CHRYSIPPE
Publié le 16/05/2020
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CHRYSIPPE
Surnommé «la colonne du Portique», il fut, dit-on, coureur à pied et tirait le diable par la queue.
Ce qui ne l'a pasempêché de composer plus de sept cents ouvrages, dont il ne nous reste que quelques fragments.
Epinglons de luicette sentence : Vivre selon la nature équivaut à vivre conformément à l'expérience des choses qui arriventnaturellement.Il devait aussi aimer plaisanter, car il est mort de rire à septante-quatre ans, au spectacle d'un âne à qui, sur sademande, une vieille femme donnait du vin à boire.
«Le destin conduit celui qui veut, il traîne celui qui ne veut pas»
Pour les stoïciens, tout est corporel, sauf le temps, l'espace, le vide et le discours (ce-dont-on-parle).
En revanche,tout est corps et tout fait corps.
Toute action se passe entre corps, et de même la connaissance est une opérationcorporelle comme ce qu'elle connaît.
La matière est vivante et divine et Dieu aussi est cette matière.
Dieu seconfond avec l'âme du monde, avec le Logos (raison) universel qui est la raison commune de toutes ses parties, etdont chaque âme est une parcelle ignée.Dieu est aussi Providence qui pourvoit à l'harmonie du Grand Tout ; et Destin, qui en exprime la nécessité ; etEternel Retour qui en exprime le caractère répétitif et éternel, à telle enseigne que Socrate, Platon et Aristoterevivront encore une infinité de fois, avec les mêmes amis et les mêmes contemporains, car le temps est l'image del'éternité !
Tout le rôle dévolu à l'homme, ce vivant raisonnable, est de ne pas contrarier ce qui est à la fois providence,destin, harmonie nécessaire, et donc de ne pas renâcler sous le harnais d'une fatalité qui réclame de lui sonconcours ; suivre la nature où tout contribue à l'harmonie, sauf les mouvements désordonnés de qui prétend lacontrarier.Il faut donc cultiver cette apathie qui est refus de la passion (en ce qu'elle est téméraire aventure égoïste) pourentrer en sympathie universelle.
Mettre en harmonie la vie de l'homme et celle du monde, c'est cultiver le sentimentde la nécessité comme sympathie universelle, car l'ordre du monde est distribué jusque dans chacune de sesparties.Méditer, c'est comprendre les raisons de l'harmonie universelle jusque dans ses aspects apparemment les plusrepoussants ou effrayants ; agir, c'est concourir à cette harmonie.Acquiesçant à sa nature en tant qu'elle exprime la nature universelle, le logos, le destin, l'homme acquiescesagement, au contraire du fol qui, suivant ses passions, vicie son jugement, rend malade son âme, et affecte soncorps ; ou qui, croyant remédier au désordre par une intervention intempestive, ne fait que l'aggraver.Car, en définitive, mieux vaut sauver sa vie en la perdant qu'espérer illusoirement la sauver par une activitéqu'inspire la passion.
Tout se passe comme si, au nom même d'une sympathie universelle, la prudence et l'apathievalent mieux que toute passion, par essence partielle et partisane.Point pourtant de règles abstraites ou de devoirs imposés par les lois, mais une conduite inspirée, selon la nature,par une sympathie universelle qui n'hésite pas pourtant à recourir à la «correction fraternelle», telle qu'en fait foicette anecdote malicieuse rapportée par Diogène Laërce :Son esclave volait, il lui donna le fouet.
L'autre lui dit : «c'est mon destin qui m'a poussé à voler».
— «Et à êtrebattu aussi», dit Zénon.
D'ailleurs, à y bien réfléchir, même dans le sens populaire de courage devant la souffrance que revêt l'adjectifstoïque, il y a quelque chose qui l'apparente au stoïcisme authentique pour qui, négliger la souffrance, c'est encoreet toujours acquiescer à la vie.
Prendre part, en quelque sorte, à la souffrance du monde au nom même de cettesympathie universelle à quoi finalement la mort nous amène et nous restitue pleinement, en ne nous séparant plusde rien.
Remarque.
Nous avons volontairement omis dans cette brève présentation du stoïcisme toute la richesse de salogique formelle et de sa rhétorique qui, redécouvertes aujourd'hui, offrent un immense intérêt pour quiconques'intéresse au langage, à la logique, et aux différences entre la logique et la dialectique de Platon et Aristote etcelle des stoïciens.
Quant aux thèmes de la sensation et même de la moralité, ils ne sont ici qu'esquissés à grandstraits..
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