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Article encyclopédique FASCISMES

Publié le 02/12/2021

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Doctrine et régime politiques nés en Italie à la fin de la Première Guerre mondiale. Le terme « fascisme » est souvent appliqué à tout régime autoritaire ou ennemi politique que l'on entend diaboliser, ce qui tend à le banaliser. Le fascisme naît avec la fondation du parti éponyme, place San Sepolcro à Milan le 21 mars 1919. Son créateur, Benito Mussolini, est un ancien dirigeant socialiste converti aux idées nationalistes. Le nom emprunte à la symbolique romaine antique (fascis, faisceau des licteurs). Le régime autoritaire évolue rapidement vers une dictature d'un nouveau type, que son inspirateur théorise dans les années 1930. Il sert de modèle pour le nazisme allemand, exerce une fascination certaine sur de nombreux hommes politiques occidentaux et voit enfin ses adversaires, d'abord hésitants, lutter victorieusement contre lui durant la Seconde Guerre mondiale. Le fascisme connaît plusieurs phases de développement. La première correspond au fascisme-mouvement d'avant la prise du pouvoir : il mêle un programme violemment anticapitaliste et anticommuniste, antibourgeois et nationaliste. C'est le cas en Italie comme en Allemagne. Pour conquérir le pouvoir, le fascisme tait ce qui peut encore effrayer les classes possédantes. Le deuxième fascisme n'a alors plus grand chose à voir avec le premier et instaure un système de pouvoir que ses adversaires qualifient de totalitarisme. Un totalitarisme. Le fascisme entre très bien dans la grille d'analyse des régimes totalitaires. Il comporte d'abord une idéologie, théorisation a posteriori de l'action politique et dogme infaillible auquel tous doivent croire et obéir. C'est un mélange de nationalisme exacerbé, d'anticommunisme quasi obsessionnel (nazisme). Révolutionnaire et radical, le fascisme emprunte ses idées à divers penseurs souvent mal compris : la violence (Georges Sorel), la manipulation des foules (Gustave Le Bon), le culte du héros (Friedrich Nietzsche), le refus de l'égalité entre les hommes, la remise en cause des principes hérités des Lumières, etc. Si le fascisme italien voue un culte à l'État devant lequel tout individu s'efface et pour lequel il se sacrifie (Hegel revu par Giovanni Gentile, idéologue du fascisme), le national-socialisme fait de l'inégalité des races humaines (Joseph Gobineau, Houston Stewart Chamberlain) le socle de son idéologie. Si l'antisémitisme, à la base du régime nazi, ne se développe que tardivement en Italie, le régime de Mussolini met en pratique un racisme d'État avec la guerre d'Abyssinie. Le fascisme se distingue de l'idéologie réactionnaire et ruraliste par son adhésion à la société industrielle et au modernisme technologique. De même, il se veut un système post-démocratique qui encadre et mobilise les masses, et non un retour à l'Ancien Régime. Enfin, le fascisme porte en germe la guerre à laquelle il prépare la société. Cela n'est pas seulement dû au nationalisme exacerbé, car il s'agit d'une réponse à une nécessité intérieure : la pression idéologique et politique qu'exerce le système totalitaire sur la société ne peut que conduire à une fuite en avant vers la conquête extérieure, substitut aux déceptions qu'engendre la non-réalisation du modèle de société promis. « Homme nouveau » et contrôle social. Le fascisme entend en effet transformer la société en créant un « homme nouveau », surhomme dévoué à l'État et à la nation en Italie ou Aryen « racialement » pur en Allemagne. Pour ce faire, le fascisme ne se borne pas, à l'image des régimes autoritaires, à liquider toute opposition, à supprimer les libertés et institutions démocratiques, à créer des milices ou des polices politiques qui disposent d'un fort pouvoir discrétionnaire. Toutes les activités de la vie individuelle passent sous le contrôle de l'État et d'un parti unique, auquel l'adhésion est un sésame pour qui veut faire carrière. L'État fasciste s'occupe de la famille comme de l'éducation, des loisirs comme de la culture. L'enfant est embrigadé dans des organisations contrôlées par le Parti dès son plus jeune âge. Adolescent, puis jeune adulte, il est enrégimenté et, à une éducation de plus en plus contrôlée par l'État, s'ajoute une formation militarisée. Tout fonctionnaire doit prêter serment de fidélité au chef, dont on construit le culte de la personnalité, à l'aide d'une propagande très élaborée, où les rassemblements de masse tiennent une place essentielle. Le rôle du chef est en effet essentiel dans le fascisme. Certains analystes lui accordent un pouvoir absolu. D'autres soulignent la complexité des processus de décision, du fait de la multiplication des organismes