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Au moment où l'on ouvre un livre, où le film que l'on est allé voir va commencer, notre esprit est imbibé du monde réel dans lequel on évolue. Et c'est avec une vision particulière de ce monde, la nôtre, que l'on s'apprête à découvrir celle de l'écrivain ou du réalisateur.

Publié le 21/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Au moment où l'on ouvre un livre, où le film que l'on est allé voir va commencer, notre esprit est imbibé du monde réel dans lequel on évolue. Et c'est avec une vision particulière de ce monde, la nôtre, que l'on s'apprête à découvrir celle de l'écrivain ou du réalisateur.. Ce document contient 1062 mots soit 3 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format PDF sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en: Français / Littérature.


« Texte de la copie Au moment où l'on ouvre un livre, où le film que l'on est allé voir va commencer, notre esprit est imbibé du monde réel dans lequel on évolue.

Et c'est avec une vision particulière de ce monde, la nôtre, que l'on s'apprête à découvrir celle de l'écrivain ou du réalisateur. Pour passer de l'une à l'autre, il ne suffit pas de la magie du cinéma ou de l'imprimerie ; on a besoin d'être sollicité par un prétexte pour franchir cette limite, non pas insensiblement, mais de manière très consciente.

Ce prétexte est le personnage. Son avantage est de servir de pivot entre le monde réel et celui — inventé — de l'auteur. Il est le moyen le plus parfait qui permette à celui-ci de rendre son oeuvre accessible au lecteur ou au spectateur.

Chacun de nous a tendance en effet, sinon à s'associer au personnage, du moins à se rattacher à lui comme à quelque chose de sûr et de compréhensible dans ce monde nouveau. Le personnage, ou les personnages, permettent donc de pénétrer dans l'oeuvre.

On peut se demander si ce que l'on cherche dans un livre ou dans un film est lié à la découverte progressive des personnages, et comment, à travers lui ou en dehors de lui, l'écrivain ou le cinéaste satisfait notre désir. Lorsqu'on cherche à voir dans les personnages le lien le plus évident avec la réalité, notre attitude devient alors le désir de voir ces personnages comme des êtres réels.

On se raccroche à la vraisemblance que l'on attend de leurs gestes, de leurs paroles. Lorsqu'il n'y a pas de personnages, en poésie par exemple, on cherche à voir l'auteur lui- même ou plutôt l'homme.

Ainsi, quand Mallarmé commence un poème : « La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres », on pense que Mallarmé souffre ; c'est à travers lui qu'on veut apercevoir la vraisemblance du poème. Or cette vraisemblance devient finalement paradoxale ; on finit par trouver « normal » qu'un personnage parle, même d'une manière tout à fait exceptionnelle, en faisant par exemple de longs monologues, et par contre on supporte difficilement qu'un personnage ait une attitude étrange — et pourtant vraisemblable dans la réalité : qu'il ne parle pas. Conrad écrivait dans la préface d'un de ses livres, Falck, que celui-ci avait été refusé par un éditeur qui lui reprochait que l'un des personnages les plus importants du roman ne parle pas.

Et Conrad répondait simplement que s'il ne parlait pas, c'est parce que chaque fois qu'il se trouvait dans le champ du narrateur, il n'en avait pas l'occasion, ou était trop ému pour le faire. Actuellement, le personnage tend de plus en plus à perdre son côté vraisemblable et même parfois à disparaître : c'est peut-être à cause de ce malentendu qui existe entre le public et l'écrivain.

Ainsi, dans A la recherche du Temps perdu, on ne sait pas vraiment l'âge du narrateur au début, ou, plus exactement, celui-ci paraît avoir six ans ou seize, sans aucun souci chronologique ; de même Swann mourra à un certain moment du récit pour réapparaître ensuite, quoiqu'on puisse penser qu'il s'agit là d'une erreur.

Quant aux personnages de Samuel Beckett, ce ne sont pas des héros tragiques et fiers, mais des clochards, des malades, sans aucun idéal, sans aucune dignité. Avec la disparition du personnage « vrai », c'est le caractère psychologique qui disparaît de l'oeuvre.

Dans un film de Marguerite Duras intitulé India Song, le personnage principal reste invisible.

En réalité, les images sont liées entre elles par la présence d'une femme que l'on ne voit pas, qui ne parle presque jamais et qui est simplement évoquée tout au long du film. Or, c'est justement ce personnage qui, de manière étrange, va prendre l'importance la plus grande dans le film.

Il n'est pas réel, mais fabriqué à partir des impressions ou des anecdotes que l'on apprend à son sujet.

Néanmoins sa présence domine tout le film. Cette présence qui existe malgré l'absence totale du personnage sur l'écran a donc un autre rôle que celui de nous faire découvrir uniquement son caractère et sa vie. Par sa transparence, c'est à travers lui que l'on voit le décor que l'on suit un itinéraire tracé par la caméra, et, en même temps, c'est à travers le décor, les voix et surtout la musique, que l'on apprend à connaître le personnage, comme dans une promenade que l'on fait seul à pied, et dans laquelle le paysage ne joue plus qu'un rôle secondaire mais nécessaire pour pouvoir rêver à des situations passées.

C'est à travers lui que l'on. »

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