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Ben Jonson

Publié le 09/12/2021

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Ben Jonson 1572-1637 N’eut-il été que le dramaturge, le poète, le prosateur, le pamphlétaire et le critique qu'il fut, Benjamin Jonson, dit Ben, ne se différencierait guère de bon nombre de ses contemporains, et un Middleton, un Massinger, un Fletcher ou quelque autre ferait peut-être aujourd'hui figure de "plus grand après Shakespeare". Mais il s'est trouvé que, dès le début de sa carrière littéraire, les pédants de tous ordres reconnaissant en lui un des leurs, ce très estimable auteur de quatre excellentes comédies a pu sans trop d'efforts usurper la place de confrères plus ou aussi méritants, et devenir non seulement le premier dictateur littéraire et le premier poète lauréat de l'Angleterre, mais aussi et surtout l'un des grands noms de la littérature universelle...

« Ben Jonson1572-1637 N'eut-il été que le dramaturge, le poète, le prosateur, le pamphlétaire et le critique qu'il fut, Benjamin Jonson, dit Ben, nese différencierait guère de bon nombre de ses contemporains, et un Middleton, un Massinger, un Fletcher ou quelque autreferait peut-être aujourd'hui figure de "plus grand après Shakespeare".

Mais il s'est trouvé que, dès le début de sa carrièrelittéraire, les pédants de tous ordres reconnaissant en lui un des leurs, ce très estimable auteur de quatre excellentescomédies a pu sans trop d'efforts usurper la place de confrères plus ou aussi méritants, et devenir non seulement lepremier dictateur littéraire et le premier poète lauréat de l'Angleterre, mais aussi et surtout l'un des grands noms de lalittérature universelle... Il avait, il le dit lui-même, une montagne pour ventre et, pour démarche, un disgracieux dandinement de l'arrière-train, etson portrait montre une face puissante, de vigoureuses mâchoires, des yeux enfoncés et durs, un cou de taureau toutcouturé, paraît-il, par le scorbut.

Voilà pour le physique...

Quant au moral, le poète écossais William Drummond, quihébergea pendant un mois Ben Jonson au cours du dernier voyage que fit celui-ci — à pied, de Londres en Écosse et vice-versa, promenant sa bedaine humaniste de manoir en manoir — a laissé sur un hôte vraisemblablement quelque peuéprouvant, des notes dépourvues de tendresse mais qui sonnent singulièrement juste.

"Ben Jonson, écrit Drummond, étaitgrand amoureux et louangeur de lui-même, plein de mépris et de dédain pour autrui, plus volontiers disposé à perdre unami qu'à renoncer à un jeu de mots, jaloux de tout ce qui se faisait ou se disait autour de lui (surtout après avoir bu duvin, lequel était l'élément ordinaire de sa vie)...

faisant peu de cas des qualités qu'il possédait et se vantant de celles qu'iln'avait pas...

ne trouvant rien de bon que ce que lui ou ses amis ou ses compatriotes avaient fait..." Cette masse de tripes en mouvement, ce rire outrecuidant et, au fond, amer, cette inégalité d'humeur portant aussi bien àl'hypocondrie qu'aux joyeusetés de taverne, tout cela vous a un petit côté Falstaff que vient encore accentuer ce parallèleétabli entre Ben Jonson et Shakespeare par un contemporain qui les voyait souvent discuter autour d'une bouteille à lataverne de la Sirène : "L'un est comme un grand galion espagnol et l'autre comme un vaisseau de guerre anglais : Jonsonétant le galion solide mais lourd dans ses évolutions, Shakespeare, le vaisseau anglais, plus léger, virant de bordsoudainement et profitant de tous les temps grâce à la vivacité de son esprit et de son imagination." Et, de fait, lefalstaffien Jonson avait beau tirer de puissantes bordées, au nom des trois unités et des classiques grecs, le dernier motrestait à son contradicteur qui, aux savantes théories, opposait le simple génie.

