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Coeur, chaumière et compte en banque, c'est ainsi que Jérôme Binde définit l'idéal secret des jeunes. Notre époque aurait-elle predu le goût de l'aventure ?

Publié le 09/12/2021

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« Jérôme Binde reproche 'aux jeunes un idéal sans ambition, modeste, sans grand dessein, qui se résume aux trois mots «cœur, chaumièreet compte en banque».

Ce souci de tranquillité nie tout esprit d'aventure.Certes, la passion amoureuse constitue à elle seule une aventure si l'on imagine que celle-ci s'accompagne de souffrances, de risques etd'émotions.

Mais il est évident que le contexte fait référence à un sentiment plus paisible et presque douceâtre, bien éloigné de l'errantqui, dans sa course, ne s'attache rJas longtemps.

Au reste, le voyageur est souvent solitaire.

Toute une tradition historique, littéraire etculturelle fait de la femme l'antidote de l'aventure qui est surtout un monde d'hommes.

Qu'on pense simplement à la place jdes femmesdans le western : elles n'interviennent généralement qu'à la fin pour stabiliser le héros.

S'il existe des aventurières, elles viventgénéralement des amours malheureuses.La chaumière évoque davantage encore l'implantation dans un lieu bien défini.

En outre, le monde rural suppose l'enracinement dans uneterre.

Tout cela exclut le voyage, l'évasion fortement liés à l'aventure.

La maison protège et écarte les risques.

Si l'on veut actualiser lesujet, on dira même que l'accession à la propriété assure contre l'insécurité! Par ailleurs, la modestie du projet contredit l'ambition un peuvague de celui qui part et quitte tout.Enfin, le «compte en banque», par l'intermédiaire de l'argent, représente aussi la sécurité.

Il est vrai que l'aventurier, sans le sou,recherche la fortune.

Chercheurs d'or, pirates, explorateurs parfois, connaissent cette fièvre.

Mais elle n'est plus de notre temps.

Etl'auteur ne pense certainement pas à l'acquisition brutale et souvent illégale de sommes considérables, il parle de biens qui mettentsimplement à l'abri des vicissitudes de la vie.

Il permet la meilleure intégration sociale et non la marginalisation.Après avoir défini cet «idéal», après avoir montré comment il est incompatible avec l'esprit aventureux, nous pouvons nous interroger surses motivations.— La première interprétation consisterait à dire que la jeunesse choisit la sécurité par dépit : l'aventure est devenue impossible.

Le tempsdes grandes découvertes, des explorations est passé.

La terre est connue et n'offre plus de visage nouveau.

Les reportages accentuentcette impression.De plus, le monde contemporain s'insère dans tout un réseau de réglementations.

Tout en imposant un ordre plus despotique, le passélaissait une grande marge d'action aux individus.

Les moyens de contrôle efficaces découragent l'apprenti aventurier qui pense ne pouvoiréchapper aux fiches, aux législations.Il resterait peut-être de se consacrer à la société dans laquelle on vit.

Nous avons vu que l'argent est un des mobiles qui animentl'aventurier.

Mais il en existait d'autres sortes, ceux qu'on appelle les bâtisseurs d'empire, ceux que définissent par exemple Balzac avecle baron de Nucingen et Zola avec Octave Mouret.

Mais cette sorte d'ambition est fortement dépréciée.

Car tout un courant fait de l'argentun motif vil.

Si on l'accepte comme souci personnel, comme compte en banque, on refuse d'en faire la valeur suprême.

Une sociétébloquée sur ses acquisitions ne voit pas en Rastignac son modèle.

Ajoutons d'ailleurs — et ce serait, en apparence, contredire la citationde Jérôme Binde — que des aspirations généreuses refusent complètement la suprématie de l'argent et que la jeunesse se retrouve peut-être sur ce point.

Mais le pessimisme serait alors total : les jeunes accepteraient un principe qu'ils réprouvent moralement simplementparce qu'ils savent que l'on ne peut rien faire sans argent.

(Voir la citation d'Emile Zola.)— Une deuxième interprétation justifierait le choix supposé de la sécurité pour des 'raisons différentes : en effet, si le mondecontemporain élimine l'aventure, au sens traditionnel du terme, il n'en est pas pour autant paisible.

Toutes sortes d'éléments créent uneimpression d'instabilité, d'incertitude.

Par la «chaumière et le compte en banque» la jeunesse manifesterait alors le souci de se préserverdes différents remous de l'époque.

De plus, on met souvent en cause l'anonymat, les relations froides et distendues de la sociétémoderne.

L'appel au sentiment stable correspondrait alors à un profond besoin d'affection, de chaleur humaine.En allant plus loin, on peut dire aussi que des hommes comme Rimbaud, que les héros de Cendrars refusent le monde dans lequel ilsvivent.

