Balzac

« Des premiers romans aux infortunes H onoré Balzac (qui s'attribuera plus tard une particule), né en 1799 à Tours, d'une famille de pe­ tite bourgeoisie enrichie, connaît la jeunesse d'un « enfant du siècle » : il suir ses études chez les orato­ riens de Vendôme (1807-1813), dans l'atmosphère austère d'un lycée napoléonien.

Puis il fré­ quente deux institutions pari­ siennes modestes et commence son droit sans conviction comme clerc chez un avoué.

Comme il affirme une vocation littéraire, sa famille lui laisse tenter l'expérience pen­ dant un an : le résultat est une tragédie, Cromwell (1821), mais l'ouvrage est désastreux, selon l'académicien à qui Balzac le fait lire.

Il se tourne alors vers le roman et publie une série d'ouvrages sous divers pseudonymes, dont des « ro­ mans noirs » qui n'ont aucun succès.

Il y cède au goOt du temps pour ga­ gner sa vie.

En 1822, il rencontre Mme de Berny, beaucoup plus âgée que lui, qui le conseille et le soutient ; grâce à ses subsides, il se lance dans les affaires et fonde une maison d'édition et une entreprise de fonderie de caractères qui aboutiront à un vrai désastre fi­ nancier ; dès lors, il sera plongé dans un cycle infernal de dettes dont il ne pourra jamais se libé­ rer.

Il s'en consolera en construisant dans ses romans des fortunes co­ lossales, souvent fragiles parce que trop vite acquises~ Le maître du roman réaliste B alzac reprend la plume après sa faillite et fait éditer en 1829 ses premières œuvres réussies : Portrait d'Honoré de Balzac en 1842, l'année où il s'attaque à La Comédie humaine Le cabinet de travail de Balzac à Paris, à la Rue Basse, à Passy, où !'écrivain s'installa en 1840 Les idées de Balzac embrassent tous les domaines : scientifique, philosophique, psychologique, moral, politique, social et économique.

Il les élabore par l'intermédiaire de ses personnages; ainsi regrette-t-il la suppression du droit d'aînesse qui a conduit au morcellement des terres ; il fonde l'ordre social sur la religion et la monarchie ; par ses analyses psychologiques, il montre comment la passion détruit l'être qu'elle envahit.

Déjà dans l'avertissement du Gars (premier titre des Chouans) en 1828, Balzac disait que son ouvrage n'était que« la première assise» d'une« œuvre immense»; en 1834, le projet se précise; Balzac souhaite écrire un ensemble d'Études sociales.

Dès lors, il semble toujours hanté par le souci d'unifier son œuvre.

\l\ 1 Sil-< U.

Balzac, qui voulait être le « scribe » de son temps, est, par sa production gigantesque, l'observateur le plus aigu et le plus visionnaire de la réalité humaine et sociale du x1xe siècle.

La Physiologie du mariage et Les Chouans, roman historique, his­ toire d'amour et intrigue policière.

Dès lors, ses ouvrages se multiplient à un rythme effréné : en vingt ans, il va publier quatre-vingt-dix romans et nouvelles, trente contes et cinq pièces de théâtre.

On peut discerner quatre aspects de la production balzacienne : des romans philoso­ phiques (La Peau de chagrin en 1831,Louis Lambert en 1832, etc.), des romans sociaux et économiques (Le Médecin de campagne en 1833), des contes à la manière de Rabelais (Contes drôlatiques de 1832à1837), des romans de mœurs (Gobseck en 1830, Le Colonel Chabert en 1832, Le Curé de Tours en 1832, etc.).

C'est ce dernier type de roman que Balzac exploitera en créant des types humains dans deux chef s-d' œuvre : Eugénie Grandet en 1833 et Le Père Goriot en 1834- 1835.

Pour la première fois, dans Le Père Goriot, reparaissent des fi­ gures déjà connues des lecteurs.

Balzac songe à l'unité de son œuvre tout en continuant à l'alimenter. »