Algérie 1991-1992 Madani emprisonné, Boudiaf assassiné
Publié le 10/09/2020
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Algérie 1991-1992
Madani emprisonné, Boudiaf assassiné
Année du trentième anniversaire de l'indépendance, 1992 devait aussi être celle
du passage de l'Algérie au pluralisme politique et, après plusieurs reports, de
ses premières élections libres.
Cette année aura finalement été marquée par le
blocage du processus démocratique et par l'assassinat, pour la première fois au
Maghreb, d'un président de la République.
L'intervention de l'armée, pour la
troisième fois en trois ans et demi, et l'instauration le 9 février 1992 de onze
mois d'état d'urgence après les quatre mois d'état de siège déjà proclamés en
juin 1991, ont sonné le glas des espoirs apparus après l'"ouverture" qui suivit
les émeutes d'octobre 1988.
C'est le Front islamique du salut (FIS) qui fut le catalyseur - et le principal
acteur, avec l'armée - de deux crises successives.
En juin 1991, l'armée avait
porté un coup d'arrêt aux manifestations violentes organisées par le FIS et
annulé les élections législatives.
Après des années de laxisme, ce changement
dans la gestion du phénomène islamiste, illustré notamment par l'arrestation de
ses principaux dirigeants, n'allait cependant pas sans un "volet" politique.
Il
marqua l'intronisation par l'armée d'un nouveau Premier ministre, Sid Ahmed
Ghozali qui remplaça Mouloud Hamrouche.
Le bilan de ces événements fut très
lourd: 150 morts officiellement et plusieurs centaines de blessés de part et
d'autre.
En décembre 1991, le parti islamiste fut à nouveau à l'origine d'une crise et de
l'annulation du scrutin législatif.
Mais l'incertitude qui a régné pendant
plusieurs semaines avant la date prévue pour le premier tour de ce scrutin, le
26 décembre, a montré combien les résistances au processus électoral pouvaient
être grandes parmi les dirigeants du pays.
La présentation et l'adoption, en
décembre, par une Assemblée en fin de course et décrédibilisée, de plusieurs
lois très importantes avaient-elles anticipé une éventuelle et future absence
d'Assemblée? Quoi qu'il en soit, l'énorme médiatisation de l'attaque, le 29
novembre, par un groupe d'islamistes, d'un poste frontalier à Guemmar (trois
soldats tués) avait renforcé le climat d'insécurité.
Le malaise était accentué
par la majorité de la presse qui annonçait que la tenue des élections conduirait
au "chaos" et répétait qu'on ne vote pas sur fond de "crise économique".
Coup d'État "constitutionnel"
Le résultat du premier tour allait déjouer toutes les prévisions des autorités,
à commencer par celles du chef du gouvernement qui, en décriant violemment
l'ancien parti unique FLN (Front de libération nationale), avait fait campagne
pour des candidats "indépendants".
Le rejet du système par la population, mais
aussi les effets pervers de la loi et du découpage électoraux jouant à plein, le
FIS remporta 188 des 430 sièges à pourvoir, avec 3 400 000 voix et 47,54% des
suffrages exprimés.
Ce scrutin au cours duquel près d'un Algérien sur deux s'est abstenu (5 000 000
sur 13 000 000 d'électeurs) a néanmoins fourni une carte politique du pays.
Outre le FIS, seuls le Front des forces socialistes (FFS) de Hocine Aït-Ahmed -
qui a réalisé l'essentiel de son score en Kabylie et s'est imposé comme la
troisième force du pays - et le FLN sont "sortis" des urnes (avec respectivement
26 et 15 sièges), les autres partis étant tous balayés, y compris les deux
mouvements islamiques Hamas et Ennadha, le MDA (Mouvement pour la démocratie en
Algérie) de Ahmed Ben Bella et le RCD (Rassemblement pour la culture et la
démocratie), son leader, Saïd Sadi étant même battu à Tizi Ouzou.
Le résultat spectaculaire de ces élections fit oublier que le FIS avait perdu 1
200 000 voix par rapport à son score aux municipales de 1990.
Les militaires
estimèrent néanmoins que la majorité absolue des voix que le FIS risquait.
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