Amalaric

« Amalaric Roi des Wisigoths, fils légitime d'Alaric II, et petit-fils, par sa mère, Théodogothe, de Théodoric, roi des Ostrogoths.Quand le regnum tolosanum fut détruit et son père vaincu et tué par Clovis à la bataille de Vouillé, en 507 il n'avaitque cinq ans et cette circonstance permit à Gésaléic, fils naturel d'Alaric, " homme vil et d'une incapacité manifeste" selon saint Isidore, de se faire reconnaître dans une assemblée tenue à Narbonne, pendant qu'Amalaric étaitemmené par ses partisans au-delà des Pyrénées.

Son grand-père décida dès ce premier moment d'imposer sacandidature.

Cela signifiait qu'il devait lutter en même temps contre Gésaléic et contre Clovis et son alliéGondebaud, roi des Burgondes, qui aspiraient à conquérir ce que les Wisigoths conservaient encore en France,c'est-à-dire la Septimanie et la Provence, dont les villes les plus importantes étaient Narbonne, Arles et Marseille. Narbonne fut prise par Gondebaud, mais Gésaléic put se réfugier à Barcelone pendant que l'armée franco-bourguignonne assiégeait Arles qui lui opposa une longue résistance.

C'est à ce moment qu'entrèrent en scène lessoldats du roi ostrogoth commandés par le général Ibbas qui était catholique et avait une grande expérience desaffaires militaires.

En 510, Arles était libérée, Narbonne récupérée, et les Francs furent obligés de se retirer deCarcassonne.

Il s'ensuivit un accord par lequel on reconnaissait à Clovis toutes ses conquêtes, mais la Narbonnaiseet la Provence restaient aux mains des Wisigoths.

Ibbas se dirigea ensuite contre Gésaléic, qui laissa Barcelone etse réfugia à la cour des Vandales d'ou il retourna en France à la fin de 510.

Il réussit à grouper ses partisans et àmarcher contre Ibbas, appuyé peut-être par Clovis, mais fut battu au nord de Barcelone, capturé et tué près de larivière de Druccucio, en Gaule, peu de temps avant la mort de Clovis, survenue elle-même le 27 novembre 511. Dès ce moment, Théodoric régna en Espagne au nom de son petit-fils, avec un pouvoir tel que le trésor même duroyaume, qui était le symbole de la monarchie, fut transporté à Ravenne.

Il y eut quinze années de paix et d'uneadministration soigneuse, que le roi des Ostrogoths exerça au travers d'hommes investis de sa confiance : Ibbas enpremier lieu, Leuviritus et Theudis, lequel fut élu roi après la mort d'Amalaric.

Nous avons un écho de cette activité,consacrée à la réorganisation du pays, dans les Variae de Cassiodorus, très intéressantes pour la connaissance desinstitutions de l'Espagne wisigothique.

La foi catholique n'eut en rien à souffrir de ces gouverneurs, puisque lesévêques eurent pleine liberté pour se réunir en concile et pour maintenir leurs relations avec le Saint-Siège. A la mort de Théodoric (30 août 526) ses deux petits-fils Athalaric et Amalaric furent reconnus, le premier en Italiecomme roi des Ostrogoths, le second en Gaule et en Espagne comme roi des Wisigoths.

Le trésor du royaumeretourna à Narbonne, mais, par un traité conclu peu après, les deux cousins convinrent que le cours inférieur duRhône marquerait désormais la séparation des deux royaumes.

Amalaric séjourna habituellement à Narbonne ; maisau lieu de vivre en union avec ses anciens protecteurs, il voulut avoir des relations pacifiques avec les Francs.

Pours'assurer contre les ambitions de ses dangereux voisins, il demanda en mariage Clotilde, fille de Clovis et de sainteClotilde.

Cette union entre la maison franque et la famille royale wisigothique était inspirée par une bonne intentionmais elle fut funeste pour Amalaric et pour son pays.

Il ne semble pas qu'Amalaric ait été un persécuteur descatholiques.

Selon la vie de saint Dalmace de Rodez, il fut même incliné à se convertir au catholicisme, et d'autrepart, sous son gouvernement, les évêques purent tenir divers conciles, le second de Tolède, par exemple, célébréen 527.

Mais il ne réussit pas à assurer la paix dans sa propre maison.

La Vie de saint Droctovée nous parle de sesdifficultés avec la reine, dont les légèretés sont notées par quelque écrivain ancien ; mais la source la plusimportante sur ce point est l'Historia Francorum de Grégoire de Tours, qui nous parle des vexations et des outragesqu'elle eut à subir avec des détails pittoresques : " Elle supporta, nous dit-il, de grandes humiliations de la part deson mari, puisque quand elle allait à l'église, on jetait des saletés et déchets sur sa route ; et on la fit souffrir à cepoint qu'elle se crut obligée d'envoyer à son frère Childebert un linge imprégné de son propre sang, dont la vueremplit de fureur le cœur du fils de Clovis.

" En définitive, sous l'instigation de Clotilde, le roi de Paris entra en Septimanie à la tête d'une armée.

Amalaric essayade résister près de Narbonne, mais il éprouva une grave défaite, dans laquelle, selon Procope et Grégoire de Tours, iltrouva la mort.

Nous devons croire plutôt la version de saint Isidore et du pseudo-Fredegaire, qui nous disentqu'Amalaric, après la bataille, se réfugia à Barcelone, où il périt dans un soulèvement, excité par l'Ostrogoth Theudis,qui depuis longtemps intriguait pour arriver au trône.

Le coup fatal lui aurait été porté de la main d'un Franc appeléBesson, si nous devons en croire la Chronica caesaraugustana.

Sa mort doit se placer en 531, puisque tous leshistoriens, suivant Isidore de Séville, nous disent qu'Amalaric régna cinq ans depuis 526.. »