Databac

Article encyclopédique: ARABISME

Publié le 02/12/2021

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Article encyclopédique: ARABISME. Ce document contient 1 mots soit pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format PDF sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en: Echange.


Le concept de « nation arabe » apparaît à la fin du xixe siècle comme une conséquence de l'élan modernisateur qui ébranle l'Empire ottoman. Du fait de l'appartenance des Arabes à l'Empire ottoman, alors incarnation de la nation islamique, le point de départ du nationalisme n'est pas la revendication d'un État, mais l'affirmation d'un particularisme culturel. La renaissance littéraire donne consistance à la notion d'« arabité ». À cette préhistoire du nationalisme participe al-Kawakibi (1849-1902) qui propose le transfert du Califat des Turcs aux Arabes. Du culturalisme à l'arabisme. Dans Le Réveil de la nation arabe dans l'Asie turque (1905), Najib Azouri préconise la formation, dans la péninsule Arabique et le Croissant fertile, d'un royaume arabe indépendant et séculier lié à l'Occident et d'un califat musulman, l'équivalent d'une papauté en somme. Ce projet rencontre deux obstacles : la vivacité du sentiment de solidarité islamique et l'espoir des nationalistes arabes de réaliser, en commun avec les Jeunes-Turcs, l'autonomie administrative et culturelle des peuples de l'Empire. La montée du « turquisme » et l'échec de l'« ottomanisme » poussent les nationalistes arabes à la sécession. Cependant, contrairement aux Jeunes-Turcs portés par une base sociale cohérente - le milieu bureaucratico-militaire -, ils évoluent dans un monde marqué par la diversité, notamment religieuse. D'autres facteurs pèseront sur leurs mouvements : la formation d'États territoriaux par les puissances coloniales, le développement du sionisme et le problème de la cohabitation entre Juifs et Arabes en Palestine, le triomphe du wahhabisme en Arabie et, plus tard, la compétition des États-Unis et de l'Union soviétique pour la prépondérance au Moyen-Orient, réservoir de pétrole et zone stratégique. Ces événements donneront au nationalisme arabe une tournure plus anti-occidentale qu'anti-impérialiste, exacerbant son jacobinisme et hypothéquant son option séculière. Sati al-Husri (1880-1969), l'idéologue le plus éminent du panarabisme avec Constantin Zurayq et Edmond Rabbath, ne diffère guère de son homologue turc Nemik Kemal. Il attribue la désintégration de l'Empire à la diversité des langues et aux rivalités des nations qui le composaient, puisant son inspiration chez Johann Fichte (1762-1814) et Johann Herder (1744-1803). Une nation définie par la langue et l'histoire. S. al-Husri exclut la religion des facteurs constitutifs de la nation, ne retenant de l'Islam que les aspects culturels. Il fonde la nation sur le critère d'identification linguistique. Est donc arabe quiconque parle arabe, quelles qu'en soient l'ethnie ou la confession. Confronté à la réalité d'États territoriaux, S. al-Husri distingue la « patrie générale », la nation arabe à laquelle doit aller l'allégeance première, de la « patrie spéciale », la région. Les États ne constituent donc pas des nations, contrairement à ce qu'affirment Lufti al-Sayyid et Taha Hussein (1889-1973) pour l'Égypte, mais des pouvoirs, qui assument provisoirement la souveraineté dans l'attente de l'unité. S. al-Husri rêve de l'avènement d'un Bismarck arabe et voit dès 1940 en l'Égypte le « leader naturel de la patrie arabe », le pays qui doit réaliser « l'unité arabe comme la Prusse le fit pour l'Allemagne et le Piémont pour l'unité italienne ». Pendant des décennies, la question nationale arabe a hanté la conscience collective sans trouver de solution. La révolte arabe (1916-1918), suscitée et soutenue par l'Angleterre, n'a pas tenu ses promesses. La Ligue des États arabes (créée en 1945), lieu de débats et de négociations plus qu'instance supranationale, n'a pu faire avancer le rêve unitaire, brisé, dit l'un des mythes fondateurs du nationalisme arabe, par les accords Sykes-Picot (1916). Baassisme, nassérisme…Au cours de la période récente, trois pôles d'attraction formés d'éléments socialement apparentés (enseignants, étudiants, employés