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ARTICLE DE PRESSE: La grande déception des Québécois

Publié le 10/12/2021

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30 octobre 1995 - En présentant ses voeux de fin d'année à ses concitoyens, le premier ministre du Canada, Jean Chrétien, a souhaité que chacun d'entre eux profite des fêtes pour " réfléchir sur les actions à entreprendre pour que le Canada, considéré par les Nations unies comme le pays où l'on vit le mieux au monde, continue de rester pacifique, prospère et uni ". Deux mois après la victoire très serrée des fédéralistes au référendum québécois sur l'indépendance de la province, les Canadiens font tout pour oublier les risques, toujours réels, de désintégration du pays. Ne sont-ils pas, du reste, particulièrement préoccupés par le ralentissement de la croissance et le chômage qui perdure à un niveau élevé (9 % de la population active) ? Seulement un Canadien sur cinq, selon un récent sondage, se déclare disposé à tenter de trouver un nouveau compromis avec le Québec pour que la province francophone se sente plus à l'aise au sein de la fédération. Le Québec reste traumatisé et profondément divisé après l'épreuve référendaire, où, avec un taux de participation extraordinairement élevé, 50,6 % des électeurs ont voté contre la " souveraineté " assortie d'une offre de partenariat avec le reste du Canada. Fédéralistes canadiens et québécois ont été unanimes à constater, au-delà de cette polarisation, que les Québécois réclamaient de profonds aménagements de la fédération canadienne. M. Chrétien l'a reconnu, qui a promis, au soir du référendum, des " solutions innovatrices ", afin que le Canada ne vive " plus jamais pareille crise existentielle ". Mais l'immense majorité des Québécois a été déçue des vagues changements proposés, à la mi-décembre, par M. Chrétien, dans une démarche apparue comme improvisée. Avant même d'attendre le rapport du comité de sages invités à lui soumettre des propositions, le chef du gouvernement canadien a déposé à la Chambre des communes d'Ottawa une résolution reconnaissant que le " peuple québécois " formait une " société distincte ", définie comme " une majorité d'expression française, une culture unique et une tradition de droit civil ". Approuvée par 148 voix contre 91, cette " motion " ne peut cependant qu'avoir valeur de symbole : les Québécois réclament depuis le début des années 80 que la reconnaissance de leurs spécificités soit inscrite dans la Constitution, de manière à protéger les droits (linguistiques et culturels notamment) qui en découlent. Considéré par les indépendantistes comme de la " poudre aux yeux ", ce texte a été vivement décrié par le Reform Party, l'opposition canadienne de droite fortement représentée dans l'ouest du pays. Son chef, Preston Manning, est opposé " à mort ", selon ses termes, à tout privilège particulier au bénéfice du Québec, susceptible d'écorner le principe de l'égalité des dix provinces canadiennes. Tout aussi symboliquement, les députés d'Ottawa ont adopté une deuxième résolution en faveur d'un droit de veto à toute modification de la Constitution, qui serait octroyé non seulement au Québec mais aussi à l'Ontario, à la Colombie-Britannique, ainsi qu'à deux ensembles régionaux, les provinces Atlantiques et celle du Centre-Ouest. Un dernier texte entérine le principe de la décentralisation de certains pouvoirs fédéraux, comme la formation professionnelle, vers les provinces. Les fédéralistes, tout comme les nationalistes québécois dits " indépendantistes mous ", s'attendaient à un programme à la fois plus original, concret et ambitieux. Les éditorialistes ont fustigé le manque d'imagination et de " vision " de M. Chrétien. Preston Manning, lui, est allé jusqu'à réclamer la destitution d'un homme jugé incapable de trouver le souffle nécessaire pour sauver la patrie en danger. M. Chrétien doit composer avec un processus d'amendement constitutionnel particulièrement lourd et compliqué, qui suppose souvent l'unanimité des gouvernements provinciaux et de leur Parlement. Toutes les parties devront obligatoirement se retrouver avant le 17 février 1997, date limite fixée pour une révision de la Constitution, quand celle-ci a été rapatriée de Londres, en 1982. Un large éventail d'options paraissent, en revanche, ouvertes pour Lucien Bouchard, l'artisan de la formidable remontée du " oui " dans les quelques semaines ayant précédé le référendum. Candidat à la succession du premier ministre démissionnaire du Québec, Jacques Parizeau, il devrait être intronisé, le 12 janvier 1996, par le congrès du Parti québécois (indépendantiste) qui s'annonce comme pure formalité : " Saint Lucien ", toujours aussi populaire, n'a pas de concurrent. M. Bouchard, qui vient de recevoir des menaces de mort d'un mystérieux groupe extrémiste anglophone opposé à l'indépendance, deviendra alors automatiquement le chef du gouvernement québécois, conformément aux règles du système politique d'inspiration britannique en vigueur au Canada. Il ne pourra proposer, aux termes de la loi, le nouveau référendum promis (le troisième après ceux de 1980 et 1995) qu'après la tenue d'élections générales, dont il a tout loisir de fixer la date. Son intention proclamée est d'abord de lutter contre le chômage et d'assainir les finances publiques d'une province lourdement endettée. Autant de " sacrifices " qui entameront peut-être sa popularité. En attendant, Jean Chrétien affirme qu'il passe une bonne partie de son temps à dissuader les investisseurs, inquiets d'un climat toujours incertain, à quitter le Québec vers des cieux plus sereins. MARTINE JACOT Le Monde du 2 janvier 1996

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