Bazaine (Jean)

« 1 / 2 26 juillet 1967 Série C-39 Fiche N' 1896 Bazaine (Jean) 1.

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Plus je vais, plus je cherche à arriver à une construction qui soit la vie même"· ainsi Jean Bazaine justifie-t-il un style pictural où l'absence de formes reconnaissables ne relève cependant pas de l'art abstrait.

En contact permanent avec le monde exté­ rieur, le peintre apparaît dans le courant contemporain comme un exemple de réalisme en profondeur.

Mieux que quiconque, il tient la gageure d'être, selon les termes de Bernard Dorival, un " paysagiste des forces cachées de la nature "· 2.

Né à Paris en 1904, Jean Bazaine prend ses premières leçons chez Landowski, à l'Ecole des beaux-arts.

Il apprend· ensuite la sculpture et la peinture à l'Académie Julian, tout en poursuivant des études parallèles de philosophie.

Sa passion pour Bonnard et pour Cézanne domine sa première exposition.

En 1938, le Prix Blumenthal vient consacrer une œuvre déjà importante.

Il a 37 ans quand la guerre éclate.

Mobilisé, il enrichit sa série de dessins de pierres, d'écorces, de corps d'hom,nes.

En 1941, Bazaine organise l'exposition «Jeunes peintres de tradition française, à laquelle participent Lapicque, Estève, Le Moal, Pignon, Manessier, Singier.

3.

Dès 1945, le mouvement l'emporte sur le statique, bientôt le sujet lisible disparaît (1948), au profit de recherches plus formelles.

Tenu pour un des maîtres de l'école de Paris, il obtient en 1964 le Grand Prix national des arts.

En plus des toiles, des dessins, des mosaïques, des aquarelles qu'une rétrospective au Musée d'art moderne (octobre 1965) a permis d'admirer, Bazaine a réalisé plusieurs vitraux (église d'Assy, Saint-Séverin).

4.

Parti d'une construction d'allure cubiste, Jean Bazaine s'oriente assez vite vers une sorte de construction invisible où l'élan passionnel puisse se traduire librement.

De l'exposition de 1941, il attend qu'elle rende ..

l'essentiel par la violence, la passion de l'expression appuyée sur un choix de couleurs et de formes élémentaires"· Si la cohérence plastique d'une telle conception conduit logiquement à la non-figuration, elle ne se confond pas pour autant avec l'art abstrait, que Bazaine raille dans ses ..

Notes d'un Peintre ., et auquel il reproche de tourner le dos à la nature.

De son propre aveu, ce n'est là qu'une manière de faire du paysage ..

en s'intégrant au monde élémentaire"· 5.

La volonté de rester à l'écoute des rythmes essentiels guide le peintre vers des formes toujours plus mouvantes, vers un primat des tonalités réparties en accords subtils.

Dès 1948, les touches de couleur cessent de se superposer à un schéma cons­ truit, elles édifient à elles seules la composition mosaïque du tableau.

Dans les années cinquante, un mouvement plus heurté, plus convulsif, réagit contre les tendances précédentes (Chicago).

Le jeu des taches colorées et des lignes dynamiques crée une sorte d'espace frissonnant comme dans " Vent de mer ., où le bleu-vert, le violet, les teintes glauques s'harmonisent avec les horizontales brisées pour exprimer le balancement de flots.

On comprend l'importance que Bazaine accorde, dans ses recherches sur l'espace du tableau, à la vie de la touche, dont il se plaît à saluer la perfection chez Rubens.

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