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Belgique

Publié le 02/12/2021

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1PRÉSENTATION

Belgique, en néerlandais België et en allemand Belgien, pays d’Europe occidentale. Sa capitale est Bruxelles.

La Belgique est délimitée au nord par les Pays-Bas et la mer du Nord, à l’est par l’Allemagne et le Luxembourg et au sud par la France.

2MILIEU NATUREL
2.1Relief

D’une longueur de 282 km, du sud-est au nord-ouest, et d’une largeur d’environ 145 km, la Belgique est d’une superficie de 30 528 km². Elle a la forme d’un triangle. Bien qu’elle soit un pays de petite dimension, elle possède un relief diversifié. Au sud et au sud-est, la haute Belgique est constituée par la partie belge du massif des Ardennes. Celui-ci est limité au nord par le sillon houiller qui relie les bassins charbonniers du nord de la France à la Ruhr. Cette dépression est drainée par la Sambre et la Meuse. Au-delà, de l’Escaut au Limbourg, s’étagent les bas plateaux calcaires limoneux du Hainaut, du Brabant et du Cambrésis. À l’ouest de l’Escaut commence la basse Belgique, les pays flamands aux plaines argileuses et sablonneuses qui se terminent sur la côte par un cordon de dunes.

L’Ardenne est un vieux massif aux formes lourdes et aplanies, constitué de roches dures (grès, schiste) datant de l’ère primaire. Son relief se caractérise par de hauts plateaux entrecoupés de vallées profondes. D’une altitude moyenne de 460 m, ce massif est couvert de forêts que trouent les dépressions tourbeuses des Hautes-Fagnes où se trouve le point culminant de la Belgique, le signal de Botrange (694 m). C’est un pays rude et pauvre, peu peuplé, où les seules ressources ont longtemps été la culture du seigle puis de la pomme de terre.

Vers le sud, la Lorraine belge, qui appartient à l’ensemble géographique du Bassin parisien, est une région de cuestas où sont pratiqués l’élevage et l’exploitation du minerai de fer. Au nord, la limite des hauts plateaux ardennais est marquée par une dépression qui porte le nom de Famenne à l’est de la Meuse, et de Fagne à l’ouest.

Le sillon de la Sambre et de la Meuse, creusé dans des terrains carbonifères, est formé par une suite de bassins charbonniers, qui s’étendent dans le Borinage, de Charleroi à Liège, ainsi que de plateaux aux altitudes comprises entre 100 et 200 m. Il est prolongé en direction de l’ouest par la dépression de la Haine. Ce couloir, interrompu dans la région de Namur, reprend dans la vallée de la Vesdre. Au nord de la Vesdre, le pays de Herve est un plateau crayeux et argileux, caractérisé par un paysage de bocages. Cet axe hydrographique a permis le développement d’un véritable réseau de transports et a été à l’origine de l’essor industriel de la région.

La moyenne Belgique, en Hesbaye et en Hainaut, est recouverte d’un manteau de lœss qui donne à ces régions leur unité. La Flandre et la Campine forment la basse Belgique où l’altitude n’est jamais supérieure à 20 m, hormis quelques buttes et collines comme le mont Kemmel (151 m), le mont Saint-Aubert, le mont de l’Enclus. Les rivières y tracent leur cours à travers les alluvions des vallées. Le paysage est ici une résultante du travail de l’homme, la Flandre intérieure ayant été défrichée depuis des siècles. L’ensemble offre un paysage typique de bocage voué à des cultures variées. La Campine, quant à elle, est naturellement stérile : sableuse et caillouteuse, elle ne peut porter que des cultures peu exigeantes.

En bordure de la mer du Nord, la Flandre maritime est une étroite bande de terres sablonneuses qui n’est jamais large de plus de 20 km ; à l’abri des dunes, elle couvre pratiquement toute la côte jusqu’à Anvers et le pays de Waes.

La zone côtière est formée par des polders, protégés par des digues et conquis sur la mer entre les xiiie et xve siècles. L’intérieur des terres est occupé par des pâturages drainés par des canaux. L’altitude de la plaine côtière ne dépasse jamais 20 m. La côte rectiligne et plate est pauvre en sites portuaires abrités. Ostende et les autres ports toujours menacés d’ensablement ne subsistent que grâce à un drainage constant.

2.2Hydrographie

Le réseau hydrographique est dense, aux divers cours d’eau s’ajoutent de nombreux canaux. Les principaux fleuves sont l’Escaut (Schelde en flamand) et la Meuse (Maas). Tous deux prennent leur source en France et, d’une manière générale, sont navigables dans toute la Belgique : la Meuse, longue de 925 km et sujette à des crues de printemps, a un régime régulier qui la rend accessible à des chalands de 1 350 t sur tout son parcours belge. Elle se jette en mer du Nord sur le territoire néerlandais. Sur l’Escaut, la principale voie navigable de Belgique longue de 435 km, se trouvent les ports d’Anvers et de Gand. La marée remonte l’Escaut jusqu’à Gand, à 170 km de son embouchure.

Les principaux affluents de l’Escaut sont les rivières Lys d’une longueur de 214 km, Dendre, Senne (Zenne) et Rupel. La Sambre, reliée à l’Oise par un canal, et l’Ourthe sont les principaux affluents de la Meuse. En Flandre coule l’Yser qui prend sa source en France et est canalisé sur le territoire belge.

2.3Climat

La Belgique est exposée aux influences adoucissantes de l’Atlantique et des vents d’ouest. Le climat tempéré est doux et humide avec de faibles écarts thermiques. À l’intérieur des terres, à l’écart des influences maritimes modératrices, l’amplitude thermique augmente considérablement. Dans l’Ardenne, les étés chauds et pluvieux alternent avec des hivers froids et longs : on compte entre 100 et 120 jours de gel par an. Les fortes précipitations se limitent presque exclusivement aux régions d’altitude élevée et le long des côtes. Le brouillard et le crachin y sont fréquents, et avril et novembre sont des mois particulièrement pluvieux.

La température moyenne annuelle de la Belgique est de 8,3 °C. À Bruxelles, elle est de 10 °C ; la moyenne de janvier est de 2,2 °C, celle de juillet de 17,8 °C. Les précipitations moyennes annuelles pour l’ensemble du pays sont de 699 mm.

2.4Végétation et faune

L’abondance des précipitations et l’humidité du climat favorisent une végétation naturelle de feuillus, de landes et de prairies, mais les activités humaines contribuent à la modification de cette végétation. La faune est celle des pays européens de climat tempéré.

3POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1Caractéristiques démographiques

La Belgique compte 10,4 millions d'habitants en 2008, avec une croissance annuelle de 0,11 %. La densité de peuplement est une des plus élevées d’Europe, avec 343,6 habitants au km2. La population se concentre principalement autour du sillon Sambre-Meuse et autour d’un axe Anvers, Bruxelles, Charleroi. Les régions du Brabant et de Flandre-Orientale sont également très peuplées, au détriment du sud du pays.

En 2008, l’accroissement naturel est estimé à -0,02 %, avec un taux de mortalité de 10,4 ‰ et un taux de natalité de 10,2 ‰. L’indice de fécondité est peu élevé : 1,65 enfant par femme en 2008. La population comprend 16 % de moins de 15 ans contre 23 % de plus de 65 ans (2008). Le vieillissement de la population et l’espérance de vie (79 années) sont caractéristiques d’un pays industrialisé avec des infrastructures et des soins médicaux développés et modernes.

Les Flamands d’origine germanique et les Wallons d’origine celtique sont les deux groupes majoritaires au sein de la population. La distinction s’opère également d’un point de vue linguistique ; le premier groupe parle le néerlandais et des dialectes qui en sont issus, tandis que les Wallons parlent le français et des dialectes picards et wallons. La moitié nord de la Belgique correspond à la Flandre, la moitié sud à la Wallonie. À l’est, dans les cantons d’Eupen, Saint-Wirth et Malmedy, il existe une minorité germanophone. Environ 57 % de la population est néerlandophone, 32 % francophone, 9 % bilingue et 0,7 % germanophone. Une importante minorité immigrée représentant environ 10 % des habitants, essentiellement des Italiens, des Marocains et des Turcs, est implantée en Belgique.

3.2Divisions administratives et villes principales

La réforme constitutionnelle de 1993, entrée en vigueur le 1er janvier 1995, divise la Belgique en trois régions : la Région flamande qui comprend la province d’Anvers, le Brabant flamand, la Flandre-Occidentale, la Flandre-Orientale et le Limbourg ; la région de Bruxelles-Capitale et ses dix-neuf communes ; la Région wallonne, avec les provinces du Brabant wallon, du Hainaut, de Luxembourg, de Namur et de Liège. Les neuf provinces historiques subsistent, mais, le Brabant ayant été divisé en deux, elles sont aujourd’hui au nombre de dix. Les fusions des communes ont réduit leur nombre à 589 ; les cantons sont au nombre de 214 et les arrondissements, 43.

