ARON (Raymond)

« ARON (Raymond), philosophe, sociolo­ gue et écrivain français (Paris 1905 -id.

1983).

La philosophie politique qu'il élabora, de son expérience de l'Alle­ magne de Weimar (la Sociologie alle­ mande contemporaine, 1936; Essai sur la théorie de l'histoire dans l'Allemagne contemporaine, 1938) à celle de la crise des démocraties et de l'idéologie libérale (Plaidoyer pour l'Europe décadente, 1977), compose une sorte de méditation continue sur la dérive qui conduit des idées de bonheur et de liberté du Siècle des Lumières aux dictatures contempo­ raines qui se réclarnent du marxisme (D'une Sainte Famille à l'autre.

Essai sur les marxismes imaginaires, 1969).

Réflé­ chissant s11r son aventure personnelle, qui de l'homme de gauche qu'il était (il avait pa1·ticipé avec son condisciple , J.-P.

Sa1·tre de l'Ecole no11nale supé- rieure à la fondation des Temps moder­ nes en 1945) avait fait de lui un disciple de Tocqueville, il place au cœ11r du problème des sociétés contemporaines le déchirement de l'intellectuel entre la morale et la politique (l'Opium des intellectuels, 1955 ; Histoire et dialecti-que de la violence, 1973).

La liberté ne peut être vécue, ainsi que le pensait Sartre, comme pure spontanéité : la « praxis » suppose la socialisation des actes, elle-même tributaire du passé.

Le modèle de l'action est moins le révolté irresponsable que l'ingénieur patient.

Professeur de sociologie à la Sorbonne ( 1956), professeur au Collège de France (1970), R.

Aron a ainsi mené une analyse comparée des régimes occidental et soviétique sous le triple aspect économi­ que (Dix-Huit Leçons sur la société industrielle, 1963), social (la Lutte des classes, 1964) et politique (Démocratie et Totalitarisme, 1965), définissant les Étapes de la pensée sociologique (1967) et cherchant à dégager les règles des rapports internationaux (Paix et Guerre entre les nations, 1962 ; Penser la guerre.

Clausewitz, 1976).

Il a laissé des Mémoires ( 1983).. »