et officiers de l'armée) allaient se disputer l'hégémonie du mouvement national arabe. Le Baas, fondé en 1943 en Syrie et influencé par la pensée de S. al-Husri, incarnait les élites nouvelles désireuses de se substituer aux anciennes classes compromises avec les impérialismes. Second à entrer en lice, le Mouvement des nationalistes arabes, créé par les étudiants de l'université américaine de Beyrouth, visait à encadrer les réfugiés palestiniens chassés de leurs terres en vue de venger la défaite humiliante de 1948 face à Israël. Dernier venu, le nassérisme, rassemblement autour de l'Égypte et de son chef, Gamal Abdel Nasser, de tous ceux qui après la conférence de Bandung (1955) et la crise de Suez (1956) voulaient en finir avec la domination étrangère et se frayer une troisième voie entre capitalisme et socialisme. Jusqu'en 1967, date de la défaite contre Israël, cette constellation de forces divisée sur les voies et moyens de réaliser l'unité, sur les rapports devant être instaurés entre l'État et les organisations politiques et sur la place respective que devaient occuper les civils et les militaires, reconnaît en Nasser le leader de l'arabisme. En 1958, l'unité entre la Syrie et l'Égypte au sein de la République arabe unie (RAU) marque un apogée. La rupture qui intervient trois ans plus tard met en lumière les limites d'une conception romantique de la nation qui ne tient aucun compte des données matérielles de l'évolution et sacrifie les libertés individuelles à l'omnipotence de l'État. Les changements intervenus en 1962 au Yémen (création de la république) et en Algérie (indépendance), puis en 1967 au Sud-Yémen (instauration de la république) et en 1969 en Libye (abolition de la monarchie et prise du pouvoir par Mouammar Kadhafi) orientent le nationalisme arabe contre les souverains et les régimes conservateurs liés à l'Occident. C'est dans ce contexte que resurgissent, contre le nationalisme arabe, les communautarismes. Les tentatives faites par les Palestiniens pour refonder l'unité sur de nouvelles bases, après la défaite de 1967 face à Israël suivie de la disparition de Nasser (1970), apparaissent, malgré les drames qu'elles ont suscités (« septembre noir » en Jordanie en 1971, guerre civile au Liban à partir de 1975, etc.), comme des batailles pour arracher le nationalisme palestinien à ses tuteurs arabes et fonder à leur tour un État territorial. Depuis le début du xixe siècle, les nationalistes arabes ont été les agents actifs de la modernisation. Cependant, ils concevaient leurs projets d'une manière volontariste et jacobine, sans jamais prendre en considération la question démocratique, les droits des minorités linguistiques, ethniques ou religieuses (Berbères en Afrique du Nord, Kurdes au Moyen-Orient, Négro-Africains au Soudan ou en Mauritanie, chiites en Arabie saoudite) ni la réalité plurielle de sociétés arabes soumises à des « règles du jeu » définies à l'extérieur. C'est que la nation n'était pas un donné, contrairement à ce qu'ils croyaient, mais une communauté à construire. Surenchère pour s'approprier le rêve unitaire. Le passé colonial, avec ses hypothèques spécifiques, et l'implantation d'un foyer juif en Palestine expliquent en partie les impasses du nationalisme arabe. Toutefois, l'obstacle essentiel à la réalisation du mythe national reste le cadre réel, dans lequel s'organisent la vie matérielle et les intérêts, qui est celui de vingt et un États plus liés économiquement à l'Occident qu'entre eux. En effet, alors que le discours et les thèmes de mobilisation prennent le cadre arabe comme référence, les stratégies s'esquissent à l'intérieur des États existants. À mesure que les nationalismes d'État se renforcent, les tendances à l'expansion ou à l'hégémonie régionale se développent chez les plus forts et se juxtaposent à un anti-impérialisme très populaire. La tentative d'annexion du Koweït par l'Irak en 1990 et ses suites l'ont montré. Dans ces conditions, le rêve unitaire a pour fonction de suppléer au déficit de légitimité des États et à la fragmentation du corps social, et d'alimenter les conflits sur les tracés des frontières. Il s'ensuit une surenchère permanente pour l'appropriation de l'idéal panarabe. Mohammed HARBI

Liens utiles