En 2005, le taux d’urbanisation était proche de 97 %. Les plus grandes concentrations urbaines sont situées dans les régions industrielles de Bruxelles (qui regroupe 10 % de la population belge), d’Anvers, de Liège et de Gand, ainsi qu’entre Mons et Charleroi. Au cours des années 1980 et 1990, la région du Limbourg a vu sa population augmenter en raison du développement industriel. Les principales villes du pays sont Bruxelles, la capitale politique et économique (145 917 habitants, 964 405 pour l’agglomération en 2007), Anvers et son centre portuaire (466 203 habitants), Gand, port fluvial et centre commercial (235 143 habitants), Charleroi et ses diverses activités industrielles (201 550 habitants), ainsi que Liège, au cœur d’un réseau de communications (188 907 habitants).

3.3Langues et religions

En 1963, une loi a établi trois langues officielles en Belgique : le néerlandais a été reconnu comme la langue officielle en Flandre, le français en Wallonie et l’allemand dans les cantons germanophones de la frontière orientale. Dans l’agglomération de Bruxelles, le français et le néerlandais sont tous deux officiellement reconnus. En 1971, une réforme de la Constitution a donné à ces trois communautés linguistiques une reconnaissance politique, une autonomie culturelle, et modifié également le statut linguistique et administratif de Bruxelles, une enclave bilingue en zone néerlandophone.

À la suite de l’établissement de la frontière linguistique, un système de protection des minorités a été instauré, avec la création de « communes à facilités «, comme par exemple Fourons. Néanmoins, le problème de la querelle linguistique est loin d’être résolu.

Environ 75 % de la population est catholique, mais cette proportion, ainsi que la fréquentation des églises, tend à baisser. La liberté de culte est garantie par la Constitution. Le protestantisme et le judaïsme sont pratiqués par moins de 1 % de la population.

3.4Éducation

En 2002–2003, les dépenses consacrées au budget de l’éducation représentaient 6,2 % du PNB. L’instruction est obligatoire et gratuite de 6 à 18 ans. Trois grands systèmes éducatifs coexistent depuis 1958 : l’enseignement laïque de l’État, l’enseignement laïque des provinces et des communes, l’enseignement confessionnel subventionné par l’État fédéral. Depuis 1963, les cours sont dispensés dans la langue de la région ; toutefois, à Bruxelles, c’est la langue natale des élèves qui prédomine.

Fondée en 1425, l’université catholique de Louvain est l’université belge la plus ancienne ; depuis 1970, elle est scindée en deux universités indépendantes, l’une francophone et l’autre néerlandophone. Les universités de Gand (néerlandophone) et de Liège (francophone) ont été fondées en 1817. En 1965, des universités publiques ont été créées dans les villes de Mons et d’Anvers. L’université libre de Bruxelles a été inaugurée en 1834 ; en 1970, elle a été partagée en deux institutions indépendantes, l’une néerlandophone, l’autre francophone. Des Académies royales des beaux-arts et des conservatoires royaux existent à Anvers, Bruxelles, Gand, Liège et Mons ; des instituts agricoles publics à Gand et à Gembloux-sur-Orneau.

Voir aussi enseignement en Belgique.

4INSTITUTIONS ET VIE POLITIQUE
4.1Organisation des pouvoirs

La Belgique est une monarchie constitutionnelle, représentative, héréditaire et parlementaire. La succession au trône est déterminée par primogéniture. La Constitution belge a été promulguée le 7 février 1831 et révisée en 1893, 1921, 1970, 1971, 1980, 1989 et 1993. Répondant à des tensions entre les régions francophones et néerlandophones, les réformes intervenues depuis 1970 ont transformé la Belgique en un État fédéral communautaire et régional à la fois. Depuis la révision constitutionnelle de 1993 (entrée en vigueur le 1er janvier 1995), la plupart des pouvoirs gouvernementaux essentiels appartiennent aux trois régions que sont la Région flamande, la Région wallonne et Bruxelles-Capitale.

4.1.1Pouvoir exécutif

Le pouvoir exécutif est dévolu au roi et à ses ministres ; c’est le souverain qui nomme le Premier ministre, les membres des cabinets ministériels et les juges. La personne du roi est inviolable, seuls les ministres sont responsables. Le monarque est le commandant en chef des armées et, avec l’approbation du Parlement, il a le pouvoir de déclarer la guerre et de conclure des traités. Aux termes de la Constitution, le roi a le droit notamment de convoquer et de dissoudre le Parlement, de conférer des titres de noblesse et d’accorder des grâces. Cependant, tous les décrets royaux doivent être contresignés par un ministre qui en assume la responsabilité devant le Parlement. Étant donné que les ministres sont responsables devant le Parlement, le souverain doit choisir un cabinet qui représente une majorité au Parlement. Les cabinets sont généralement des coalitions de plusieurs partis francophones et flamands.

4.1.2Pouvoir législatif

Le Parlement belge comprend deux Chambres : une Chambre haute, le Sénat et une Chambre basse, la Chambre des représentants, qui exercent collectivement le pouvoir législatif avec le roi. Le Sénat est composé de 71 membres, élus directement et indirectement, pour une durée de quatre ans. Parmi les sénateurs, 40 sont élus au suffrage universel à la représentation proportionnelle, 21 sont issus des Conseils des communautés et 10 sont cooptés par leurs pairs.

La Chambre des représentants, composée de 150 membres, est élue au suffrage universel proportionnel. Les deux Chambres jouissent des mêmes droits concernant le domaine législatif et les réformes constitutionnelles. Mais le Sénat s’occupe également des relations internationales et des différends entre les communautés, tandis que la Chambre des représentants doit contrôler le gouvernement et voter le budget.

Lors des élections législatives, chaque citoyen âgé de plus de dix-huit ans a l’obligation de voter ; à défaut, il peut être condamné à une amende.

4.1.3Pouvoir judiciaire

D’après la Constitution belge, la justice est indépendante et jouit des mêmes prérogatives que les pouvoirs exécutif et législatif. Les tribunaux supérieurs sont : les cinq cours d’appel, qui se trouvent à Anvers, Bruxelles, Gand, Liège et Mons ; les cinq conseils de prud’hommes ; la Cour suprême de justice. Une cour d’arbitrage a été créée en 1989 afin de résoudre les conflits d’ordre constitutionnel émanant du transfert de pouvoirs du gouvernement central aux autorités régionales.

Ce sont les cours d’assises qui soumettent les affaires aux cours d’appel, compétentes pour les affaires civiles et pénales. En cour d’assises, toutes les affaires sont jugées par douze jurés à la majorité des voix.

4.1.4Gouvernement local

Après trois révisions en vingt ans, l’édifice constitutionnel a abouti à la mise en place d’institutions communautaires et régionales. Chacune des trois communautés, flamande, française et germanophone, possède un Parlement, un Conseil et un gouvernement qui ont compétence en matière d’enseignement, de culture, de politique familiale et sociale, ainsi que pour les questions de santé et de législation sur les langues belges.

Chacune des trois régions belges est dotée également d’un Parlement et d’un gouvernement qui gèrent l’aménagement du territoire, l’environnement, l’agriculture, l’énergie, l’économie régionale, le commerce extérieur, l’emploi, le logement, les transports publics.

Les communes sont administrées par un conseil communal composé d’un bourgmestre, d’échevins et de conseillers. Le bourgmestre est nommé par le roi sur proposition du conseil communal. À tous les échelons, les pouvoirs locaux jouissent d’une grande autonomie, tradition qui remonte à l’époque féodale.

4.2Partis politiques

À partir de la fin du xixe siècle et dans la première moitié du xxe siècle, les partis politiques belges étaient unitaires, à savoir qu’ils réunissaient Flamands et Wallons au sein d’une même structure partisane, d’inspiration socialiste, chrétienne ou libérale. Les principaux d’entre eux étaient le Parti ouvrier belge (POB-BWP) qui a donné naissance au Parti socialiste belge (PSB-BSP) ; le parti catholique belge qui a donné naissance au Parti social chrétien (PSC-CVP) ; et le Parti libéral qui a donné naissance au Parti de la liberté et du progrès (PLP-PVV). Depuis les années 1960, ils se sont scindés en fonction de leur appartenance aux courants linguistiques.

Les principaux partis francophones, en Wallonie, sont : à gauche, le parti écologiste Ecolo et le Parti socialiste (PS) ; au centre, le Centre démocrate humaniste (CDH) ; à droite, le Mouvement réformateur (MR) ; et à l’extrême droite, le Front national (FN).

Les principaux partis néerlandophones, en Flandre, sont : à gauche, le parti écologiste Groen!, le Social progressiste alternatif (SP.A) et Spirit ; au centre, le parti Démocrate-chrétien et flamand (CD&V) et la Nouvelle alliance flamande (N-VA) ; à droite, les Libéraux et démocrates flamands (VLD) ; et à l’extrême droite le Vlaams Belang (VB).

Les partis germanophones sont des émanations des partis politiques wallons, à savoir le Parti socialiste (Sozialistiche Partei, SP), le Parti social chrétien (Christliche Soziale Partei, CSP) et le Parti pour la liberté et le progrès (Partei für Freiheit und Fortschritt, PFF), sauf le Parti des Belges germanophones (Partei der Deutschsprarigen Belgier, PJU-PDB).

