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Chapitre 4 : La mobilité sociale Questionnement : Quels sont les caractéristiques et les facteurs de la mobilité sociale ?

Publié le 20/04/2024

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« Chapitre 4 : La mobilité sociale Questionnement : Quels sont les caractéristiques et les facteurs de la mobilité sociale ? Introduction. La mobilité sociale est à la fois une caractéristique et un enjeu démocratiques : dans chaque société qui déclare l’égalité des citoyens, ceux doivent sinon être assurés, du moins pouvoir croire en leurs chances d’une vie meilleure et surtout en ses chances de choisir sa destinée quel que soit son milieu d’origine. L’objectif ici est de comprendre non seulement comment on mesure la mobilité sociale, mais aussi les déterminants, pour savoir si, aujourd’hui, la mobilité est encore une réalité sociale. I.

Comment définir et mesurer la mobilité sociale ? A.

Les formes et la mesure de la mobilité sociale. La mobilité sociale telle que nous allons l’étudier dans ce chapitre doit être distinguée de la mobilité géographique : mobilité résidentielle (changement de résidence principal au sein d’un même pays, entre deux recensements), migrations (changement de pays de résidence), mobilité quotidienne (déplacements au cours d’une journée). La mobilité sociale elle renvoie à l’enjeu de la structure sociale : est-il possible de changer de statut social, de position dans la structure sociale ? Si cela est possible, alors nous vivons dans des sociétés démocratiques et développées qui ont tourné le dos aux sociétés d’Ancien Régime.

En effet, dès lors que les statuts sociaux ne sont pas attribués de manière prédéterminée, rigide et définitive, c’est-à-dire que la société n’est plus une société de castes ni d’ordres mais une société de classes, les conditions d'accès aux statuts sociaux permettent des changements, des déplacements (plus ou moins fréquents, plus ou moins longs, plus ou moins favorables) dans la structure sociale. La mobilité sociale peut cependant être appréhendée de deux manières, via la mobilité intragénérationnelle ou la mobilité intergénérationnelle. B.

Principes, intérêts et limites des tables de mobilité sociale. B.1.

Les tables de mobilité sociale La mobilité sociale intergénérationnelle est mesurée à l’aide de tables de mobilité sociale.

Il en existe deux, les tables de recrutement et les tables de destinée.

Elles correspondent à deux façons de mesurer un même phénomène. Soit on se demande « d’où viennent les actifs d’aujourd’hui ? » = que faisaient leurs parents ? ex : sur 100 cadres, combien avaient un père ouvrier ? = Table de recrutement Soit on se demande « que deviennent les enfants dont les parents étaient actifs ? » = que font les fils et filles de… ? ex : sur 100 enfants d’agriculteurs, combien sont aujourd’hui cadres ? = Table de destinée Ainsi de la table brute suivante, on peut en tirer des valeurs de recrutement : sur 285 000 fils agriculteurs, 252 000 avaient un père agriculteurs soit un taux d’autorecrutement de 88%.

Mais on peut aussi en tirer des valeurs de destinée : sur 2 998 000 fils d’ouvriers, 1 373 000 sont devenus aussi ouvriers, soit 46% d’hérédité sociale. B.2.

Les limites de la mesure de la mobilité sociale : La façon dont on mesure la mobilité sociale à l’aide des tables de mobilité sociale soulève de nombreuses critiques : - l’utilisation des PCS : le nombre de catégories sociales retenues (6) détermine le niveau de mobilité sociale : plus ce nombre est élevé, plus la mobilité sociale le sera également (si on retient la seule catégorie « ouvrier », un ouvrier qualifié fils d’ouvrier non qualifié est considéré comme immobile).

De plus les statuts sociaux au sein des PCS ont évolué (ex des professeurs et des employés dont le statut social s’est dégradé) et sont hétérogènes (ex des ouvriers non qualifiés – ouvriers qualifiés dans la même catégorie).

Ainsi un fils d’enseignants devenu lui-même enseignant, ou un fils d’ouvriers qualifiés devenu ouvrier non qualifié est considéré comme de l’immobilité sociale alors que cela peut être vécu ou considéré comme un déclassement.

C’est pour cela que les sociologues mesurent par des sondages la mobilité ressentie par les individus qui peut différer de la mobilité observée, - l’âge retenu : les tables considèrent qu’il n’y a plus de mobilité sociale après 40 ans or elle existe comme l’illustrent les cas nombreux de mobilité intragénérationnelle/professionnelle après 40 ans, 1 Chapitre 4 : La mobilité sociale Questionnement : Quels sont les caractéristiques et les facteurs de la mobilité sociale ? - le rôle des femmes est négligé : le rôle des mères dans l’origine sociale des fils n’est pas pris en compte (on ne tient compte que de la PCS du père à laquelle on compare la PCS occupée par le fils). C.

