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Commentaire Horace Corneille: L’amour n’est qu’un plaisir, l’honneur est un devoir

Publié le 13/11/2022

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« INTRODUCTION « L’amour n’est qu’un plaisir, l’honneur est un devoir ».

Tels sont les mots employés par le dramaturge et poète français Pierre Corneille dans le Cid, une pièce de théâtre qu’il rédige en 1637.

Cette tragi-comédie sera d’ailleurs l’objet d’un immense succès qui fera décoller sa carrière.

Né le 6 juin 1606 à Rouen d’une famille bourgeoise, Pierre Corneille, également surnommé « le Grand Corneille » ou encore « Corneille l’aîné », est considéré comme le père de la tragédie française.

Ses œuvres sont classées entre le style baroque, représentant l’idée d’un monde instable, marqué par Molière et Shakespeare, et le classicisme, un courant inspiré des chefs-d’œuvre de l’Antiquité gréco-latine, marqué par Racine.

Toutefois, ses tragédies se dénouent par un développement moral qui met en exergue l’importance et la priorité du devoir, à la différence de Racine dont les pièces se concluent par la mort et la destruction. Le théâtre de Corneille s’inspire des évènements de sa vie ainsi que des personnages qui l’entourent.

En effet, à l’image de sa vie, son théâtre est scindé en deux grandes étapes distinctes ; Il écrit, en premier lieu, des pièces comiques dont l’Illusion comique (1636), une œuvre qualifiée de moderne et novatrice, qui témoignent de sa nature gaie ainsi que son plaisir à provoquer le rire.

Pourtant, le genre théâtral dont il fait usage dévie progressivement vers la tragédie.

La transition entre ces deux genres théâtraux peut nettement se constater avec sa pièce le Cid, mêlant le comique au tragique, bien qu’il ait écrit la tragédie Médée antérieurement qui constituait seulement un essai.

Il y met en scène un personnage, qu’il nomme Rodrigue, confronté à un dilemme entre la préservation de l’amour de Chimène, sa bien-aimée et la défense de l’honneur de son père, bafoué par le patriarche de son amante. Ainsi naît l’expression « dilemme cornélien » désignant un choix impossible, dont les deux issues convergent vers une disgrâce.

Les tragédies de l’auteur qui succèdent à cet ouvrage sont également fondée autour de ce dilemme et certaines d’entre elles sont inspirées des histoires de la Rome Antique lui ayant été contées lorsqu’il était enfant. C’est notamment le cas de sa pièce Horace qu’il écrit en 1640.

Dédiée au cardinal de Richelieu, créateur du groupe d’écriture collective au sein duquel il figure, celle-ci est reconnue comme l’une de ses plus grandes tragédies et constitue son second grand succès, après le Cid.

Le sujet du scénario est emprunté à Tite-Live (59 – 17 av.

JC), auteur de l’œuvre Ab Urbe Condita Libri, c’est-à-dire l’Histoire de Rome depuis sa fondation dans laquelle il retrace sept siècles de l’Histoire de Rome et expose notamment la guerre entre Albe et Rome, au cours de laquelle les trois Horace et les trois Curiace ont combattu.

La pièce Horace comporte cinq actes, à l’image des pièces de théâtres traditionnelles, où sont mises en scène deux familles, les romains Horace et les albains Curiace, unies par des relations amoureuses entre Sabine (sœur des Curiace) et Horace ainsi que Camille (sœur des Horace) et Curiace. Par malheur, une guerre fratricide finit par troubler ce lien : les trois frères de ces deux familles sont désignés pour défendre leur patrie et sont par conséquent contraints de s’affronter.

Cette situation désolante confrontera les personnages à un dilemme entre amitié et patrie.

Tandis que Curiace se lamente sur son sort, le personnage éponyme Horace est emporté par son devoir patriotique et prend promptement sa décision.

Pourtant, lors des combats sa fratrie ne domine pas et ses deux frères succombent hâtivement. Il faudra au seul survivant, mêler la ruse à l’audace pour vaincre les trois Curiace. Feignant de fuir, Horace achèvera inopinément les trois frères un par un.

Ainsi, Rome triomphera.

Néanmoins, comme dans tout dilemme cornélien, cette victoire n’est pas sans conséquence.

Dans l’extrait étudié, qui constitue un dialogue issu de la scène 4 de l’acte V, Horace, bien qu’honoré par tout Rome, se retrouve sujet à un conflit avec sa sœur Camille qui souffre de la mort de son amant, assassiné par son propre sang.

Camille lui reproche d’avoir mis fin aux jours de son bien-aimé et promet de se venger, ce à quoi son frère répond avec une pareille violence.

Nous pouvons alors nous questionner sur l’évolution de cette violence entre Horace et Camille, unis par les liens du sang ; En quoi le dialogue entre ces deux se faitil de plus en plus violent ? La réponse à cette question se fera en deux temps distinct.

Dans un premier temps nous focaliserons notre analyse sur les imprécations de Camille, c’est-à-dire, les souhaits de malheurs qu’elle formule à l’égard de son frère, et dans un second temps, nous rendrons compte de l’affrontement fraternel tragique entre Horace et Camille. I/ LES IMPRECATIONS DE CAMILLE a) Amplification de la fureur de Camille Au cours de la scène, Camille profère des imprécations à l’égard de son propre sang ainsi qu’à l’égard de sa ville natale, Rome.

L’amplification de sa fureur, provoquée par son affliction, aboutit à ces désirs de malédiction.

En effet, Camille manifeste progressivement l’animosité ineffable subsistant en elle.

Dès les premiers vers, son obsession pour Curiace, se fait ressentir chez l’amante offensée » qui contrairement à son frère, opte pour l’amour en dépit de son devoir patriotique, honorer la ville romaine.

Elevant son bien-aimé au rang de dieu, bien que mortel, au moyen du verbe adorer : « je l’adorais vivant », elle le dépeint comme maître de sa fortune ainsi que de ses émotions « ma joie et mes douleurs dépendaient de son sort » par l’antithèse entre « joie » et « douleurs » qui souligne l’omnipotence de celui-ci sur son existence, autant vivant qu’éteint, ce que met en évidence l’antithèse entre « vivant » et « mort » au vers 4.

Graduellement, son tourment fluctue vers une haine d’intensité incommensurable.

Camille fait primitivement figure imposante face à son frère par l’emploi de l’impératif « Donne-moi donc », « Rends-moi ».

Ainsi laisse-t-elle paraître son incorruptibilité, accentuée à posteriori par l’emploi du conditionnel « Et si tu veux enfin » suite auquel elle pose un ultimatum à Horace, dissimulé par un semblant d’alternative « Rends-moi mon Curiace ou laisse agir ma flamme ».

En réalité, ressusciter son amant demeure chimérique, Horace se trouve par conséquent contraint de faire face à la « flamme » de sa sœur désignant son ressentiment attaché à sa passion.

Celui-ci se manifeste par un champ lexical qui évolue de manière violente, voire apocalyptique, passant du verbe « reprocher » au vers 9, au verbe « détruire » au vers 33.

En fin de dialogue, les termes employés relèvent ostensiblement d’un champ lexical apocalyptique avec le « déluge de feux », la « foudre » ou encore la « cendre ».

Elle en vient même à se qualifier de « furie », qui désigne une femme donnant libre cours à sa colère avec une rare violence, ce terme est en lien avec les divinités infernales chargées d’exécuter la vengeance divine, sa soif de vengeance est par conséquent d’une ampleur considérable De surcroît, les allitérations en [t], en [r] et en [s].... »

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