4.3Défense nationale

Le budget de la défense représentait 1,3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2003. Le recrutement de l’armée est fondé sur le volontariat depuis la suppression du service militaire le 1er mars 1995. Elle compte 24 800 hommes dans l’armée de terre, 6 350 dans l’aviation et 2 450 dans la marine. La Belgique est membre fondateur de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), dont le siège se trouve à Bruxelles.

5ÉCONOMIE
5.1Généralités

Le produit intérieur brut (PIB) de la Belgique s’élevait en 2006 à 394 milliards de dollars.

Les difficultés que connaît l’économie belge au début des années 2000 s’inscrivent dans le ralentissement général de l’économie mondiale. La croissance faible (+ 0,7 % en 2002) est allée de pair avec un taux important du chômage qui atteignait 7,4 % de la population active en 2004. En outre, les régions souffrent d’inégalités face au chômage, puisqu’en Wallonie ce taux atteint près de 20 % tandis qu’en Flandre il est inférieur à 10 %. En 2002, le taux d’inflation a été ramené à 1,7 % après avoir atteint 2,3 % en 2001.

5.2Secteur primaire : agriculture, forêts et pêche

Seulement 2 % de la population active est employée dans le secteur primaire, qui ne représentait plus que 1 % du PIB en 2006.

L’agriculture est intensive et productive, elle couvre près de 80 % des besoins alimentaires de la Belgique, mais la balance agricole demeure déficitaire. Environ 65 % des exploitations agricoles sont des unités de moins de 10 ha et pratiquent une polyculture intensive. Près de la moitié (45 %) des surfaces arables sont consacrées aux cultures ou à l’élevage, et environ 3 % à l’horticulture.

Les principales productions sont le blé, la betterave à sucre, l’orge et la pomme de terre. Les fruits, les tomates et le lin comptent parmi les autres cultures d’importance. La production animale est prédominante : elle représente les deux tiers de la valeur ajoutée de l’agriculture. L’élevage, surtout bovin et porcin, et l’industrie laitière sont les secteurs les plus importants ; la Belgique assure presque la totalité de ses besoins en viande, et est entièrement autosuffisante en produits laitiers. En 2006, le cheptel bovin comptait 2,7 millions de têtes et le nombre de porcs atteignait 6,3 millions.

Les forêts couvrent 21,8 % de la superficie du territoire ; elles sont situées dans le massif ardennais. Le produit des coupes représentait 5 millions de m³ en 2006, cependant la Belgique reste un pays importateur de bois.

Le principal port de pêche est Ostende. La flottille belge exploite des zones de pêche de l’Atlantique, depuis la mer du Nord jusqu’à l’Islande, mais est essentiellement côtière. Le total des prises en 2005 a été de 24 071 tonnes.

5.3Secteur secondaire : mines et industrie

Environ 24,9 % de la population active travaille dans le secteur secondaire, qui représentait 24,3 % du PIB en 2006.

La Belgique est un pays d’industrialisation ancienne, qui a bâti son industrie sur la présence de gisements de houille, sur une situation géographique privilégiée et sur des infrastructures de transport très denses. La production industrielle, soutenue après la Seconde Guerre mondiale, a commencé à décroître dans les années 1960. La création de la Communauté économique européenne (voir Union européenne), en 1957, et la mise en œuvre par le gouvernement de programmes d’aide à l’investissement a alors entraîné un regain d’activité industrielle. Aujourd’hui, l’industrie est un secteur qui exporte.

5.3.1Exploitation minière et énergie

L’industrie sidérurgique occupe toujours une place importante, même si elle est en crise et si la production ne cesse de baisser. Historiquement, la houille est la principale ressource minérale de Belgique, mais les gisements faciles d’accès ont été en grande partie épuisés ou ne sont plus rentables, et la production a pratiquement été arrêtée à partir de 1984. En 2003, on a extrait des houillères 147 000 t de charbon. La crise des charbonnages et de la sidérurgie européenne a bouleversé l’équilibre des pôles économiques, la Flandre a supplanté une région wallonne enclavée à l’intérieur des terres, atteinte de plein fouet par le vieillissement de son économie. Toutes les mines des régions houillères de Wallonie situées aux environs de Mons, Charleroi, Liège et Namur ayant été fermées, le pays doit aujourd’hui importer de la houille. En octobre 1998, en prenant le contrôle de Cokerill-Sambre, le groupe français Usinor est devenu le premier groupe sidérurgique européen avant de continuer son développement sous le nom d’Arcelor à partir de 2001. La Belgique est aussi un des plus gros importateurs de pétrole brut et de gaz naturel.

La seule énergie produite sur le sol national est d’origine nucléaire. En 2003, la production d’énergie électrique a été de 78,8 milliards de kilowattheures, dont 57 % d’origine nucléaire. À la fin de l’année 2002, les députés belges ont voté une loi visant à une sortie du nucléaire à l’horizon 2015-2025, conformément au souhait des écologistes membres du gouvernement de coalition formé en 1999.

5.3.2Industries

L’une des caractéristiques de l’industrie belge est la petite taille de ses entreprises qui deviennent alors vulnérables à toute tentative de concentration ou d’absorption. L’industrie textile belge a été restructurée. À l’exception du lin, toutes les matières premières sont importées. Les centres de l’industrie textile sont Bruges, Bruxelles, Gand, Liège, Courtrai et Malines. Elle produit tissus naturels, laines, cotonnades et tissus synthétiques, rayonne et acétate. Bruxelles et Bruges sont réputées pour leur industrie de la dentelle, du linon et du damas.

Les métaux non ferreux, en provenance de la République démocratique du Congo, alimentent les industries chimique et métallurgique. Celle-ci produit essentiellement des machines, de l’acier et du matériel industriel.

Les autres secteurs industriels d’importance sont la construction navale à Anvers et la fabrication d’équipement ferroviaire, ainsi que les industries automobile, chimique et agroalimentaire. Anvers demeure l’un des plus gros fournisseurs mondiaux de diamants industriels taillés.

5.4Secteur tertiaire : services, finance et commerce

Environ 72,8 % de la population active travaille dans le secteur tertiaire, qui représentait 74,7 % du PIB en 2006.

5.4.1Secteur financier

Jusqu’à l’entrée en vigueur de la monnaie unique européenne, l’unité monétaire de la Belgique était le franc belge, divisé en cent centimes, émis par la Banque nationale de Belgique, fondée en 1850. Le 1er janvier 2002, l’euro est devenu la monnaie officielle de la Belgique, selon le taux de conversion suivant : 1 euro = 40,3399 francs belges. La face nationale de toutes les pièces en euros émises en Belgique est frappée à l’effigie du roi Albert II.

5.4.2Commerce extérieur

Le commerce extérieur de la Belgique et celui du Luxembourg sont gérés conjointement depuis que les deux pays ont formé l’Union économique belgo-luxembourgeoise (UEBL) en 1921 ; jusqu’en 1990, un double régime des taux de change existait entre les deux pays. Une union douanière créée en 1948 entre la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas a évolué pour devenir en 1958 un accord d’intégration économique totale, le Benelux. L’Union économique du Benelux, entrée en vigueur en 1960, a institué entre les trois États la libre circulation de la main-d’œuvre, des capitaux et des services. Parallèlement, la Belgique est devenue membre de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1951 et, en 1957, elle a adhéré à la fois à la Communauté économique européenne (aujourd’hui Union européenne) et à la Communauté européenne de l’énergie atomique.

Les principales importations belges concernent les matières premières transformables ou non, l’énergie, les produits finis et semi-finis (combustibles, minerais, machines et équipement électrique, produits alimentaires, etc.) et représentaient une valeur totale de 235 366 millions de dollars pour l’année 2003. Les exportations, composées essentiellement de produits sidérurgiques, de textiles, de produits chimiques, de machines et d’équipement de transport, de denrées alimentaires, de bétail et de diamants taillés, s’élevaient au total à près de 255 301 millions de dollars. L’Allemagne, la France, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et les États-Unis sont les principaux partenaires commerciaux de la Belgique.

5.4.3Transports

La circulation des biens a toujours été l’un des moteurs de l’économie belge. Les principales voies d’accès à la mer sont constituées par les estuaires de l’Escaut et de la Meuse, qui se trouvent aux Pays-Bas. Bien que située à plus de 80 km de la mer, Anvers, sur l’Escaut, est le deuxième port d’Europe et doit bénéficier de projets d’agrandissement. Les fleuves de Belgique sont reliés par un réseau très dense de canaux. La longueur totale des canaux et des cours d’eau navigable représente environ 1 600 km.

Outre les voies navigables, la Belgique possède 150 567 km de routes et 3 542 km de voies ferrées. Le réseau de chemin de fer belge, qui appartient à l’État et non pas aux régions, est le plus dense du monde. Bruxelles, la capitale, est un nœud ferroviaire du Thalys (un train à grande vitesse), entre Paris, Ostende, Amsterdam et Cologne.

En ce qui concerne le transport aérien, la faillite de la compagnie nationale Sabena en novembre 2001, dans le sillage de Swissair, a constitué un véritable traumatisme en Belgique.

