Cités idéales
Publié le 22/05/2020
Extrait du document
«
Quelle civilisation n’a jamais rêvé de cité idéale ? Aussi loin que remonte la mémoire collective, nous
y retrouvons les traces de ces Utopia, bien avant que Thomas More n’invente à la Renaissance le mot
latin se traduisant par le lieu que n’existe pas .
Nous y découvrons, par leur situation topographique,
leur agencement, les aspirations propres aux hommes qui les ont créées.
Au-delà de l’utopie architecturale, les murs de la cité idéale sont la métaphore de l’organisation
sociale, politique et économique de la communauté elle-même.
Lorsque l’architecte Hipodamos, au
cinquième siècle avant Jésus Christ dessine les plans de la ville de Milet, il met en pratique un
découpage physique de la société idéale : les habitants y seront séparés selon leurs classes sociales,
philosophes et prêtres, guerriers ou travailleurs artisans et agriculteurs, ils se retrouveront sans
distinction pour gérer la cité sur l’agora, point névralgique de la cité.
Cette organisation spatiale qui transpose l’organisation sociale et politique dans le concept
architectural se retrouve dans les écrits de Platon, lorsqu’il déclare que ce ne sont pas les murs qui font
la cité, mais les hommes.
Bien que brocardée par ses contemporains, notamment Aristophane, le plan de Milet influencera le
tracé de villes comme Turin au dixième siècle ou encore les damiers de New York ou Washington à la
fin du dix-septième.
Dès l’antiquité, le rôle primordial de la cité est d’offrir la sécurité.
Elle doit apaiser l’Homme, le
rassurer.
Elle doit le protéger de toute agression.
Elle va donc se renforcer, se fermer, se replier.
Héritage de la Pax Romana (paix romaine), l’habitat dispersé dut se regrouper dès les invasions
gothiques, maures ou visigothiques.
La menace de ces dévastations incita les populations à se
regrouper autour de l’église, du château.
Clergé et seigneurs n’eurent ainsi aucun mal à imposer taxes
et impôts : taille, dime, corvée.
La protection, divine ou armée, avait un coût.
Circulades et bastides
sont les témoins de l’épopée médiévale de l’urbanisme.
En anneaux pour les unes ou en damier pour
les autres, elles se sont adaptées aux nouvelles exigences des habitants.
La cité est souvent intimement liée à l’activité de l’Homme.
La proximité du lieu de travail est
primordiale pour l’employeur.
La cité doit s’adapter et se développer au plus près de la source
d’emplois.
Humaniste, visionnaire, l’industriel Godin imagine une cité idéale où loger les ouvriers qui fabriquent
ses poêles à bois ou à charbon.
Il souhaite des habitants heureux qui feront de bons ouvriers.
L’opération s’avère une réussite totale.
Godin s’enrichit, améliore la solidarité de son familistère qui,
au-delà du confort d’habitat, construit un véritable système de protection sociale avant-gardiste.
Toutefois, son exemple ne sera pas suivi à la lettre par les propriétaires de mines.
Ces derniers,
préférant à l’humanisme un paternalisme plus orienté sur le bâton que la carotte, se contenteront, avec
les corons, de rapprocher les mineurs de la mine.
A l’inverse de Godin, leur objectif s’arrête là, leur
idéal ne sera pas celui des mineurs.
Les corons, cités idéales de l’identité d’une classe sociale subissant
l’oppression, mais génératrices de révolte.
Les murs de la cité et les parois de la mine incitent à la
rébellion, battant en brèche la citation de Platon.
Nouveaux corons, les cités HLM des années cinquante ont réitéré leurs erreurs.
Certes proches du lieu
de travail, elles seront rapidement dénoncées pour la violence et la délinquance qu’elles génèrent, dès
lors que le travail si proche se raréfiera ou disparaîtra.
Les « barres » du « 9-3 » sont régulièrement
citées comme zones de non droit où ne règnerait que violence et délinquance.
Il est difficile de
déterminer qui est victime ou bourreau du béton ou de la racaille..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- LES LIENS SOCIAUX DANS LES CITÉS
- LES LIENS SOCIAUX DANS LES CITÉS
- « Poésie ! ô trésor ! perle de la pensée! [...] 0 toi ! des vrais penseurs impérissable amour ! Comment se garderaient les profondes pensées, Sans rassembler leurs feux dans ton diamant pur Qui conserve si bien leurs splendeurs condensées ? Ce fin miroir solide, étincelant et dur, Reste des nations mortes, durable pierre Qu'on trouve sous ses pieds lorsque dans la poussière On cherche les cités sans en voir un seul mur. » (Vigny, La Maison du Berger.) Vous dégagerez la définition de la
- Les personnages des textes cités en extraits sont des victimes. En vous appuyant sur ces textes mais aussi sur vos lectures personnelles, vous chercherez les raisons de cette situation et vous vous demanderez si les personnages fictifs sont nécessairement des victimes de la société.
- "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" déclare Gargantua à Pantagruel. Dans quelle mesure peut-on dire que cette affirmation reflète une des valeurs idéales de l'Humanisme ?