de pouvoir (les différentes forces de répression en Allemagne) ou de la concurrence entre l'État et le Parti. Tous sont d'accord pour faire du chef la clef de voûte du système : il est le guide suprême, il a toujours raison, il sait tout faire (Mussolini)... et tous les hiérarques du fascisme s'y réfèrent pour justifier leur action. Si l'État contrôle la vie sociale, il n'en va pas de même de l'économie. De fait, le fascisme maintient un système capitaliste libéral et supprime les syndicats en les remplaçant par des corporations qui empêchent tout conflit social et arbitrent le plus souvent en faveur des producteurs. De même, la politique autarcique poursuivie par les régimes fascistes, les grands travaux entrepris ou la création d'organismes d'investissements, n'est pas contraire à leurs intérêts. Il faut attendre la guerre pour que l'État contrôle plus étroitement la production et que divergent les intérêts entre les acteurs économiques et l'État fasciste. De multiples causes et contextes. On a beaucoup glosé sur les facteurs d'explication de l'avènement du fascisme. Le rôle de la Grande Guerre et de ses conséquences (« brutalisation » des sociétés européennes) est un facteur décisif. Frustrés d'une victoire mutilée ou humiliés par les traités, les pays où le fascisme s'est installé voient s'accroître la force de courants nationalistes qui tirent parti d'une démocratie récente et fragile, que vient déséquilibrer un peu plus une grave crise économique et sociale, avec pour conséquence la montée du communisme. Il faut y ajouter la faillite des élites au pouvoir, voire la complicité de la classe dirigeante et de grands industriels qui craignent le désordre révolutionnaire, ainsi que l'habileté de chefs charismatiques, qui parviennent à fédérer autour d'eux un électorat de plus en plus large. Celui-ci dépasse le simple cadre des anciens combattants de la Grande Guerre ou des classes moyennes ruinées : ouvriers, paysans, classe moyennes en ascension, voire élites intellectuelles rejoignent les mouvements fascistes. La victoire et les premiers succès du fascisme italien font des émules ailleurs en Europe. En Allemagne, Hitler admirait grandement Mussolini et le nazisme emprunte des thèmes au fascisme, mais le totalitarisme s'y exprime plus nettement. Hitler n'a pas à composer avec la monarchie ou l'Église, à la différence du fascisme italien. La logique antisémite et la férocité de la répression dans l'Allemagne nazie en font un cas particulier. Roumanie, Autriche, Hongrie, Croatie…En Europe occidentale, sauf pendant la période 1940-1944, le fascisme fascine davantage les élites politiques et intellectuelles qu'il ne draine les masses (Jacques Doriot en France, Oswald Mosley en Angleterre). Le cas de la France des années 1930 est sujet à débats en raison de la très forte poussée de l'extrême droite (Ligue des Croix-de-feu), dont nombre d'historiens doutent du caractère réellement fasciste. En Roumanie (Garde de fer de Ion Antonescu), en Autriche (Parti national-socialiste, depuis 1926), en Hongrie (Croix fléchées), le fascisme progresse. Pendant la guerre, il triomphe dans ce dernier pays, en Slovaquie (le régime clérical et réactionnaire de Mgr Tiso subit l'influence du nazisme) et en Croatie (régime d'Ante Pavelic). Le régime instauré au Portugal par Antonio de Oliveira Salazar (1933) reste plus réactionnaire que fasciste, malgré le corporatisme. Salazar refuse en effet l'État totalitaire et laisse l'Église orienter le pays vers le conservatisme traditionnaliste. Impérialiste et de tendance totalitaire, le régime imposé au Japon dans les années 1930 par une caste militaire n'a que peu de points communs avec le fascisme ou le nazisme : le poids de la tradition, l'absence d'un parti unique ou de l'équivalent d'un « duce », l'anti-occidentalisme enfin l'éloignent du modèle italien ou allemand. Le qualificatif de « fasciste » est cependant employé pour le régime de Franco en Espagne et pour celui de Vichy en France. Si les points de ressemblance ne manquent certes pas, il est difficile d'en faire des régimes fascistes au sens strict, au-delà des incontestables aspects criminels de ces régimes et malgré l'antisémitisme d'État en France, en raison notamment du poids dominant de l'Église et des valeurs réactionnaires dans ces deux pays. Il n'y a pas à proprement parler de volonté de forger un « homme nouveau » de type fasciste. On peut tenir le même discours sur la dictature des colonels en Grèce (1967-1974) ou sur celle de Pinochet au Chili (1973-1990) ; cependant que Perón en Argentine (1946-1955) a voulu imiter en partie Mussolini. Mais ce projet totalitaire s'est-il cependant réalisé en Italie ? Le débat reste ouvert. Frédéric ATTAL

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