur la rencontre entre deux personnages qui évoquent l'histoire du couple central, Paul et Virginie et de leur famille. Comment cet incipit, tout en annonçant les thèmes qui seront abordés , révèle-t-il d'emblée le genre du roman ? Nous montrerons tout d’abord que l’incipit s'inscrit dans une tradition en remplissant ses fonctions, pour dans un deuxième temps voir que celui-ci porte en lui par la description du cadre, les signes de la tentation utopique.

I.

Un incipit traditionnel. • Un incipit de type descriptif : Le lecteur est invité d'entrée de jeu à suivre un guide pour une visite guidée de l'île de France, cadre géographique du récit.

C'est le premier narrateur qui a en charge le récit cadre (L35-59) qui insiste sur l'insularité de l'environnement , sur le côté oriental de la montagne qui s’élève derrière le Port-Louis de l’île de France… » Le jeune homme, anonyme et indéfini met en place le cadre du décor, l'environnement dans lequel il évolue.

Le lecteur est ainsi plongé dans un univers luxuriant et paradisiaque, un endroit Clos, une micro-société, model idéal, édénique exempt de corruption.

L’environnement dans lequel évolue le jeune homme a toute son importance et dès les premières pages une description détaillée des lieux est proposée.

La description est organisée à partir d'indices de lieux, comme « derrière le port Louis » L.1-2, « à gauche L.5, « au bas »L.7, « devant soi »L.12 ou encore à la L.15 « à l'entrée de ce bassin ».

Le narrateur nous invite à le suivre mais aussi à voir comme lui, idée appuyée par l'utilisation des verbes de perception comme « on voit » L.2, « on aperçoit » L.5, « on distingue » L.11 , « on découvre » L.16 et « on n'entend » L.19.On assiste à une vision d’un paradis originel avec « une vue immense et d’une solitude extrême » Le champ lexical de la nature largement représenté (citez celui-ci) nous permet de découvrir ce monde créer par BSP, montrant bien toute la sensibilité de l’auteur et son goût pour l’exotisme, thème très à la mode au XVIIIe siècle.

De plus cet incipit de type descriptif s’inscrit dans une tradition : • c’est -à dire le topos de la rencontre : le personnage rencontrant un autre personnage qui « sait ».On retrouve dès le début du récit, deux narrateurs.

Le premier, anonyme et indéfini, passe très vite le relais à un second, généralement nommé le « vieillard ».

Le premier est désigné par un « je » à partir de la l.34 et le second à la ligne 36 « un homme déjà sur l’âge » l.60 « ce vieillard ». • La présence de ces deux narrateurs met en évidence le mode du récit enchâssé : le récit cadre (celui du jeune homme : l.35-59) et le récit encadré (celui du vieillard : commence dès la l.60). • Ce récit encadré est laissé à la charge du vieillard que l’on présente comme un homme simple et noble, âgé qui semble un vrai sage « cheveux blancs » et un bâton.

C’est un indigène, nu-pieds », portant des « vêtements selon la coutume des anciens habitants ».

Ce choix vise à donner au récit sa crédibilité et son authenticité.

Ce sont les deux premiers personnages rangés par paires.. »