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Commentaire de la lettre d'Avit, évêque de Vienne au roi Clovis

Publié le 17/05/2020

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« Commentaire de la lettre d'Avit, évêque de Vienne au roi Clovis Dans un roman édité en 1948 intitulé « les Plouffe » le romancier québécois Roger Lemelin dépeint la vie d'une famille type du Québec des années 40, qui estconfrontée à la guerre et à la crise économique.

Il fait dire à un personnage la phrase suivante:« L'église ne bénit pas la guerre, mais elle bénit le glaive de ceux quisavent l'employer au bien.

».

A travers ces mots, l'auteur insiste sur le fait que l'Eglise, qui dans son message initial véhicule un message de paix et de tolérance,n'hésite pas à soutenir les actes sanglants d'organisations politiques quand ces derniers sont réalisés en son nom et surtout en sa faveur.Le texte qui suit et qui va faire l'objet du commentaire est la réponse écrite par l'évêque de Vienne Avit à l'invitation du roi des francs Clovis, à son baptême.L'auteur de cette lettre est né en 450, il meurt le 5 février 525 à Vienne.

Le jour de sa mort est devenu le jour de fête des personnes prénommées Avit, de nos jours, le5 février est le jour de la Sainte Agathe.

Actuellement, il est toujours considéré comme un personnage éminent de la religion catholique locale.

Son père était unsénateur romain du nom d'Esychius.

Vers 475, Avit est élu archevêque de Vienne à la mort de Saint Mamert de Vienne.

Avit est marié et père d'enfants mais à 40ans, sa femme décède.C'est alors qu'il décide de se consacrer pleinement à la religion et entre dans un monastère.En 490, il succède à son père.

Considéré comme un bon évêque, il est l'un des derniers dépositaires de la culture latine classique dans le royaume Burgonde.

Il estaussi consulté notamment par le roi des francs Clovis.

L'une de ses principales actions se porte sur l'aide aux pauvres.

En effet, entre le moment de décès de sa femmeet son entrée monastique, il avait donné l'intégralité de ses biens aux pauvres.

Son autre grand intérêt est la traque et l'extermination des hérétiques ariens à traverstoute la Gaule.Clovis, roi des Francs devient catholique et par cela se ranger dans le camp de l'évêque de Vienne, ainsi va naitre une relation privilégiée entre les deux hommes.

Ilsera ainsi intéressant de voir comment les deux hommes vont tirer bénéfice de la conversion de Clovis.Pour cela, il conviendra, à travers cette lettre, d'analyser les relations entre l'Eglise catholique et la royauté mérovingienne (I).

A la suite de quoi, un regard toutparticulier sera porté sur les relations entretenues entre l'Eglise et Clovis et ce dernier y apparaitra comme : Clovis, le champion de la foi catholique(II). I/Les relations entre l'Eglise catholique et la royauté mérovingienne Dans la lettre envoyée à Clovis, Avit est on ne peut plus clair, il faut une affirmation de l'Eglise catholique sur le peuple franc (A).

Cette imposition n'est toutefois pasun mal car en se convertissant à la religion catholique,le roi des francs permet une élévation de sa dynastie (B). A/ Affirmation de l'Eglise catholique sur le peuple franc. Dans sa toute première phrase Avit remonte le temps, se replace dans le passé, et il dit: « La plupart des hommes, au lieu de chercher une croyance saine, s'ils sontexhortés par leurs prêtres ou conseillés par leurs amis d'abandonner leurs erreurs, se contentent d'opposer la coutume de leur nation, les rites pratiqués par leursancêtres ».Ici, l'évêque de Vienne fait référence à toutes les missions mises en place par la religion catholique afin d'apporter la sainte parole et de convertir les populationsbarbares vivant notamment en Gaule.

La parole de Dieu est définie par Avit comme « une croyance saine ».

Ce qui permet d'affirmer qu'Avit fait référence à uneévangélisation est le mot « prêtre » à qui il attribut le rôle d'exhorter.

Ces prêtres ou amis ont pour but de délivrer les hommes en leur faisant « abandonner leurserreurs ».Le terme « erreurs » est une référence aux croyances initiales des Francs qui étaient païens.Aussi, cette foi catholique, bien que semblant être la plus saine de toute, n'est pas facilement acceptée et même semble être rejetée en Gaule au profit des traditions,en témoigne la proposition « se contentent d'opposer la coutume de leur nations, les rites pratiqués par leurs ancêtres ».Le christianisme, nouvelle religion, ne s'impose pas et les missions d'évangélisation sont de véritables échecs.Cependant, dans la phrase suivante, l'homme d'Eglise aborde le présent et l'avenir en disant : « Désormais, des excuses de ce genre ne peuvent plus être admises ».Les mots « désormais » et « ne peuvent plus » soulignent bien la scission entre le passé et le présent.Avit peut se permettre de dire cela car Clovis, roi des francs devient catholique et il entend bien s'appuyer sur lui pour mener à bien l'évangélisation du territoire de laGaule.Par ailleurs, le ton de l'Eglise s'affermit quand l'évêque de Vienne affirme: « ...ne peuvent plus être admises », l'évangélisation se fera de grè ou de force.De plus, Clovis, même avant son baptême, s'était battu pour la religion chrétienne.

