ANALYSE LINEAIRE LA FAUTE A EVE D'ANNE SYLVESTRE
Publié le 11/11/2022
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«
FICHE BAC N°1/ ANNE SYLVESTRE, la faute à Eve, 1978
Anne Sylvestre, chanteuse, autrice compositrice, (1934-2020) est connue pour
être une des interprètes de chansons féministes (Une sorcière comme les autres,
par exemple) qui sont devenues emblématiques de ce mouvement.
Dans la
chanson la faute à Eve, tirée de l’album J’ai de bonnes nouvelles paru en 1979,
A.
Sylvestre reprend l’histoire de la Genèse et du récit du Paradis et du fameux
passage du fruit défendu.
En quoi ce texte manie l’ironie pour mieux mettre en
cause les clichés misogynes véhiculés par la religion ?
Le titre : la faute à Eve
La : défini, nous connaissons tous cette faute, elle est emblématique de la
religion chrétienne, nous savons de quoi cette chanson va nous parler.
Le terme « faute » : fait de manquer aux prescriptions d’une religion renvoie au
péché originel.
La préposition « à » est l’utilisation du langage populaire impropre :
normalement la faute d’Eve.
Eve : première femme selon la Bible : hawwal : en hébreu : mère de tous les
vivants.
Expression : fille d’Eve : femme incarnant la tromperie, une ève :
femme adultère, pécheresse.
STROPHE I
Introduction par « d’abord » : connecteur logique temporel d’organisation,
argumentatif, repris par « Oui mais II, après III, Alors IV, Après ça V, là c’est
VII, En plus IX, Mais X », nous sommes donc en face d’un texte très structuré et
argumentatif.
Elle a goûté la pomme : reprise de l’erreur de traduction véhiculée par la
Vulgate (traduction en latin de la Bible) : le terme pomum, ne fait pas référence
à une pomme mais au fruit d’un arbre, l’essence de cet arbre a fait l’objet de
beaucoup de commentaires, on penche plutôt pour le figuier car c’est de ses
feuilles qu’Adam se couvre.
Même que : impropre, de même que, tournure familière : procédé utilisé
constamment dans le texte : oubli volontaire de la deuxième partie de l’adverbe
négatif : C’était pas/ ce n’était pas.
Le contraste fournit entre le caractère sacré
des personnages et l’utilisation du langage populaire, familier, grossier est
constant dans le texte, il permet une remise en cause du caractère sacré des
personnages et les renvoie à une dimension familière et prosaïque.
Le fait que la pomme n’était pas très bonne est une remise en cause implicite de
la création divine : nous sommes au paradis ce fruit ne pouvait donc qu’être bon.
Y’avait : tournure familière.
Rien d’autre en somme : contre vérité puisque le
paradis offrait toutes les possibilités de nourriture.
Elle a eu raison/eh bien non : caractère antithétique des deux parties du vers.
La suite de la strophe met en place une sorte de dédouanement d’Adam : ce
n’est pas lui qui a commis le vol, il est donc innocent.
A.
Sylvestre le renvoie
aussi à son ventre, ici Adam est gouverné par la faim : il l’a bouffée la pomme
jusqu’au trognon et vite fait.
Adam est renvoyé à son avidité, à son estomac,
nous trouvons ici une dévalorisation du caractère sacré des personnages
bibliques.
L’utilisation du langage populaire, familier, grossier entre aussi dans cette
remise en cause du dogme biblique.
Adam est ravalé au rang d’un être gouverné
par son instinct et qui se dédouane de toute intervention dans « la faute » d’Eve.
L’utilisation des expressions sarcastiques « bouffée la pomme… » (ironie
acerbe) font de ce texte un texte satirique et humoristique : on tourne en dérision
les personnages bibliques.
STROPHE II
Oui mais : connecteur logique d’opposition.
C’est : importance des présentatifs démonstratifs : C = cela, ça, c’était …tous
ces démonstratifs renvoient à la faute.
Faute : du latin fallita : action de faillir, origine falsus/fallere : faillir/défaut.
La
première femme a donc un défaut, elle a manqué à une règle première : obéir à
Dieu à ses recommandations.
Il a rien fait : tournure populaire : absence de la deuxième négation
Insistance à nouveau sur l’innocence d’Adam.
Reprise du procédé ironique :
l’auteur prête à Adam des actions totalement terre à terre et opportunistes.
Il y a
une dichotomie (séparation) entre la faute, le péché originel : début d’une tache
indélébile sur l’humanité pour la religion chrétienne et ses conséquences
vulgaires dans l’attitude d’Adam : manger.
Pomme : en anaphore : I.1, I.7.
La pomme est un fruit mythologique par
exemple la pomme de discorde de la mythologie grecque : Aux noces de Thétis
et du héros Pelée, tous les dieux toutes les déesses sont invités, sauf qu’Eris la
déesse de la discorde a été oubliée.
Elle envoie au milieu des convives de la
noce une pomme en or.
Sur cette pomme est écrit : « A la plus belle ».
Les trois
déesses présentes : Héra, Aphrodite, Athéna, se disputent cette pomme.
Zeus
tranche en désignant Paris, prince de Troie pour départager les déesses, il choisit
Aphrodite qui lui a promis Hélène, la plus belle des mortelles.
Paris enlève
Hélène, femme du roi grec Ménélas.
C’est le début de la guerre de Troie.
On retrouve la pomme : Blanche Neige, Apple, globe impérial tenu par les rois
et empereur avec leur sceptre en forme de pomme, Guillaume Tell, découverte
de la gravité par Newton qui aurait reçu une pomme sur la tête, peintures
surréalistes de Magritte.
La référence à la Bible : principe de l’intertextualité : référence dans un texte à
un autre texte de manière explicite ou implicite.
STROPHE III
Après ça : connecteur logique temporel.
Dieu en colère leur dite avec des hurlements.
Emploi de l’hyperbole :
hurlements.
L’hyperbole est l’une des figures de style de l’ironie.
Dieu n’a pas
besoin de parler fort pour être compris.
L’image véhiculée ici de Dieu indique
qu’il n’est pas maître de lui-même, remise en cause de l’image divine.
Reprise
du procédé humoristique qui s’oppose au caractère sacré des personnages.
Le terme inventaire continue à déconstruire l’image divine : il est ravalé à une
fonction de magasinier du paradis.
Les strophes fonctionnent comme des mini-vignettes de bandes dessinées.
Le terme « fanfaronne » : personne qui se vante de sa bravoure, fait d’Eve une
sorte d’héroïne face à la figure divine.
Mais A.
Sylvestre met en place une
relation triviale entre Dieu et sa créature : « papa » ; Les deux derniers vers de
façon implicite remettent en cause la création divine : la pomme n’est pas....
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