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boulangisme

Publié le 06/12/2021

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1   PRÉSENTATION

boulangisme, mouvement constituant l’une des principales facettes du courant nationaliste qui a traversé l’opinion publique française durant les années 1880-1914.

Accentuant la crise politique qui a déstabilisé la IIIe République des années 1880, le boulangisme a tenté de porter à la tête de l’État le général Georges Boulanger, entre 1887 et 1889.

2   LE PRÉALABLE À LA FLAMBÉE BOULANGISTE : UNE FORTE TENSION POLITIQUE

La crise économique qui touche le pays durant les années 1880 mécontente à la fois les mondes de la finance et de l’industrie, et les ouvriers. La tension qui en découle se complique d’un certain désordre politique ; monarchistes et catholiques s’opposent au nouveau régime ; radicaux et socialistes estiment que le programme social de la République est insuffisant ; enfin, puisant une de ses principales raisons d’être dans la défaite de 1871 contre l’Allemagne, un mouvement nationaliste antirépublicain et revanchard s’affirme.

La République peine donc à trouver son point d’équilibre, d’autant qu’aucune majorité ne sort des urnes ; après les élections de 1885, les républicains modérés doivent gouverner avec l’extrême gauche contre une droite solide. Conjuguée aux scandales qui ternissent l’image de l’État (comme l’affaire des décorations en 1887), cette situation favorise l’émergence, puis le renforcement, du courant d’opposition qui se cristallise autour du général Georges Boulanger (1837-1889).

3   UN MÉCONTENTEMENT TRÈS HÉTÉROCLITE

Fort d’une réputation acquise sur les champs de bataille d’Italie, de Kabylie, de Cochinchine, le général accède au ministère de la Guerre dans le gouvernement Freycinet (janvier 1886). La popularité de ce ministre très actif grimpe rapidement. Elle explose avec l’affaire Schnaebelé, un commissaire arrêté par les Allemands pour espionnage (avril 1887). À cette occasion, le général adopte en effet une position germanophobe et belliqueuse. Au yeux de l’opinion, celui qu’on surnomme le « brav’ général «, ou le « général Revanche «, incarne l’idéal intransigeant de la revanche contre l’Allemagne. Encombrant, voire dangereux pour la diplomatie française, Boulanger n’est pas rappelé au gouvernement après la chute de Freycinet (mai 1887). Sa nomination, en juillet 1887, comme commandant du 13e corps d’armée à Clermont-Ferrand suscite un immense rassemblement patriotique. À Lyon, la foule veut empêcher son départ pour Clermont-Ferrand, prouvant que son écartement de la vie politique n’a fait qu’accroître son crédit. Dans la foulée, une coalition hétéroclite, qu’on commence à dire « boulangiste «, se réunit. Elle compte des nationalistes antiparlementaires et revanchards ; des monarchistes qui voient dans le général le moyen de déstabiliser la République et de favoriser une restauration ; d’ex-communards de gauche désireux de voir laver l’affront militaire de 1871 ; des radicaux, enfin, qui apprécient son discours social.

Soucieux de désamorcer la crise, le gouvernement met le général à la retraite d’office, le 31 mars 1888.

4   L’ASCENSION ET L’ÉCHEC

Boulanger choisit alors d’entamer une carrière politique. « Dissolution, révision, constituante « — maxime d’un programme ternaire, flou, mais simple et percutant — trouve un fort écho auprès des mécontents qui soutiennent le général. Se présentant avec succès à plusieurs élections partielles, il devient dangereux aux yeux des républicains. Symboliquement, Boulanger décide alors de briguer un siège de député dans la Seine. « Mon épée inquiétait les républicains, déclare-t-il dans ses allocutions. Ils me l’ont retirée. Et les voilà plus inquiets qu’à l’époque où je la portais encore. « Le 27 janvier 1889, le général devient député de Paris. Il est dorénavant en position de force. Mais, alors que ses partisans descendus dans la rue attendent une marche sur l’Élysée, celui qui n’a jamais cessé de dire « Vive la République « à la fin de ses discours de campagne, préfère patienter jusqu’aux élections de l’automne.

Durant ce répit électoral, les républicains se ressaisissent et rétablissent le scrutin d’arrondissement ; de même, ils interdisent les candidatures multiples, qui ont permis à Boulanger de parfaire son triomphe politique, et font courir le bruit de l’arrestation prochaine du général. Le 1er avril 1889, paniqué, le militaire s’enfuit à Bruxelles. Le 30 août, la Haute Cour le condamne par contumace à la déportation. Georges Boulanger finit par se suicider, près de Bruxelles, le 30 septembre 1891.

5   LA NATURE ET LE LEGS DU BOULANGISME

Jusqu’à son échec, le boulangisme est très activement soutenu par les franges dures de la droite nationaliste (essentiellement la Ligue des patriotes, créée en 1882 par Paul Déroulède, et l’Intransigeant, journal dirigé par Henri Rochefort). Mais il fédère un mécontentement composite, voire confus dans son association contre-nature, puisqu’y cohabitent les extrêmes de l’échiquier politique français. On ne peut donc parler du boulangisme comme d’un courant idéologique en soi.

D’ailleurs, si le boulangisme a représenté une authentique menace pour la République, c’est principalement parce qu’il cristallise le désarroi d’une large partie de l’opinion en une période d’incertitude durant laquelle la République peine à se forger une identité forte. Quelle identité ? Précisément une identité capable de rassembler des opinions politiques divergentes (celles des électeurs comme celles des hommes politiques) autour d’un modèle commun de régime parlementaire. C’est probablement la raison pour laquelle les victoires électorales du général, l’impact des campagnes publicitaires représentant son effigie sur des assiettes, des pipes, des foulards, et même les chansons s’emparant de lui comme sujet, ont un retentissement si prompt et profond dans le pays. En effet, le boulangisme tire sa force de la représentation du général dans l’opinion : il apparaît d’abord comme un recours, un homme solide, capable de réconcilier et de renforcer la France et l’État.

Au-delà du charisme du personnage, il fallait aussi des points d’accroche politiques pour qu’ait lieu son ascension. Ses partisans se plaignent de la politique coloniale et des problèmes de corruption. Toutes tendances confondues, ils partagent un antiparlementarisme qui n’est pas forcément antirépublicain. Mais, avant tout, les boulangistes sont sensibles au caractère social et patriotique des discours du général. Dès lors, le mouvement s’affilie plus à une tradition d’extrême-gauche patriotique — ce dont témoigne en particulier ses soutiens parmi les ex-communards. Le boulangisme n’appartient donc pas à l’extrême droite dans laquelle les analyses trop hâtives peuvent le classer. Il transgresse les familles politiques. Discours simple et rassembleur, il met en avant des thèmes fédérateurs, chers à toutes les tendances politiques : la grandeur de la France, son unité spirituelle et morale, sa tradition sociale depuis le centenaire de la Révolution française.

C’est pourquoi, à terme, le legs du boulangisme pèse de façon ambivalente sur la vie politique française. D’une part, il constitue une partie du terreau sur lequel vont se développer les ligues d’extrême droite. À ce titre, il est une des sources du nationalisme français. D’autre part, après le sommet de la crise et par contrecoup, il participe, parmi d’autres éléments, au renforcement de l’identité républicaine : ainsi, en 1889, le prestige et la crédibilité de l’Exposition universelle redore le blason républicain et la fierté patriotique.

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