On trouve, du reste, comme un échoperfide de ces discussions dans le prologue de la seconde version d'Every man in his humour (A chacun sa manie), piècecréée au Globe, qui était le propre théâtre de Shakespeare.

"Notre poète, dit à peu près Jonson en parlant de lui-même,n'est pas de ceux qui consentent, pour être joués, à flatter les goûts du public dans ce qu'ils ont de plus hasardeux,ressuscitant par exemple, au moyen de trois épées rouillées et de quelques mots longs d'un demi-pied ou d'un pied, lesinnombrables querelles d'York et de Lancastre.

Et la pièce qu'il vous propose aujourd'hui est telle que devraient êtretoutes les autres..." Ce réactionnaire qui partait si hautainement en guerre contre les auteurs et les oeuvres de son temps, ce héraut duthéâtre de cabinet n'était pourtant pas un rat de bibliothèque.

Né probablement à Westminster, de neuf ans le cadet deShakespeare, il fait de bonnes études, mais qu'il doit interrompre, quand il est adolescent, au profit du métier de maçonqui était celui de son beau-père.

Assez vite dégoûté du plâtre et de la truelle, il part pour les Pays-Bas, guerroyer contreles Espagnols.

De retour à Londres, aux environs de 1592, il découvre que sa voie est au théâtre.

Comédien plus quemédiocre, il gagne surtout sa vie en se livrant à de menus travaux de nègre : collaborations obscures, rafistolage devieilles pièces.

Quelques années se passent ainsi, au bout desquelles, s'étant pris de querelle avec un de ses camaradesacteurs et l'ayant tué en duel, il est jeté en prison et, pour échapper à la pendaison et recouvrer sa liberté, abjure leprotestantisme et devient catholique romain.

Cette conversion, qui sera suivie douze ans plus tard d'un retour aussisincère à la foi de ses pères, porte bonheur à Ben Jonson.

Il connaît son premier succès d'auteur avec la première version(sans prologue, bien entendu !) d'Every man in his humour.

A ce moment-là, heureusement, toutes les positions sont déjàprises : Shakespeare, Beaumont, Dekker, Chapman tiennent le haut du pavé, et le style élisabéthain est créé.Heureusement pour le théâtre, car Ben Jonson, élisabéthain par la naissance, l'humeur, la truculence, est prêt à s'opposerde toutes ses forces, parce que tel est son goût et tel son tempérament, à la merveilleuse floraison dramatique de sontemps.

Et s'il ne réussit pas dans son oeuvre de stérilisation, ce n'est pas faute de s'y être employé de son mieux :Jonson, auteur comique, écrit dans le pur style de Plaute et de Térence, respectant les trois unités et mettant en scènedes caractères dans la tradition la plus classique ; Jonson, auteur tragique, ne traite que des sujets antiques — un Sedanet un Catilina qui n'auront, du reste, guère de succès. Mais on ne vit pas impunément au contact d'un Shakespeare, pas plus qu'on ne respire impunément l'air de la Londresélisabéthaine, et malgré Plaute et Sénèque, presque malgré lui-même, Ben Jonson finit par écrire les quatre oeuvres quipeuvent justifier la place qu'on lui a donnée : Volpone ou le renard, Epicène ou la femme silencieuse, l'Alchimiste et la Foirede la Saint-Barthélemy, des comédies de haut goût où l'esprit d'observation n'atteint certes pas à celui d'un Molière, maisqui sont toutes du meilleur théâtre.

Quant à ses autres pièces — la Nouvelle auberge, le Conte du tonneau, etc.

— elles nevalent pas grand-chose et il est permis de leur préférer n'importe lequel des "masques" composés pour le roi Jacques Ier... Un génie, Ben Jonson ? Non, certes pas.

Un écrivain de talent, oui, mais surtout un homme de lettres dans toutel'acception du mot, et il n'est pas sans signification qu'il ait été le premier auteur dramatique anglais à s'occuper lui-mêmede l'édition de ses oeuvres complètes.. »

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