6HISTOIRE
6.1Les premiers peuplements
6.1.1Des Romains aux Mérovingiens

La Belgique doit son nom aux Belgae, des peuples celtes qui s’installent sur le territoire entre le ive et le iie siècle av. J.-C. Dans un premier temps, ils opposent une farouche résistance à l’occupation romaine, en particulier lors de la bataille de Solesmes (57 av. J.-C.). En 54 av. J.-C., ils se rebellent, mais sont finalement soumis trois ans plus tard par Jules César. Sur le territoire de la Belgique actuelle, la Belgica, qui s’étend du nord de la France aux Pays-Bas et à une partie de la Suisse, les Romains créent trois provinces : au nord, la Germanie Seconde, à l’est, la Belgique Première et à l’ouest, la Belgique Seconde. À cette époque, l’agriculture et le commerce se développent, de nombreuses routes sont construites ; Tournai (Turnacum) et Tongres (Aduatuca) deviennent de véritables centres urbains.

Au ive siècle, des tribus germaniques, les Francs Saliens, occupent les bouches de l’Escaut, la région de la Meuse et les bords du Rhin. Alliés à Rome, ils profitent des invasions des peuples barbares (Suèves, Vandales et Alains) pour s’emparer de Tournai, qui devient leur capitale, et pour pénétrer en Gaule. La domination franque des Mérovingiens succède à celle de Rome en Europe occidentale. Dès cette période, le particularisme entre le Nord et le Sud se dessine : au nord, les Francs fondent ce qui va devenir la Flandre ; au sud et au sud-est, ces mêmes Francs se fondent dans l’élément gallo-romain, numériquement plus important, et donnent naissance à la Wallonie. Depuis cette époque, la frontière linguistique entre les deux communautés, suivant une ligne est-ouest reliant Visé à Mouscron, en passant par le sud de Bruxelles, n’a pas varié.

L’évangélisation commencée du temps de l’Empire romain se poursuit. Les moines donnent une impulsion majeure aux défrichements (les Kempen du Brabant) et les forêts des Ardennes abritent des centres monastiques comme Saint-Hubert ou Stavelot, fondé par Sigebert, roi d’Austrasie.

6.1.2L’Empire carolingien et les invasions vikings

Rattachées à l’Empire carolingien par Charlemagne, les régions belges sont démembrées lors de la partition du royaume franc avec le traité de Verdun en 843. La Francia occidentalis de Charles le Chauve (qui va devenir la France) reçoit la Flandre germanique tandis que les régions wallonnes sont intégrées à la Lotharingie germanique (futur Saint Empire romain germanique). Ce premier partage est suivi de deux autres traités : celui de Meerssen en 870 et celui de Ribemont en 880.

Parcourue de voies d’eau facilement navigables, la Belgique subit dès cette époque les assauts des Vikings. Moitié marchands, moitié pillards avec leurs drakkars de très faible tirant d’eau, ils remontent les cours d’eau et mettent à sac le territoire belge, ainsi que le nord de la France. Ils ne sont définitivement repoussés qu’en août 891 par Arnulf de Carinthie. À la même époque, à l’extrême ouest, naît le comté de Flandre, qui se place dans la mouvance française.

6.2L’essor médiéval
6.2.1Vers l’unité

Avant même l’an 1000 se profile cette expansion démographique et économique qui dure jusque vers 1350 en Flandre et en Wallonie. Sur le plan politique, les principautés indépendantes et les seigneuries se multiplient au ixe et xe siècles. La Lotharingie est divisée entre la Haute-Lotharingie (ou Lorraine) et la Basse-Lotharingie (ou Lothier). Au comté de Flandre s’ajoutent le comté de Hainaut, de Namur et de Luxembourg, ainsi que les duchés du Brabant et de Limbourg, la seigneurie de Malines et la principauté de Stavelot. L’évêché de Liège est une principauté indépendante. L’unification de ces territoires est réalisée avec les comtes de Flandre ; en particulier grâce à l’action de Philippe d’Alsace (1168 à 1191), qui institue un véritable État. Cette période marque l’apogée de la Flandre, qui cherche à se démarquer de la France (bataille de Bouvines en 1214), étend ses territoires et participe activement aux croisades.

6.2.2Les communes

À partir du xiie siècle, l’essor économique des villes conduit, comme en Italie, à la formation de communes. Les privilèges et franchises des cités marchandes (Bruges a le monopole de la laine, Gand celui du blé, Damme celui du commerce du vin et du sel avec toute l’Europe du Nord) principalement économiques se transforment en franchises politiques. Liège et les cités flamandes revendiquent les libertés politiques et les villes de Flandre deviennent des États. L’essor communal repose sur le développement du commerce et de l’industrie qui vont engendrer une nouvelle classe sociale, la bourgeoisie urbaine. La richesse de cette civilisation marchande, qui donne naissance à une culture flamande autonome, est de nature à exciter bien des convoitises, notamment celles des rois de France.

Ainsi, Philippe IV le Bel tente d’annexer la Flandre lors de la bataille des Éperons d’or en 1302, mais les populations résistent. Par le pacte de 1339, les pays de Flandre, de Brabant-Limbourg et de Hainaut sont réunis. Régulièrement, la France continue à intervenir sans pour autant arriver à ses fins. La Flandre demeure indépendante pendant la guerre de Cent Ans, mais sa destinée est désormais liée à celle de la Bourgogne.

6.2.3L’hégémonie bourguignonne

En effet, le dernier comte de Flandre, Louis le Mâle, a donné sa fille Marguerite en mariage au duc de Bourgogne, Philippe le Hardi. À sa mort, en 1384, la Flandre est alors rattachée à la Bourgogne, donnant naissance aux Pays-Bas bourguignons qui vont se dresser contre la France au milieu du xve siècle. Une politique patrimoniale habile permet au duché de fonder un État puissant avec ses propres institutions, situé entre la France et l’Allemagne. En 1435, le traité d’Arras met fin au conflit franco-bourguignon. Le duc Philippe le Bon poursuit la politique d’expansion de ses prédécesseurs : il annexe le comté de Namur (1421), le duché de Brabant-Limbourg (1430), puis les comtés de Hainaut, de Zélande, de Hollande, de Fride, le duché de Luxembourg (1441), et la principauté de Liège (1456). Le xve siècle est également marqué par l’épanouissement de la culture et des arts (voir primitifs flamands). Cet essor est cependant interrompu par la mort, en 1477, du dernier souverain bourguignon, Charles le Téméraire.

6.3La Belgique des Habsbourg
6.3.1Les Habsbourg d’Espagne

Par son mariage avec Maximilien de Habsbourg en 1477, Marie de Bourgogne, héritière de Charles le Téméraire, fait passer les territoires de l’actuelle Belgique aux mains des Habsbourg. À la même date, elle accorde l’autonomie aux provinces flamandes par la charte du Grand Privilège.

Élu empereur en 1493, Maximilien Ier marie son fils, Philippe le Beau, à Jeanne la Folle, la fille des Rois catholiques espagnols. De cette union naît à Gand, le 24 février 1500, un héritier mâle : Charles. En 1506, Charles monte sur le trône d’Espagne ; en 1516, il devient empereur romain germanique, sous le nom de Charles Quint et se trouve à la tête d’un formidable empire encerclant la France. En novembre 1549, il décrète l’union définitive des dix-sept provinces des Pays-Bas bourguignons aux possessions d’Espagne. À ces provinces dotées de conseils, Charles Quint annexe Tournai, Utrecht, Overijssel, Groningue, Drenthe, la Gueldre et Zutphen. Son règne se caractérise par l’essor des centres urbains, en particulier celui du port d’Anvers qui favorise le développement industriel et financier de la ville. Cependant, entre 1539 et 1540, Charles Quint doit faire face à la révolte de Gand, à laquelle il impose une sévère répression.

6.3.2La crise de la Réforme et de la Contre-Réforme

Ayant abdiqué en 1555, Charles Quint laisse à son successeur Philippe II d’Espagne les dix-sept provinces. Espagnol, éduqué loin des Flandres, il ne parle aucune des langues nationales des provinces belges. Catholique intolérant, il s’aliène la population par son intransigeance religieuse et par sa politique de centralisation absolutiste qui heurte la noblesse. Face à l’essor de la Réforme protestante, Philippe II impose l’Inquisition et la Contre-Réforme.

6.3.3De la révolte à la division des Pays-Bas

La révolte des Pays-Bas débute en 1566. Le duc d’Albe, nommé gouverneur général, est chargé de réprimer l’insurrection. Il instaure des « conseils des Troubles « qui se révèlent être de véritables tribunaux d’exception. Les comtes d’Egmont et de Hornes sont exécutés, Guillaume d’Orange doit s’enfuir, et des milliers de Flamands s’exilent. La guerre civile s’étend. En novembre 1576, la ville d’Anvers est le lieu de pillages et de massacres, qui prennent le nom de Furie espagnole. Au même moment, un accord sur la pacification de Gand est conclu, mais il reste sans suite. La lutte contre les rebelles continue avec la nomination d’un nouveau régent, Alexandre Farnèse.

