«CARACTÈRE» DE LA BRUYÈRE
Publié le 19/12/2021
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«
«CARACTÈRE» DE LA BRUYÈRE
Vous expliquerez, sous forme de commentaire composé, ce texte de la Bruyère:
Je connais Mopse d'une visite qu'il m'a rendue sans me connaître; il prie des
gens qu'il ne connaît point de le mener chez d'autres dont il n'est point connu; il
écrit à des femmes qu'il connaît de vue.
II s'insinue dans un cercle de
personnes respectables, et qui ne savent quel il est, et là, sans attendre qu'on
l'interroge, ni sans sentir qu'il interrompt, il parle, et souvent, et ridiculement.
Il entre une autre fois dans une assemblée, se place qu'il se trouve, sans nulle
attention aux autres, ni à soi-même; on l'ôte d'une place destinée à un ministre,
il s'assied à celle du duc et pair; il est là précisément celui dont la multitude rit,
et qui seul est grave et ne rit point.
Chassez un chien du fauteuil du roi, il
grimpe à la chaire du prédicateur; il regarde le monde indifféremment, sans
embarras, sans pudeur; il n'a pas, non plus que le sot, de quoi rougir.
Avec son personnage de « Mopse », La Bruyère veut nous montrer le ridicule du «
Fâcheux », cet être insupportable et ennuyeux qui se trouve partout et incommode les
gens tout en se rendant ridicule.
Où qu'il se trouve, il est che lui, et il évolue en maître là
où il devrait se considérer comme un intrus.
La Bruyère ne nous le décrit que par son
défaut le plus marquant, « le sans-gêne ».
Dès là première phrase il l'indique en spécifiant «sans me connaître».
Cette remarque
étonne, mais ne surprend pas outre mesure, car bien des événements peuvent nous
conduire à rendre visite à des personnes que l'on ne connaissait pas jusqu'alors.
Mais
bien vite, ce personnage va apparaître sous le ridicule qu'il a lui-même forgé.
« Il prie...
» il demande avec insistance à « des gens qu'il ne connaît point de le mener chez
d'autres dont il n'est pas connu ».
Tout l'inutile, le manque de bon sens de «Mopse» se
trouvent réunis dans cette phrase.
A quoi cela lui sert-il de courir à droite et à gauche
pour rendre visite à des gens «dont il n'est pas connu»? Au lieu de se rendre utile, il
importune.
Il va jusqu'à écrire à des femmes «qu'il connaît de vue».
Ainsi, malgré son
impolitesse, il va faire sa cour à des femmes qui ne lui ont jamais adressé la parole ni
peut-être accordé la moindre attention, et qui se moquent, sans nul doute, de ce ridicule
personnage qui fait le paon.
Le style est bref, haché.
Les points virgules qui séparent les
trois parties de cette phrase leur donnent à chacune une individualité.
Un lien pourtant
les rassemble, la répétition du verbe connaître et l'opposition entre le premier terme : «
je connais...
», et les autres expressions : « sans me connaître...
ne connaît point...,
n'est pas connu..., connaît de vue».
Cette présentation du personnage est originale,
vivante et concise ; on le voit évoluer, on le connaît sûr de lui, se trouvant bien partout,
sans politesse ni délicatesse.
On attend d'un tel homme les pires goujateries et
incorrections.
Son attitude ne va pas contrecarrer cette opinion,, mais au contraire elle
va l'ancrer plus profondément dans notre esprit.
La Bruyère va donner, à présent, des exemples concrets.
« Il s'insinue.» On le voit se
glisser, se faufiler au milieu de gens bien différents de lui, et avec qui il n'a rien à faire.
Et lui, qui joint au sans-gêne l'impolitesse, va s'introduire « dans un cercle de personnes
respectables », personnes de haut rang à qui l'on doit le respect, gens d'esprit et de
valeur « qui ne savent quel il est (aujourd'hui on emploierait qui et non quel).
Il est
véritablement l'intrus, l'indésirable.
Là encore, il n'est , pas connu, et il s'en moque.
Au
lieu de se conduire avec tact et bienséance, de ne pas se faire remarquer par ces gens
qui lui sont supérieurs, il va se montrer le plus odieux des convives.
«Et là» marque la
transition entre les deux parties de la phrase.
C'est à présent le compte rendu de son
attitude grossière qui s'oppose au terme « respectable ».
A son incorrection...
« sans
attendre qu'on l'interroge », il joint son orgueil, son manque de bon sens: « ni sans
sentir qu'il interrompt...» Il est l'étranger à tout ce qui n'est pas lui-même.
Il croit avoir
de l'esprit, une conversation et une compagnie agréables, « il parle, et souvent, et
ridiculement ».
La reprise du «et» devant les deux adverbes donne l'impression d'une
continuation.
Il parle sans arrêt, sans, se rendre compte qu'il ennuie et qu'il , est ridicule
: c'est un « fat »..
»
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