Au théâtre, en quoi le recours au stratagème peut-il éveiller l’intérêt du spectateur ? Vous répondrez à cette question dans un développement structuré. Votre travail prendra appui sur Les Fausses Confidences de Marivaux.

« Dissertation sur Les fausses confidences Sujet : Au théâtre, en quoi le recours au stratagème peut -il éveiller l’intérêt du spectateur ? Vous répondrez à cette question dans un développement structuré.

Votre travail prendra appui sur Les Fausses Confidences de Marivaux .

Corrigé : [Amorce ] « Un noir complot prospère à l’air des catacombes, » ironise le roi don Carlos, menacé d’assassinat, dans Hernani (1830) de Victor Hugo.

L’intrigue d’une comédie est souvent construite autour d’un stratagème : grâce à sa ruse et ses manœuvres habiles, un personnage parvient à retourner une situation : ce motif figure déjà dans la comédie latine, par exemple dans La Marmite de Plaute (dont s’inspira Molière pour composer L’Avare ), ou dans des farces médiévales, telle La Farce de maître Pathelin .

Marivaux lui -même a intitulé une autre de ses pièces L’heureux stratagème (1733). Le stratagème apparaît ainsi comme un moteur dramaturgique puissa nt, qui provoque la curiosité du spectateur.

[ Problématique ] Au théâtre, en quoi le recours au stratagème peut -il éveiller l’intérêt du spectateur ? [Ou reformulation du sujet, à condition de ne pas le déformer ] Pourquoi et comment les stratagèmes sur lesquels sont construites certaines intrigues retiennent -ils notre attention ? [ Annonce du plan ] Nous verrons d’abord que le stratagème crée de la tension dramatique.

Nous montrerons ensuite qu’il permet de mettre en scène des personnages ridicules ou atta chants.

Nous étudierons enfin la manière dont il renforce le plaisir théâtral. Il est vrai que le stratagème donne son impulsion à l’intrigue dramatique et crée du suspense .

Le stratagème est un moteur dramaturgique .

La comédie traditionnelle est presque toujours bâtie sur le même schéma : un stratagème mis en œuvre par un valet rusé va permettre à des jeunes gens amoureux de triompher d’un père tyrannique qui s’opposait à leur mariage.

Chez Marivaux, le stratagème pre nd une dimension plus subtile, mais c’est toujours le valet qui rapproche les jeunes gens.

Dans Les fausses confidences, ce valet se nomme Dubois, et dans la scène 14 de l’acte I il met en œuvre un stratagème po ur susciter l’amour de sa nouvelle maitresse dans le cœur de Dorante.

Pour y parvenir, il fait l’éloge du jeune homme, et provoque même la jalousie de la jeune femme en lui inventant une rivale, une certaine « brune très piquante », avant même qu’une liaison existe entre elle et Dorante! Mais dans cette comédie, le valet n’est pas le seul manipulateur.

Araminte à son tour dans la scène 13 de l’acte II tente de piéger Dorante, et de l’amener à lui déclarer sa flamme.

Le spectateur assiste alors à une scène d’une grande intensité dramatique, où il ne sait si la jeune femme va l’emporter, ou si l’intendant va lui résister… Le stratagème est donc source de suspense .

La réussite du stratagème n’est pas assurée ; le spectateur attend avec impatience d’en connaître l’issue.

Dans la scène 14 de l’acte I, le spectateur assiste à l’intérêt grandissant d’Araminte pour Dorante, mais il lui faut attendre le milieu de la pièce pour être sûr des sentiments d’Araminte.

Quant à la scène 13 de l’acte II, elle déjoue l’attente du spectateur, puisque Dorante ne cède tou jours pas, et que la manipulation dont il est victime de la part de la jeune femme échoue .

A la fin de la scène, il n’a toujours pas fait sa déclaration à Araminte, et s’interroge sur le jeu de cette dernière : « Ne serait -ce point aussi pour m’éprouver ? » [Phrase de t ransition ] Le stratagème est donc un élément essentiel par la tension dramatique qu’il engendre : va -t-il fonctionner ou va -t-il échouer ? Il permet également de camper des personnages hauts en couleurs, m eneurs du jeu ou victimes du stratagème Dans cette pièce, les personnages de stratèges fascinent le spectateur .

Dubois, meneur de jeu cynique des Fausses Confidences , en offre un bel exemple : c’est lui qui tire toutes les ficelles pour persuader Araminte d’épouser Dorant e : « Plus de raisonnement : laissez -vous conduire. » s’exclame -t-il dans la scène 1 de l’acte III.

Dubois fascine le spectateur qui ne parvient pas à démêler ses motivations, et semble user de son art pour le seul plaisir d’exercer son pouvoir sur ses maîtres.

Dans la scène 14 de l’acte I d’ailleurs, il devient le maître du jeu, ne se présente plus comme un valet ordinaire, à travers la prédominance du pronom personnel de la première personne: c ’est lui qui guide Dorante , il agit alors que son maître est passif : « je le jetai dans une voiture, et nous retournâmes à la maison. » Ce valet agit par lui -. »