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Balzac la peau de chagrin

Publié le 07/06/2023

Extrait du document

« Introduction Ce roman réaliste et fantastique constitue le premier tome des « Études philosophiques ».

Intitulé La Peau de Chagrin, il fut publié pour la première fois en 1831, et occupe une place particulière dans l’œuvre réaliste de Balzac.

Notre extrait se situe dans la première partie de l’œuvre intitulée « Le talisman ».

Raphaël de Valentin, le personnage principal entre dans un magasin d’antiquités et découvre une peau de chagrin.

Cette peau est magique.

Le pacte que le marchand va proposer au jeune homme est diabolique : à chaque vœu exaucé, sa vie s’en verra diminuée. Lecture (pp.51-52 de notre édition) Non, non, jeune étourdi.

Vous avez signé le pacte : tout est dit.

Maintenant vos volontés seront scrupuleusement satisfaites, mais aux dépens de votre vie.

Le cercle de vos jours, figuré par cette peau, se resserrera suivant la force et le nombre de vos souhaits, depuis le plus léger jusqu’au plus exorbitant.

Le brachmane auquel je dois ce talisman m’a jadis expliqué qu’il s’opérerait un mystérieux accord entre les destinées et les souhaits du possesseur.

Votre premier désir est vulgaire, je pourrais le réaliser ; mais j’en laisse le soin aux évènements de votre nouvelle existence.

Après tout, vous vouliez mourir ? Hé ! bien, votre suicide n’est que retardé. L’inconnu, surpris et presque irrité de se voir toujours plaisanté par ce singulier vieillard dont l’intention demi philanthropique lui parut clairement démontrée dans cette dernière raillerie, s’écria : — Je verrai bien, monsieur, si ma fortune changera pendant le temps que je vais mettre à franchir la largeur du quai.

Mais, si vous ne vous moquez pas d’un malheureux, je désire, pour me venger d’un si fatal service, que vous tombiez amoureux d’une danseuse ! Vous comprendrez alors le bonheur d’une débauche, et peut-être deviendrez-vous prodigue de tous les biens que vous avez si philosophiquement ménagés. Il sortit sans entendre un grand soupir que poussa le vieillard, traversa les salles et descendit les escaliers de cette maison, suivi par le gros garçon joufflu qui voulut vainement l’éclairer : il courait avec la prestesse d’un voleur pris en flagrant délit. Aveuglé par une sorte de délire, il ne s’aperçut même pas de l’incroyable ductilité de la Peau de chagrin, qui, devenue souple comme un gant, se roula sous ses doigts frénétiques et put entrer dans la poche de son habit où il la mit presque machinalement. Problématique En quoi cet extrait dévoile-t-il la personnalité complexe du personnage principal ? Plan I.

Un rapport de force entre le marchand et Raphaël II.

La moquerie de Raphaël III.

L’emportement de Raphaël I – Un rapport de force (De « “Non, non, jeune étourdi » à « votre suicide n’est que retardé.

”») L’extrait s’ouvre sur une apostrophe péjorative, « “jeune étourdi ”», adressée à Raphaël.

La réponse de l’antiquaire est froide : « “Vous avez signé le pacte ”».

Le passé composé indique une action révolue et immuable. Les formules utilisées relèvent du champ lexical du religieux (« “tout est dit” » semble renvoyer à « ita missa est » ; « “vos volontés seront scrupuleusement satisfaites ”» renvoie au Notre Père de la tradition chrétienne): le vieillard indique par là que tout est scellé par une forme de loi divine. L’antiquaire précise la nature du pacte : la surface de la Peau de chagrin diminue en fonction du degré du désir. Le superlatif « “depuis le léger jusqu’au plus exorbitant ”» confirme que chaque souhait sera compté, quelle que soit sa teneur.

Le futur souligne cette certitude : « “se resserrera” ». Puis le vieillard retrace le récit de l’histoire de la Peau de chagrin : « “le bramine auquel je dois ce talisman ”». Il détient donc la clef du pouvoir du talisman grâce à un prêtre indien.

Tout est donc mis en place pour renforcer le mystère de la peau : la référence à une contrée éloignée géographiquement (« bramine« ) et temporellement (« jadis« ). Le champ lexical du conte entoure également cet objet digne des Milles et une nuits : “« talisman », « mystérieux accord », « destinées », « souhaits »”.

Le vieillard fait allusion au premier désir de Raphaël qui consistait à avoir un dîner splendide.

Le rôle de l’antiquaire s’arrête ici dans la mesure où, comme il l’indique, une « “nouvelle existence ”» commence pour Raphaël. Sa prise de parole s’achève d’ailleurs sur un ton moqueur: « “Après tout, vous vouliez mourir ? hé ! bien, votre suicide n’est que retardé.” » Ses multiples mises en garde n’auront servi à rien.

Il confirme le destin de Raphaël. TR : Mais ce dernier semble considérer cette mise en scène comme une plaisanterie. II – La moquerie de Raphaël (De « “L’inconnu, surpris et presque irrité » à «si philosophiquement ménagés ”») Le rapport de force entre Raphaël et l’homme âgé se poursuit : le champ lexical de la moquerie est présent (“« toujours plaisanté », « singulier vieillard », « intention demi- philanthropique », « dernière raillerie », « moquez »”).

Ces éléments montrent que Raphaël se sent humilié de recevoir une leçon de vie de la part d’un.... »

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