Ne peut-on envisager que l'idéal des jeunes s'explique aussi parce qu'ils se satisfont de leur environnement.

Jérôme Binde y voitle signe d'un esprit étroit, d'une démission; on peut l'interpréter comme un succès de la société.Il reste à se demander pourquoi cet idéal demeure «secret».

La critique du monde adulte, la contestation sont profondément ancrées dansla jeunesse.

Se rallier aux idéaux précités représente une sorte de capitulation que l'on n'ose avouer.

On affiche donc le goût d'unailleurs, tout en espérant secrètement la sécurité et la tendresse.

On critique l'étroitesse de la société, mais on souhaite s'y intégrer,bénéficier d'un certain confort et des alléchantes propositions de la publicité.Il semble difficile pourtant d'affirmer que tout esprit d'entreprise soit mort aujourd'hui.

Le goût du voyage anime de nombreuxcontemporains.

Certes, on ne confond pas les loisirs organisés avec les chemins hasardeux.

Certes, les voyages comprennent uneassurance contre les risques.

Mais les randonnées, les départs lointains, la spéléologie connaissent un grand succès.

Nombreux sont ceuxqui partent à la découverte d'horizons nouveaux, de rencontres inattendues sans sécurité particulière.

Au contraire, l'inattendu attire.

Ondésire, semble-t-il, rompre avec la monotonie de la vie quotidienne.

Une grande partie des jeunes refuse, en effet, l'idéal précédemmentdécrit.

L'évasion repose d'abord dans l'impression que l'on ne peut changer la société et qu'il faut partir pour trouver autre chose.

Fairepeau neuve, affronter des épreuves, alors que les parents tentent de protéger l'adolescent, constituent une manière de s'affirmer.

Quel'expérience tourne court importe peu ici.

L'essentiel est de remarquer que ce besoin existe.Il débouche alors sur un non-conformisme, du moins à l'égard des valeurs établies.

On ne peut nier, en effet, qu'il existe aussi chez lesjeunes; c'est ce qui pousse, nous l'avons dit, à refuser le monde clos de la chaumière et du compte en banque.

Il n'empêche que le soucid'échapper aux règles s'affirme comme une sorte de révolte.Nous avons vu que la société technique, moderne, combat les voies de l'aventure; elles demeurent cependant.

Par les voyages, maisaussi de façon épisodique par les différentes entreprises : les explorations de spéléologie, l'alpinisme, le domaine de la mer sont autantde manifestations où l'on risque, où l'homme se retrouve seul face à ses responsabilités.

En affrontant les dangers, il accède à savéritable dignité, à l'extrême c'est celle de Guillaumet dans Terre des Hommes.On pourrait avancer que cet esprit peut trouver sa plénitude dans des voies moins particulières.

En effet, on parle souvent de l'aventurespirituelle qui mène les symbolistes, les surréalistes.

Parfois la raison bascule, l'équilibre est rompu.

Mais ne s'agit-il pas là d'expériencesparticulières, tout à fait personnelles qui ne peuvent réaliser l'idéal de toute une jeunesse?On dit aussi que l'humanité vit une aventure collective dont les savants seraient les pionniers.

Peut-être emploie-t-on abusivement ceterme.

La préparation minutieuse, la patience, le service de la communauté cadrent mal avec le désir d'action et de mouvements.

Aureste, devenir astronaute, ou grand découvreur, appartient aux rêves de l'enfance et non à ceux de l'adolescent.

L'aventure prend pour luides formes plus «actives», plus immédiatement réalisables aussi.

Si l'aventure spirituelle tente certains, on peut dire qu'elle représente unidéal collectif. Conclure qu'il existe deux jeunesses? L'une bien sage et modérée, l'autre aventureuse? Ce serait possible si l'on pense qu'après tout,dans le passé, ceux qui osaient tout n'étaient pas nombreux.

Les autres se contentant de rêver ...

secrètement.

Secrètement parce que lerêve d'aventure n'était pas ouvertement autorisé, parce qu'il fallait d'abord faire preuve de «sérieux».On peut penser aussi que tout jeune, et tout homme porte en lui ces deux aspirations.

Ceux qui restent se contentent de lire des récitsd'aventures, de voir des films où ils vivent par procuration des événements' extraordinaires.

On y voit « la personnification d'instinctssimplement par les autres hommes, l'incarnation de leurs meurtres imaginaires, de leurs violences rêvées », comme l'écrit Robert Musildans L'Homme sans qualité.

On oublie le quotidien, sa monotonie et sa sécurité.

Et peut-être que ceux qui partent à l'aventure rêvent-ilsde s'arrêter, au moins un moment.

Enfin, si l'on partage totalement l'avis de Jérôme Binde, on souligne tout ce que l'homme perd ennégligeant les voies de l'aventure.. »

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