Mobilité structurelle et fluidité sociale. Le fait que les individus changent de position sociale de manière absolue (un ouvrier devient cadre et un employé devient profession intermédiaire) ne signifie pas qu’ils avaient les mêmes chances d’accéder à une même position sociale (chances relatives = mobilité relative ou fluidité sociale).

C’est la distinction entre mobilité observée et fluidité sociale. Exemple : si la part des fils d’ouvriers devant cadres passe de 15 à 30%, l’égalité des chances progresse-t-elle ? Pas forcément, cela dépend des chances des fils de cadre de devenir cadre.

Si elles passent de 25 à 75%, alors l’égalité des chances a diminué car les fils de cadres ont toujours plus de chances de devenir cadre que les fils d’ouvrier. Définition La fluidité sociale correspond à la situation dans laquelle l’origine sociale n’a pas d’influence sur la position sociale des individus.

On la mesure en comparant les chances relatives des individus d’accéder à une même position sociale quelque soit leur origine sociale.

Ainsi, si ces chances sont proches, la fluidité sociale est élevée et inversement.

Elle évalue la force du lien entre l’origine et la position sociale.

Une société fluide est une société où ce lien est faible voire nul (ce qui est utopique). Une société peut donc être plus mobile socialement, mais pas plus fluide. Si la mobilité totale (nette + structurelle) a fortement progressé depuis 1977 jusque 1993 – elle passe de 57% à 65%, elle stagne depuis.

Sa croissance est par ailleurs en partie due à la mobilité structurelle, qui est liée au fait que les emplois changent d’une génération à l’autre. La fluidité sociale, elle, a fortement progressé de 1977 à 1993.

Ainsi, on peut voir que les fils de cadre ont en 2003 27,6 fois plus de chances que les fils d’ouvrier de devenir cadre plutôt qu’ouvrier, alors que ce rapport était de 99,5 en 1985 ! Cet indicateur est un odds-ratio qui mesure les rapports de chances relative entre des personnes d’origines sociales différentes d’accéder à une position sociale plutôt qu’une autre. Cependant depuis 2003, ce rapport des chances relatives d’accéder à une position sociale plutôt qu’une autre, que l’on appelle un « odds-ratio », stagne voire diminue.

En 2015 comme en 2003, les fils de cadre ont 28 fois plus de chance que les fils d’ouvrier de devenir cadre plutôt qu’ouvrier. II.

Comment expliquer les caractéristiques de la mobilité sociale contemporaine A.

Les caractéristiques de la mobilité masculine. De l’analyse des tables de mobilité masculine, on peut en tirer les constats suivants : - dans l’ensemble, les hommes connaissent une plus forte mobilité sociale qu’immobilité : la mobilité observée dans les tables est de 65%.

2 fils sur 3 change donc de position sociale par rapport à son père. - L’immobilité sociale touche surtout les PCS extrêmes : les cadres et les ouvriers.

Les cadres ont une très forte hérédité sociale (sur 590 000 fils de cadres, 310 000 sont devenus cadres, soit plus de la moitié), les ouvriers ont un très fort autorecrutement (sur 2 365 000 ouvriers, 1 373 000 sont des fils d’ouvriers, soit plus de la moitié). Les agriculteurs ne sont concernés que par l’autorecrutement. - La mobilité sociale est plutôt ascendante et entre des PCS proches (mobilité de proximité) : quand ils changent de position sociale, les hommes suivent des trajectoires courtes et ascendantes : un fils d’ouvriers (2 2 Chapitre 4 : La mobilité sociale Questionnement : Quels sont les caractéristiques et les facteurs de la mobilité sociale ? 998 000) intègre plus généralement le groupe des professions intermédiaires (701 000) que celui des cadres (304 000). - Une partie significative de la mobilité sociale est aussi de la mobilité horizontale ainsi que descendante, i.e. entre des PCS de niveau hiérarchique équivalent (ouvriers et employés) ou plus faible : une part significative des fils de cadre connaît ainsi un déclassement. Pour les sociologues Camille Peugny et Louis Chauvel, le processus d’accroissement de la mobilité sociale, en particulier ascendante, s’est interrompue.

Pire, il laisse place à des trajectoires de déclassement social de plus en plus nombreuses, comme le laissent entendre de nombreux témoignages de jeunes qualifiés ne trouvant pas d’emplois conformes à leurs diplômes, de parents inquiets pour l’avenir professionnel de leurs enfants, ou les discours sur la baisse de valeur des diplômes. B.

Les caractéristiques de la mobilité féminine. La mobilité des femmes a longtemps été ignorée par les sociologues, en particulier du fait que majoritairement elles ne travaillaient pas et que leurs mères non plus,.... »

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