Le conflit évolue en 1579 avec la dislocation des dix-sept Provinces-Unies. En effet, le 6 janvier 1579, l’union d’Arras est signée, elle regroupe les provinces catholiques du Sud — correspondant à l’actuelle Belgique — fidèles à l’Espagne. Le 23 janvier, sept provinces du Nord, à majorité protestante, la Gueldre, la Frise, la Hollande, Groningue, l’Overijssel, Utrecht et la Zélande, déclarent à leur tour leur indépendance, en formant les Provinces-Unies des Pays-Bas, au sein de l’union d’Utrecht.

6.3.4Les Provinces-Unies

Philippe II continue sa politique et tente de reconquérir les provinces perdues. En 1609, alors que les deux camps sont épuisés, Philippe III d’Espagne signe une trêve de douze ans avec les rebelles et reconnaît l’indépendance des Provinces-Unies. Entre-temps, la guerre de Trente Ans (1618-1648) éclate. Les Provinces-Unies ont trouvé un puissant allié pour s’opposer à la politique espagnole en la personne des rois de France. En 1635, les Hollandais et les Français unissent leurs forces pour démembrer les Pays-Bas espagnols, mais ils ne parviennent pas à en déloger les Espagnols.

Finalement, les victoires françaises et hollandaises forcent le roi d’Espagne, Philippe IV, à accepter de signer une paix séparée avec les Hollandais en 1648. Le Sud, constitué par la Belgique et le Luxembourg actuels, reste sous domination espagnole. Le traité de Münster qui, avec les autres traités de Westphalie, met fin à la guerre de Trente Ans donne Maastricht aux Hollandais, et l’Espagne accepte la fermeture de l’Escaut. Traversant le territoire hollandais, le fleuve a toujours été la seule voie d’accès à la mer du port d’Anvers. La grande cité portuaire et commerciale entre alors dans une phase de déclin.

6.3.5Les tentatives d’annexion françaises

Les traités ne mettent pas fin à la guerre entre la France et l’Espagne. Durant tout son long règne, le roi Louis XIV de France refuse d’abandonner ses visées sur cette région. Pendant vingt et un ans, les Pays-Bas espagnols sont un champ de bataille, ce qui achève de ruiner le pays. La paix des Pyrénées, en 1659, donne à la France l’Artois, ainsi que plusieurs places fortes et régions frontalières en Hainaut, en Flandre et au Luxembourg. La guerre de Dévolution (1667-1668) est une guerre de conquête, mais, lors du traité d’Aix-la-Chapelle, Louis XIV doit se contenter de quelques places militaires aux frontières du Nord. L’hégémonie française inquiète les puissances européennes. La guerre de la ligue d’Augsbourg (1686-1697) ne contribue pas à calmer les ambitions françaises. Les Pays-Bas espagnols sont à nouveau le but de la guerre de Succession d’Espagne.

6.3.6Les Habsbourg d’Autriche

La paix d’Utrecht, ensemble de traités signés entre 1713 et 1715, symbolise la fin du conflit et donne à la France une partie de la Flandre, ainsi que Dunkerque et Lille. Cependant, la majorité du territoire est cédée à l’Autriche, sous l’autorité de l’empereur germanique Charles VI et, conformément au traité de la Barrière de 1715, des garnisons hollandaises de sûreté occupent les forteresses situées aux frontières de la France. Le territoire de la Belgique est alors composé des duchés de Luxembourg, de Gueldre, de Brabant, de Limbourg, des comtés de Hainaut et de Flandre, du marquisat de Namur et des villes de Tournai et de Malines.

La guerre de Succession d’Autriche, qui débute en 1740, déclenche une fois de plus l’invasion et l’occupation du pays par la France, mais, en 1748, le traité d’Aix-la-Chapelle rend le pays à l’Autriche. Hormis cette invasion, les débuts de la souveraineté autrichienne sur la Belgique sont paisibles. Sous les règnes de Marie-Thérèse et de son fils, Joseph II, tous deux despotes éclairés, la philosophie des Lumières occupe une grande place. De nombreuses réformes sont entreprises, en particulier dans le domaine judiciaire ; en 1781 est promulgué un édit de tolérance religieuse.

Cependant, la paix civile prend fin en 1781, quand l’empereur Joseph II décide de raser les forteresses frontalières et de rouvrir l’estuaire de l’Escaut. Les Hollandais interdisent à nouveau le fleuve au commerce. Par la suite, en 1787, engagé dans une réforme profonde des domaines impériaux des Habsbourg, le souverain décide l’abolition de l’autonomie provinciale dont jouissent les Pays-Bas autrichiens. Aux conseils provinciaux est substitué un Conseil du gouvernement général, et le pays est divisé en neuf cercles, sous l’autorité d’intendants. Les anciens corps politiques, mécontents de la disparition de leurs prérogatives, forment des partis patriotes. Le refus de tout compromis par Joseph II provoque un soulèvement général, qui coïncide avec le début de la Révolution française.

6.4Révoltes et occupations étrangères
6.4.1Des États belgiques unis au royaume de Belgique

La révolte brabançonne éclate en 1789. La plupart des garnisons autrichiennes sont contraintes de capituler et, le 10 janvier 1790, une république confédérée, les États belgiques unis, est proclamée. Mais les Belges se divisent sur la question sociale et sur les privilèges. Un an après la mort de Joseph II, en 1790, son successeur Léopold II rétablit l’ordre et ses droits, à la suite de la bataille de Falmagne.

Mais, la déclaration de guerre en mars 1792 par le ministère girondin de Louis XVI entraîne l’Autriche de François II dans la tourmente des conflits de la Révolution et des guerres révolutionnaires. Victorieuse à Jemmapes en novembre 1792, puis défaite à la bataille de Neerwinden en mars 1793, l’armée française remporte finalement la bataille de Fleurus, le 26 juin 1794. La Belgique revient officiellement à la France, en vertu du traité de Campoformio, en 1797.

6.4.2La période française

D’une façon générale, le régime installé par les Français, s’il a ses partisans, est impopulaire ; malgré cela, la Belgique tire profit de la domination française. Le territoire est remodelé, sa superficie accrue par l’intégration de la principauté-évêché de Liège, l’Ancien Régime aboli ; mais les tentatives d’établir la conscription en 1798 déclenchent une révolte armée, la guerre des Paysans.

Le Premier consul Bonaparte ramène le calme, puis intègre la Belgique à l’Empire français où elle forme neuf départements. Les Belges tirent aussi des avantages économiques de la prépondérance française. L’Escaut est rouvert à la navigation, ce qui permet à Anvers de redevenir un grand centre commercial, au grand dam du Royaume-Uni qui n’accepte pas de voir une puissance ennemie contrôler la voie commerciale par où arrivent le fer et le bois nécessaires à ses industries. L’industrialisation de la Belgique est favorisée par des capitaines d’industrie comme John Cockerill et Liévin Bauwens. Des réformes judiciaires et l’introduction du Code civil (voir Code Napoléon) sont également des apports français.

En mars 1815, le pays est occupé par les armées de la coalition des puissances européennes ayant participé au congrès de Vienne (Russie, Autriche, Prusse, Royaume-Uni). Le 18 juin 1815, Napoléon Ier y livre la bataille de Waterloo, la dernière grande bataille des guerres napoléoniennes où les Belges combattent tant du côté français que du côté des puissances coalisées.

6.4.3La période hollandaise et la Révolution belge

Du congrès de Vienne, en 1815, émergent une nouvelle Europe et l’union des provinces belges et hollandaises au sein d’un nouveau royaume de Belgique et des Pays-Bas, qui est confié à un roi hollandais, Guillaume Ier d’Orange. Cependant, la complémentarité économique des deux régions ne peut venir à bout des clivages religieux, sociaux et politiques entre un Nord néerlandophone, protestant et plutôt conservateur, et un Sud catholique, progressiste, francophone et gagné aux idées de la Révolution française. La Belgique catholique ne veut pas d’un souverain protestant, ni du néerlandais comme langue officielle.

Après la formation d’une première coalition d’opposants en 1828, l’annonce d’une révolution en France, en juillet 1830, cristallise les oppositions. La Révolution belge débute le 25 août 1830. Le 27 septembre, les troupes hollandaises sont chassées de Bruxelles, et le 4 octobre, un gouvernement provisoire, composé de catholiques et de libéraux, proclame l’indépendance de la Belgique. Les grandes puissances (l’Autriche, la France, le Royaume-Uni, la Prusse et la Russie) reconnaissent l’indépendance de la Belgique, malgré l’opposition de la Hollande à la conférence de Londres, le 4 novembre 1830.

6.5Indépendance et neutralité
6.5.1Le nouvel État

Les Belges élaborent une Constitution, et Léopold Ier de Saxe-Cobourg-Gotha est choisi comme souverain. Le 21 juillet 1831, il prête serment sur la Constitution qui a été instituée en février de la même année. En outre, un protocole élaboré le 20 janvier 1831 considère la Belgique comme un « État indépendant et perpétuellement neutre «.

Cependant, les Hollandais attaquent le jeune royaume lors de la campagne des Dix Jours, en août 1831, mais doivent se retirer après l’intervention de l’armée française. La lutte se poursuit encore sept ans jusqu’à la signature d’un traité définitif à Londres, le 19 avril 1839. La Belgique y gagne une partie du Luxembourg mais perd une partie du Limbourg attribuée aux Pays-Bas. Prince allemand et britannique par ses origines familiales, Léopold Ier est un monarque attentif, à l’écoute de ses ministres ; son habileté politique lui permet d’avoir une autorité considérable dans son pays.

