Blaise Cendrars

« Fantaisiste et impatient C endrars (1887-1961) a telle­ ment dit que l'homme d'action devait éclipser l'homme de lettres qu'il a fini par créer une légende.

Et pourtant il a écrit, beaucoup écrit, et il a laissé des poèmes et des romans porteurs d'une aventure inté­ rieure tout aussi forte que l'aven­ ture des voyages et de la bohème.

Évidemment, il avait de qui tenir.

Originaire de Suisse romande (La Chaux-de-Fonds), de son vrai nom Frédéric-Louis Sauser, Blaise Cendrars eut un père original, homme d'affaires et inventeur, touche-à-tout, « fantaisiste et impa­ tient», selon les propres paroles de son fils (Blaise Cendrars vous parle).

Il suivit ses parents partout où les activités -souvent aventureuses -de M.

Sauser père les menait : Paris, l'Égypte, l'Angleterre, la France à nouveau, et puis la Suisse.

A Naples, Blaise suivit la Scuola Internazio­ nale ; il lisait les livres que lui passait son père (Rimbaud plutôt que la comtesse de Ségur) et il avait déjà derrière lui une vie bien remplie de voyageur.

Presque naturellement, à quinze ans, pris de la « bougeotte » conta­ gieuse de son père, il quitta sa famille et son pays natal.

« Je suis parti vers l'est», dit-il dans Blaise Cendrars vous parle,« parce que le premier train à pas­ ser en gare m'a mené vers l'est.

» L'homme du voyage A rrivé en Allema­ gne, il se lia avec un certain Rogovine, marchand et trafiquant, avec qui il voyagea en Russie et en Asie, de 1903 à 1907, au cours d'aventures évoquées dans Prose du Transsi­ bérien (1913) : la fortune amassée BLAISE C ENDRARS Cendrars en 1918.

Portrait de Modigliani Bois gravé pour une édition des Pâques à New-York Cendrars vers 1925-1930 Blaise Cendrars a abordé deux genres · littéraires, bien distincts du moins dans le temps: la poésie de 1912 à 1929, puis le roman, qui lui valut sa célébrité et sa légende.

Cela dit, la poésie (poésie en prose ou prose poétique) est présente dans tout son œuvre.

« Je me place sous le signe de François Villon ...

la poésie est dans la rue.

Elle va bras-dessus, bras-dessous avec le rire.

» Cendrars VOUS parle.) 1 xxe ~Slf3CU~ P oète et romancier, Blaise Cendrars fut aussi un grand aventurier et un voyageur ; mais il n'a pas fait que parcourir le monde, car le voyage, pour lui, est aussi initiation et aventure intérieure.

grâce à des affaires douteuses, la di­ lapidation dans les lieux de plaisirs, les premières manifestations révolu­ tionnaires en Russie, le troc en Sibérie, la charge de la chaudière de l'hôtel des wagons-lits à Pékin.

De retour en Europe, Cendrars s'installa près de Meaux, se consacrant alors à l'apiculture.

Il fréquen­ tait les milieux anar­ chistes, il connut certains membres de la bande à Bonnot, puis finit par se lasser de cette vie sédentaire.

Il se ren­ dit alors à Bruxelles, puis à Londres, où il devint jongleur dans un music-hall où se produisait un jeune clown totalement inconnu, Charlie Chaplin.

En 1909, retour en Russie, d'où il passa en Amérique du Nord avant de rentrer à Anvers, pour y trouver un « emploi » plus stable, celui de convoyeur d'émigrants po­ lonais en partance pour les Etats­ Unis.

En 1912, il se trouvait à New York, chômeur comme de nombreux. »