Buzzati (Dino)

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Ecrivain italien en dehors des courants de la littérature italienne où domine le réalisme, Dino Buzzati a acquis une réputation internationale qui repose essentiel­ lement sur un roman publié dans sa langue en 1940 et traduit en français en 1949, « Le Départ des Tartares ».

Il apporte à la littérature de l'absurde l'œuvre la plus insidieuse et la plus ambiguë, renouvelant un genre que l'exemple de Kafka a fait largement prospérer.

2.

Dino Buzzati est né au pied des Dolomites, à Belluno, en 1906.

La présence des montagnes qui formèrent le cadre de son enfance (heureuse, privilégiée, dit-il) continue à le hanter.

« J'en rêve toutes les nuits.

J'escalade et, en haut, à ma grande déception, je trouve une chambre, une maison.

Dès que je reviens à la montagne, ces rêves cessent.

" Buzzati se trouve « un peu nordique, sauvage, un hors-la-'loi .....

Journaliste au « Corriere della Sera ..

, il fait « les chiens écrasés ..

puis passe un an comme envoyé spécial en Ethiopie et sera correspondant de guerre sur un croiseur.

Buzzati estime que les exigences du bon journalisme («être aussi concis et précis que possible») sont les mêmes que celles de la littérature.

Buzzati habite Milan («ma patrie, ma toile de fond») et prétend n'avoir jamais vu la mer ou presque.

3.

Couramment défini comme un auteur appartenant à la littérature fantastique, Buzzati est venu à cette forme de fiction par le sentiment angoissant et déprimant du « quotidien ...

L'idée du « Désert des Tartares ..

lui est venue de la monotonie et du caractère astreignant de son travail de nuit au « Corriere della Sera ...

Le thème central de son œuvre c'est « le temps qui passe », le temps qui se défait, •l'attente épaisse et son corollaire, la mort.

Pour cela, il peint un univers clos, une sorte d'enfer minutieusement quotidien qui ressemble, mais dans la vie même, au « Huis clos ..

de Jean-Paul Sartre, un monde sans espoir, étouffant et redoutable, neutre et cotonneux.

4.

Le fantastique de Buzzati est d'une plausibilité irréfutable.

« Le fantastique ne m'intéresse que dans la mesure où il contient une idée humaine.

J'aime le fantastique mais je pense qu'il doit être représenté de la façon la plus réaliste possible .

., Buzzati écrit avec simplicité et précision.

Son fantastique s'impose au lecteur comme la réalité quotidienne apparue sous un éclairage tragique et burlesque.

De « Barnabo des Montagnes ..

(1933) à son dernier roman, plus réaliste, «Un Amour», en passant par les recueils de nouvelles comme « En ce Moment précis », les mêmes thèmes d'angoisse se retrouvent.

5.

Buzzati, qui est aussi dramaturge, a écrit une pièce remarquable, « Un Cas intéressant ..

, jouée au Piccolo Teatro de Milan en 1953.

Le même univers kafkaïen, la marche vers la mort (puis la résignation) d'un riche homme d'affaires soigné dans une étrange clinique ultramoderne verticale, où !'on descent de la santé à l'agonie, y dégagent une terrible angoisse.

Buzzati est également peintre.

Sa peinture, accordée à son écriture, rappelle parfois Giorgio di Chirico. 2 / 2. »