Sur le plan politique, l’alliance entre les catholiques (voir parti catholique belge) et les libéraux, l’Unionisme, perdure pendant la première moitié du xixe siècle. La lutte traditionnelle entre les partis reprend le dessus dès 1840 et, en 1847, les libéraux (le Parti libéral a été fondé en 1846) remportent les élections.

Le déclin économique qui résulte de la séparation des marchés hollandais et belge est de brève durée. La construction, à partir de 1834, d’un réseau ferré (qui relie les principales villes dès 1840) facilite la mise en valeur des industries houillères et de la métallurgie wallonne, ce qui permet à la Belgique de devenir le pays le plus industrialisé d’Europe continentale. En outre, l’agriculture demeure compétitive et les secteurs bancaire et financier sont en pleine expansion. Malgré une première crise économique en 1845, qui entraîne un phénomène de paupérisation de la société, le libre-échangisme est dominant entre les différents pays d’Europe.

6.5.2Les crises politiques

Sous Léopold II, la Belgique est confrontée à de nombreuses crises politiques. Trois problèmes fondamentaux dominent la vie politique : l’enseignement, le système électoral et la question linguistique. Les libéraux préconisent le monopole de l’État sur l’enseignement, à l’encontre des catholiques, partisans de la liberté d’enseignement. La loi de 1842, qui accorde au clergé le contrôle de l’enseignement primaire, est abrogée en 1879 par la loi Van Humbeek, défendue par le ministre anticlérical Frère-Orban. La crise ouverte amène la rupture des relations diplomatiques avec le Saint-Siège. La pleine liberté de l’enseignement est rétablie en 1884, sous le gouvernement Malou, et l’enseignement religieux est à nouveau imposé dans les écoles publiques à partir de 1895.

Les deux camps s’affrontent aussi sur la question électorale. Dès 1848, les libéraux obtiennent l’abaissement du cens électoral, mais, en 1870, il n’y a encore que 100 000 électeurs sur une population de 6 millions d’habitants. La situation ne se débloque qu’après une campagne de pétitions et de grèves organisées en 1893 par le Parti ouvrier belge (POB-BWP) nouvellement créé. Le ministère catholique doit accepter l’adoption du système du vote plural : selon la loi Nyssens, le principe du suffrage universel est acquis pour tous les Belges âgés de vingt-cinq ans et domiciliés en Belgique depuis plus d’un an, mais certaines catégories professionnelles bénéficient d’une voix de plus, comme les grands propriétaires et certains hauts fonctionnaires. En 1899, le système de la représentation proportionnelle est institué, avant l’établissement du suffrage universel simple en 1919.

La querelle linguistique se pose dès 1840, la Constitution ne prévoyant qu’une langue officielle : le français. Par étapes successives, les défenseurs du néerlandais imposent l’introduction de cette langue dans la vie officielle du pays. En 1879, elle est introduite dans les tribunaux, puis, en 1894, la loi De Vriendt-Coremans lui donne rang de langue officielle avec le français.

Vers 1880, l’industrialisation et la densité de la population ont créé dans les villes de Belgique des conditions de vie épouvantables. À cela s’ajoutent une crise économique caractérisée par une surproduction industrielle, une réduction du pouvoir d’achat et une augmentation du chômage. Les premières revendications sociales sont le fait de militants socialistes, travailleurs gantois et wallons, ainsi que de syndicats et coopératives mutualistes. Sous l’impulsion de personnalités comme le comte Albert de Mun et le comte Henry Carton de Wiart naît un catholicisme social actif. Sous la pression de leurs efforts conjugués, le gouvernement Bernaert adopte une législation sociale : ce sont les lois sur les constructions d’habitations ouvrières (1889), sur les pensions de vieillesse (1894), sur la réglementation du travail des femmes et des adolescents (1888 et 1906) et sur l’introduction d’assurances concernant les accidents du travail (1903).

6.5.3L’impérialisme belge

Comme dans le reste de l’Europe, l’impérialisme colonial a ses partisans en Belgique. Le premier d’entre eux est Léopold II, qui finance personnellement une expédition sur le fleuve Congo. Il engage sir Stanley à son service et se taille un empire en Afrique centrale qui est sa propriété personnelle. À la conférence de Berlin en 1885, l’Association internationale du Congo, fondée par Léopold II, est reconnue comme un État souverain. L’exploitation sans merci des ressources humaines et matérielles du pays se poursuit après la cession par Léopold II du Congo, comme colonie, à la Belgique en 1908 (Voir République démocratique du Congo). L’année suivante, son fils Albert Ier monte sur le trône.

6.6La Belgique dans la tourmente des guerres mondiales
6.6.1La Première Guerre mondiale

Une semaine après le début de la guerre, le 4 août 1914, les armées allemandes violent la neutralité du pays en franchissant la frontière belge, selon le plan Schlieffen. Le gouvernement s’oppose à l’invasion et demande l’aide de la France, du Royaume-Uni et de la Russie. L’armée belge oppose une résistance héroïque : pendant quatre ans, les soldats retranchés sur les lignes de l’Yser tiennent tête à l’armée allemande. Le gouvernement belge s’exile au Havre, tandis que le « roi chevalier « Albert Ier refuse obstinément de quitter la Belgique.

L’occupant allemand tente d’utiliser à son profit les divisions linguistiques en établissant des administrations flamandes et wallonnes indépendantes ; ces initiatives ne trouvent aucun soutien chez des populations civiles traumatisées, l’Allemagne refusant de subvenir à leurs besoins alimentaires. Un million de civils se réfugient en France.

La grande offensive alliée, qui débute le 28 septembre 1918, libère toute la côte belge. Les Allemands, également repoussés en France, signent l’armistice du 11 novembre 1918 et se retirent du territoire belge. Aux termes du traité de Versailles, l’Allemagne cède à la Belgique les cantons germanophones d’Eupen, Malmedy et Saint-Virth, et le territoire du Ruanda-Urundi, ancienne colonie allemande, est placé sous mandat belge. La Belgique reçoit des dommages de guerre et sa neutralité est levée. Voir Première Guerre mondiale.

6.6.2L’entre-deux-guerres

La reconstruction des régions dévastées est relativement rapide. En 1921, l’Union économique belgo-luxembourgeoise est créée permettant un redressement plus rapide des industries et de l’agriculture. Cependant, des privatisations et une dévaluation sont nécessaires à ce redressement. En outre, les conséquences de la crise économique de 1929 touchent la Belgique qui doit pratiquer une nouvelle dévaluation en 1936. La période de reconstruction économique est également propice à une nouvelle législation sociale : le droit de grève, la liberté syndicale et la semaine de quarante-huit heures sont adoptés en 1921, les lois sur le salaire minimal et les congés annuels de six jours sont votées en 1936.

Sur le plan politique, l’introduction, en 1919, du suffrage universel unique pour tous les hommes modifie le jeu politique, empêchant la domination d’un seul parti. L’union nationale domine avec l’alliance des catholiques, des libéraux et des socialistes. Cependant, des mouvements extrémistes se développent tels que le rexisme, autour de Léon Degrelle, et le Frontpartij, flamand, qui devient en 1933 le Rassemblement national flamand (VNV). Après la mort accidentelle d’Albert Ier, son fils, Léopold III, lui succède en 1934.

Sur le plan diplomatique, la Belgique ayant abandonné sa politique de neutralité signe une alliance militaire avec la France en 1920, participe à l’occupation de la Ruhr en 1923-1925 puis adhère aux accords de Locarno en 1925.

6.6.3La Seconde Guerre mondiale

En 1936, à la suite de la remilitarisation de la Rhénanie, la Belgique, doutant des systèmes de sécurité collective mis en place après 1919, décide de revenir à une politique traditionnelle de neutralité. Elle dénonce ses accords militaires passés, bien que le Royaume-Uni et la France aient confirmé en avril 1937 leur engagement de prendre part à la défense du pays en cas d’agression étrangère.

Le 10 mai 1940, la Belgique est attaquée pour la seconde fois par l’Allemagne. Sans avertissement ni ultimatum, les terrains d’aviation, les gares et les centres de communication belges sont bombardés par l’aviation allemande, tandis que les divisions blindées allemandes se ruent à travers les Ardennes. Les troupes françaises et britanniques venues au secours des armées belges sont encerclées ou refoulées autour de Lille et Dunkerque. Le 28 mai, le roi Léopold III capitule sans condition et refuse de suivre en exil le gouvernement belge. Le 30 mai, les ministres rompent avec Léopold III, qui est interné au château royal de Laeken puis transféré en Autriche en 1944. Après la capitulation de la France, le Premier ministre, Hubert Pierlot, et le ministre des Affaires étrangères, Paul Henri Spaak, retenus en Espagne, rejoignent à Londres le gouvernement en exil.