C'est notamment grâce à lui que les Wisigoths, ariens et de ce fait considéréscomme hérétiques, furent boutés au-delà des Pyrénés.

Lors d'une bataille, qui s'annonçait très défavorable pour Clovis et son armée, ce dernier fît appel à Dieu, et luipromit, qu'en cas de victoire, il se convertirait au christianisme.

La bataille de Tolbiac fût remportée par Clovis et son armée, le roi tînt son engagement et décida dese faire baptiser. Avec Clovis, l'Eglise catholique a désormais un appui de taille lui permettant de trouver une légitimité sur le territoire de la Gaule.

Toutefois le roi des francs estavant tout mu par la logique germanique, tout engagement mérite contrepartie.

L'Eglise en a bien conscience et lui promet de le récompenser à sa manière. B/ Elévation de la dynastie de Clovis Après avoir implicitement fait appel au service de Clovis pour diffuser par tous les moyens la parole de Dieu, l'évêque Gallo-romain, toujours dans une étudetemporelle, redéfinit la lignée de Clovis en expliquant que: « De toute votre antique généalogie, vous n'avez rien voulu conserver que votre noblesse et vous avezvoulu que votre descendance fît commencer toutes les gloires qui ornent une haute naissance ».Ainsi, dans un premier temps, et en parlant du passé, Clovis tire sa légitimité royale de l'hérédité qui la plupart du temps, aussi bien dans la tradition germaniquepaïenne, que dans la tradition romaine chrétienne est une justification divine pour asseoir les dynasties.L'avenir montrera cependant que ce facteur temporel n'est pas nécessaire.

En effet, une fois au pouvoir, les carolingiens illégitimes selon le principe d'hérédité ferontappel à l'Eglise afin de fournir un caractère divin à leur dynastie.Ensuite, Avit exprime ce que Clovis a conservé de sa famille, « … vous n'avez rien voulu conserver que votre noblesse...

».

Ici, les nombreux défauts desmérovingiens sont rejetés par Clovis.

Implicitement tous ces défauts se trouvent dans la religion païenne de ses ancêtres.

En procédant ainsi, le roi des francs purifiesa lignée, c'est d'ailleurs ce qui est exprimé dans la troisième partie de la phrase.Enfin, l'homme d'Eglise se projète dans l'avenir en affirmant : « … que votre descendance fît commencer à vous toutes les gloires qui ornent une haute naissance ».L'idée selon laquelle le changement de religion est un facteur de salut pour ses descendants est mise en avant par le mot « gloire ».Il évoque la gloire militaire maisaussi la gloire en tant que salut.

L'expression « haute naissance », employée en fin de phrase, correspond sans nul doute à la naissance spirituelle qu' est le baptême.Après cela, Avit continue en disant: « Vous avez, parmi vos ancêtres des gens qui ont fait de bonnes choses; vous avez voulu en faire de meilleures encore ».

Dans satournure, cette phrase est très diplomatique.

Avit ne prend pas le risque de froisser Clovis en dénigrant ses ancêtres païens.

Toutefois, l'évêque dit bien « parmi vosancêtres », il ne généralise pas.

Par déduction, les deux ancêtres auxquels il fait référence doivent sûrement être Mérovée et Childérique respectivement grand-père etpère de Clovis.

Ces derniers avaient été nommés rex par l'empereur romain et avaient reçu l'insigne de consul.

En acceptant l'intervention romaine, les deux chefs declan avaient établi les premiers contacts entre les deux civilisations franque et romaine.On remarque, par ailleurs, que cette phrase est partagée par un point virgule.

Ceci permet une cassure franche aussi bien en scindant la notion de temps et en passantdu passé au présent qu'en opposant le paganisme au christianisme.En plus d'être le digne successeur de ses ancêtres, Clovis, animé par la religion du Christ est destiné à tous les surpasser : « vous avez voulu en faire de meilleuresencore » .Avit termine en écrivant que : « Vous avez acquitté la dette de vos ancêtres, qui ont régné dans les siècles et, en même temps, vous avez pris des dispositions pourque vos descendants puissent régner dans le ciel ».Ici, Avit opère une transition très délicate, dans le début de sa phrase, il fait référence à la logique synallagmatique, propre à la société germanique en disant : « vousavez acquitté la dette de vos ancêtres », car, dans ces populations, pour se battre aux côtés d'un roi, les soldas exigeaient une rémunération en échange, elle étaitobtenue par le pillage des endroits assiégés.Il fait ensuite référence à la logique chrétienne en expliquant que: « vous avez pris des dispositions », or ces dispositions ne sont autres que sa conversion imminente. »

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