L’occupation allemande est implacable. Malgré cela, certains mouvements fascistes comme celui de Léon Degrelle ou les nationalistes du VNV de Staff De Clerq (1884-1942) et de Joris Van Severen (1884-1940), ainsi que le Vlaams-Duitse Arbeidsgemeenschap ou DeVlag (Communauté de travail germano-flamande) de Jef Vandeviele soutiennent l’occupant et se prononcent pour l’intégration à l’Allemagne ; certains vont jusqu’à intégrer les rangs des SS. Cependant, les déportations, l’instauration du Service du travail obligatoire (STO) et le pillage économique de la Belgique par l’Allemagne nazie renforcent la résistance belge.

Le gouvernement en exil rentre finalement à Bruxelles le 8 septembre 1944, dans le sillage des armées alliées. La bataille des Ardennes retarde la libération complète de la Belgique, qui n’est achevée que le 5 février 1945. Voir Seconde Guerre mondiale.

6.7La Belgique après-guerre
6.7.1La politique intérieure et extérieure

Après la guerre, les oppositions politiques s’exacerbent entre le Parti social chrétien (PSC/CVP), catholique, et la coalition des libéraux, des socialistes et des communistes. Après la dissolution du POB-PWB, le Parti socialiste belge (PSB/BSP) est créé.

En matière de politique étrangère, la Belgique devient membre de l’Organisation des Nations unies (ONU) le 26 juin 1945, et apporte un soutien conséquent aux autres pays membres occidentaux pendant la guerre froide. En avril 1949, elle adhère à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

6.7.2La question royale

Le cas du roi Léopold III, qui est resté en Suisse dans l’attente d’une décision quant à son avenir, exacerbe les divisions internes. Au cours de l’été 1945, en dépit des pressions exercées par le PSC, qui est favorable au retour du monarque, le Parlement belge étend la régence du frère du roi, le prince Charles, sans limitation de durée, bannissant Léopold III en raison de sa conduite controversée au cours de la guerre.

Le 12 mars 1950, après plus d’un an de crises gouvernementales successives provoquées par la question royale, les électeurs belges se rendent aux urnes dans le cadre d’un référendum consultatif afin de se prononcer sur le retour de Léopold. Les votants se prononcent à 57,6 % en faveur du retour du roi. Mais le Parlement y est opposé, et ce n’est qu’après sa dissolution et de nouvelles élections que le roi peut revenir en juillet 1950. Cependant, ses ennemis ne désarment pas : des grèves, des marches de protestation et des émeutes se produisent dans de nombreuses agglomérations urbaines. On frôle la guerre civile quand, le 3 août 1950, à la suite de négociations avec le gouvernement et les chefs politiques, Léopold III accepte d’abdiquer en faveur de son fils, le prince héritier Baudouin, qui devient roi à sa majorité le 17 juillet 1951.

6.7.3La coopération européenne

Malgré des pertes humaines considérables, la Belgique se relève très vite après la guerre, l’infrastructure industrielle étant restée miraculeusement intacte. L’assainissement monétaire, l’aide américaine du plan Marshall et une politique d’intégration économique au sein de l’Europe portent rapidement leurs fruits. En effet, les années 1950 sont marquées par les efforts conjoints des dirigeants européens désireux de réaliser une union politico-économique des nations d’Europe de l’Ouest. Dans un premier temps, l’union douanière du Benelux est mise en place en 1948. En prenant part de façon active à ce mouvement, la Belgique, de concert avec la France, la RFA, le Luxembourg, l’Italie et les Pays-Bas, devient membre de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1952.

En 1954, après le refus de la France de ratifier le traité établissant la Communauté européenne de défense (CED), le ministre des Affaires étrangères Paul Henri Spaak est l’initiateur du second « lancement de l’Europe «. Ses efforts contribuent à créer en 1957, par le traité de Rome, la Communauté économique européenne (CEE). Bruxelles devient le siège de l’exécutif et d’une grande partie des services administratifs de la CEE. De même, la Belgique adhère à la Communauté européenne de l’énergie atomique, l’Euratom.

6.7.4La fin des colonies

En janvier 1959, des mouvements qui réclament plus d’émancipation et des soulèvements à Léopoldville, au Congo belge, obligent la Belgique à se retirer de son empire d’Afrique. Après la conférence de la table ronde de Bruxelles au début de l’année 1960, le roi Baudouin proclame l’indépendance de la colonie (l’actuelle République démocratique du Congo), le 30 juin 1960, et intervient militairement pour protéger ses ressortissants. Ce départ des autorités belges est suivi par des troubles qui dégénèrent en véritable guerre civile. En 1962, le territoire du Ruanda-Urundi, placé sous mandat belge en 1919 et sous tutelle de l’ONU en 1946, accède à l’indépendance ; de celui-ci naissent deux États : le Rwanda et le Burundi.

6.8La Belgique aujourd’hui
6.8.1Le conflit linguistique

À partir des années 1960, la vie politique est dominée par le réveil de la querelle ethnolinguistique entre Flamands et Wallons. Déconsidérés par leur engagement dans la collaboration, les partis flamands ne se reforment que lentement, et ce n’est qu’en 1954 qu’un nouveau parti, la Volksunie (VU), est fondé. Après la scission du ministère de l’Éducation nationale et des Affaires culturelles en deux et l’établissement d’une frontière linguistique en 1962, le problème est porté devant le Parlement en 1963. Ainsi, en septembre 1963, une loi sur le statut linguistique des communes de Bruxelles est adoptée en même temps que le transfert de la région francophone de Mouscron de la Flandre au Hainaut et de la commune de Fourons à la province flamande du Limbourg, mais les problèmes ne sont pas réglés pour autant.

En janvier 1968, des affrontements entre Wallons et Flamands entraînent la chute du gouvernement. L’université de Louvain est scindée en deux, les facultés francophones doivent quitter le Brabant. En juin, le dirigeant social-chrétien, Gaston Eyskens, forme une coalition avec les socialistes. Le gouvernement doit se résoudre à affronter le problème constitutionnel posé par la coexistence de deux peuples de cultures différentes au sein d’un même État. Eyskens conserve la majorité en 1971, mais son gouvernement doit démissionner en novembre 1972. Une coalition de trois partis menée par les socialistes d’Edmond Leburton prend le relais ; affaiblie par les tensions communautaires, elle se désunit en janvier 1974. Après les élections de mars, le social-chrétien Léo Tindemans forme une coalition avec les libéraux, les sociaux chrétiens et le Rassemblement wallon (RW).

6.8.2Les réformes constitutionnelles

À l’instabilité ministérielle s’ajoute une crise économique due au choc pétrolier de 1973. Le vieillissement des industries wallonnes, la crise des charbonnages et de la sidérurgie aggravent la récession économique. La croissance est en baisse, le chômage et l’inflation augmentent. Léo Tindemans gouverne jusqu’en février 1977. Les élections d’avril sont précédées par la conclusion d’un pacte, le « pacte d’Egmont «, qui prévoit le découpage de la Belgique en trois régions dotées d’une large autonomie. Son application se heurte à de multiples oppositions notamment à Fourons. De nouvelles élections en décembre 1978 sont peu concluantes.

Durant les années 1980, la vie politique est dominée par les partis sociaux-chrétiens, le plus souvent sous la conduite de Wilfried Martens. Il forme son huitième gouvernement en 1988. La réforme de l’État continue et, en janvier 1989, le Parlement adopte un projet de loi de décentralisation destiné à transférer certains pouvoirs du gouvernement fédéral vers les trois régions ethnolinguistiques. La mise en œuvre de cette loi est lente, et les élections de novembre 1991 donnent aux sociaux-chrétiens une courte majorité.

6.8.3Le gouvernement Dehaene (1992-1999)

Après la victoire des sociaux-chrétiens aux élections, Wilfried Martens démissionne de son poste de chef du parti, et son successeur, Jean-Luc Dehaene, forme un nouveau gouvernement de centre gauche en mars 1992. En ratifiant les traités de Maastricht (1992) et d’Amsterdam (1997) relatifs à l’Union européenne (UE), la Belgique se prononce en faveur d’une coopération économique et politique accrue en Europe. En 1999, la Belgique satisfait aux critères de convergence et fait partie des onze premiers pays européens adhérant à l’Union économique et monétaire (UEM).

6.8.3.1Création de la fédération belge

En mai 1993, le processus de décentralisation de la Belgique prend fin et la nouvelle Constitution institue officiellement un pays fédéral composé de trois régions : la Région flamande, la Région wallonne et Bruxelles-Capitale. Les réformes constitutionnelles amènent un équilibre des pouvoirs entre les communautés : la Belgique est aujourd’hui un État à la fois fédéral, communautaire et régional, dans lequel les différentes sphères politiques et culturelles coexistent. Au roi Baudouin décédé le 31 juillet 1993 succède son frère, Albert II.

Néanmoins, l’édifice ainsi construit demeure fragile. Les « affaires «, le financement caché des partis politiques, la corruption et les tensions entre Wallons et Flamands sur un fond de crise sociale persistante aggravent les fractures. Pourtant, les élections du mois de mai 1995 sont remportées par la coalition des sociaux-chrétiens et des socialistes du Premier ministre, Jean-Luc Dehaene, qui est reconduit dans ses fonctions.

La crise de l’État belge demeure profonde : significatif à cet égard est ce sondage de janvier 1996 réalisé en Flandre, qui indique que 64 % des Flamands se sentent d’abord flamands contre 30 % se définissant en premier lieu comme belges. En même temps, 80 % d’entre eux déclarent vouloir plus d’autonomie pour la Flandre tandis que 70 % regrettent la Belgique d’antan. Du côté flamand, on interprète l’autonomie au sens le plus large, le partage des fonds publics pour la Sécurité sociale, jugé défavorable, est l’objet de nombreuses critiques ; du côté wallon, on estime qu’une scission ou une régionalisation du système social signifierait la fin de l’État belge. Le projet flamand de faire du royaume de Belgique une confédération dans laquelle la Flandre et la Wallonie verraient leurs compétences accrues, notamment en matière fiscale et financière, au détriment du gouvernement fédéral, ne reçoit pas d’écho favorable chez les francophones, qui craignent pour l’autonomie de la région Bruxelles-Capitale.

6.8.3.2Les scandales liés à l’affaire Dutroux

L’« affaire Dutroux « vient souligner la fragilité des rapports entre les élites et les simples citoyens : le dessaisissement du juge chargé de l’enquête sur ce réseau de pédophilie déclenche une vague de protestations qui culmine lors de la « marche blanche « du mois d’octobre 1996, spectaculaire manifestation qui rassemble plus de 300 000 personnes (Flamands et Wallons). À la suite de ce mouvement, le Premier ministre annonce la mise en place d’une réforme du système judiciaire, ainsi que la constitution d’une commission d’enquête sur les dysfonctionnements des services de police et de justice. Le rapport de cette commission, remis à la fin de l’année 1997, révèle la profondeur de la déliquescence de l’appareil d’État, confirmée en avril 1998 par la brève évasion de Marc Dutroux, qui suscite une vive émotion et la démission de plusieurs ministres du gouvernement. S’ajoutant aux scandales liés au financement illicite des partis politiques, aux révélations sur l’attitude de la Belgique au Rwanda, au durcissement du conflit linguistique dans la périphérie de Bruxelles, touchant notamment les « communes à facilités «, l’affaire Dutroux contribue à aggraver la crise de confiance des citoyens envers l’État.

Cette crise politique s’accompagne d’un malaise économique et social, lié à la perte de compétitivité de l’industrie belge (fermeture de l’usine Renault à Vilvorde en septembre 1997, restructuration en cours de la sidérurgie wallonne).

Les élections européennes qui suivent en juin 1999 sanctionnent la coalition au pouvoir, tandis que les partis écologistes font une percée remarquée (Ecolo obtient 22,7 % des voix en Wallonie et 3 sièges et Agalev, 2 sièges). Aux élections législatives, qui se déroulent le même jour, la coalition au pouvoir (sociaux-chrétiens et socialistes flamands et wallons) perd la majorité et les partis qui la constituent sont devancés par les libéraux (PRL et VLD). En outre, les partis écologistes remportent là aussi un grand succès en totalisant 20 sièges (+9). Ces résultats entraînent la démission de Jean-Luc Dehaene de son poste de Premier ministre.

6.8.4Les gouvernements Verhofstadt (1999-2007)
6.8.4.1La coalition arc-en-ciel (1999-2003)

En juillet 1999, le roi Albert II désigne Guy Verhofstadt, président des Libéraux et démocrates flamands (VLD), pour former le nouveau gouvernement. Cette coalition arc-en-ciel réunit six partis, libéraux, socialistes et écologistes. Événement historique, les sociaux-chrétiens ne font pas partie du gouvernement (cela avait été le cas seulement entre 1954 et 1958) et les partis écologistes participent à l’exécutif fédéral. Il semble que le changement de majorité soit la conséquence de la « crise de la dioxine «, enclenchée un mois avant les élections — il est révélé que les poulets d’élevage présentent un taux de dioxine anormalement élevé. Un embargo européen est immédiatement mis en place à l’encontre de la volaille, avant d’être étendu au porc et au bœuf. Les pertes nettes pour l’économie belge sont évaluées à 650 millions d’euros. Mis en cause pour négligence, les ministres de la Santé et de l’Agriculture démissionnent. À l’automne est instituée une commission d’enquête parlementaire afin de mettre au jour les dysfonctionnements ayant abouti à ce scandale emblématique des craintes liées à la sécurité alimentaire.

Les élections communales d’octobre 2000 révèlent en particulier la progression de l’extrême droite en Flandre : le Vlaams Blok (VB) recueille 10 % des voix dans la région flamande. C’est à Anvers, la deuxième ville de Belgique, que son score est le plus élevé (avec 33 %). En Wallonie, en revanche, l’extrême droite disparaît quasiment du paysage électoral.

Sous le gouvernement de coalition de Guy Verhofstadt, plusieurs lois symboliques de l’évolution des questions de société sont adoptées. En janvier 2000, le gouvernement légifère en faveur d’une régularisation massive des sans-papiers, tout en rétablissant un contrôle aux frontières afin d’éviter un afflux de demandeurs d’asile. De plus, en 2002, la Belgique est le second pays (après les Pays-Bas) à autoriser et l’euthanasie et le mariage des homosexuels. Par ailleurs, la participation des écologistes au gouvernement se traduit par le vote des députés à la fin de l’année d’une loi visant à sortir du nucléaire d’ici à 2025.

En juillet 2001, la Belgique reprend le flambeau de la présidence de l’Union européenne (UE) pour six mois, et ce pour la onzième fois de son histoire. Elle a principalement pour mission d’accompagner l’introduction de la monnaie unique, qui se déroule à partir du 1er janvier 2002 dans d’excellentes conditions.

6.8.4.2La coalition violette (2003-2007)

Les élections législatives de mai 2003 voient la victoire des libéraux et des socialistes (respectivement 49 et 48 sièges sur les 150 dont dispose la Chambre des représentants). Les sociaux-chrétiens, toujours en régression, perdent 3 sièges (29), les écologistes subissent une lourde défaite (4 sièges au total), tandis que l’extrême droite flamande continue sa progression en remportant 18 sièges. À la suite de ces élections, Guy Verhofstadt est reconduit par le roi Albert II dans sa fonction de Premier ministre. Le nouveau gouvernement qu’il met en place est composé de libéraux et de socialistes : c’est la « coalition violette «.

En février 2004, après la Norvège, le Danemark, la Suède, l’Irlande et les Pays-Bas, la Belgique accorde aux étrangers non-Européens résidant dans le pays depuis cinq ans le droit de vote pour les élections municipales. Cette loi met au jour les dissensions au sein de la majorité violette, notamment entre libéraux wallons et flamands, ces derniers craignant que cette mesure participe à la montée de l’extrême droite en Flandre.

Après huit années d’instructions, trois mois de procès et l’audition de plusieurs centaines de témoins, l’« affaire Dutroux « qui bouleverse la Belgique depuis les années 1990 trouve sa conclusion en juin 2004 : Marc Dutroux, déclaré coupable (d’enlèvements, séquestrations, tortures, viols, meurtres), est condamné à la réclusion à perpétuité.

La coalition violette engage de nombreuses réformes sociales sur l’adoption d’enfants par des couples du même sexe, l’avortement, l’euthanasie ou le divorce. À partir de 2005, nouant les tensions entre néerlandophones et francophones, la question du statut de l’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde devient centrale. Récurrente depuis 1963, elle est liée aux facilités linguistiques accordées à la population francophone dans les communes situées à la périphérie de Bruxelles, en territoire flamand. Dans ce contexte, la diffusion en décembre 2006 d’un documentaire-fiction annonçant la déclaration unilatérale d’indépendance de la Flandre provoque une vive émotion dans le pays.

6.8.5Crise politique et constitution du gouvernement Leterme

Les élections législatives de juin 2007 se déroulent dans ce contexte, marqué par le débat sur l’avenir institutionnel et fédéral de la Belgique. Elles sont remportées par la droite et l’extrême droite flamande, à savoir d’une part par les démocrates-chrétiens flamands du CD&V, emmenés par Yves Leterme, ministre-président de Flandre, alliés à la Nouvelle alliance flamande (N-VA), séparatiste, et d’autre part, par le Vlaams Belang (VB), successeur du Vlaams Blok. Très populaire auprès des néerlandophones, Yves Leterme inquiète les francophones par sa volonté d’accentuer la fédéralisation de la Belgique. Un accord de gouvernement entre les partis francophones et néerlandophones est donc particulièrement difficile à trouver, tandis qu’une alliance avec l’extrême droite est exclue. Cette situation plonge le pays dans plusieurs mois de crise politique, qui se cristallise autour d’un hypothétique éclatement de la Belgique. Yves Leterme ayant échoué à deux reprises à former un gouvernement, Guy Verhofstadt est chargé au mois de décembre de former un gouvernement intérimaire. Plus de neuf mois après les élections, Yves Leterme prend finalement en mars 2008 la direction d’un gouvernement de coalition entre cinq partis : démocrates-chrétiens (CD&V et CDH) et libéraux (VLD et MR), flamands et francophones, et socialistes francophones (PS).

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