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Ah ! insensé qui crois que je ne suis pas toi. Victor Hugo

Publié le 16/05/2020

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« Ah ! insensé qui crois que je ne suis pas toi.

Victor Hugo Les romantiques ont parfois été accusés d'accorder trop d'importance à leur « moi ».

Victor Hugo se défendcontre cette accusation dans la préface de son recueil de poèmes intitulé Les Contemplations (1856).

Il n'y a là nulégocentrisme, nul égoïsme, explique-t-il, car le poète n'exprime pas seulement ce qui se passe dans son âme, maisaussi ce que ressentent les autres hommes.Ayant expliqué que son livre pourrait s'appeler Les Mémoires d'une âme, étant « Une destinée écrite au jour le jour»,il enchaîne :«Est-ce donc la vie d'un homme ? Oui, et la vie des autres hommes aussi.

Nul de nous n'a l'honneur d'avoir une viequi soit à lui.

Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une.

Prenezdonc ce miroir et regardez-vous-y.

On se plaint quelquefois des écrivains qui disent « moi ».

Parlez-nous de nous,leur crie-t-on.

Hélas ! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous.

Comment ne le sentez-vous pas ? Ah !insensé qui crois que je ne suis pas toi.Ce livre contient, nous le répétons, autant l'individualité du lecteur que celle de l'auteur.

Homo sum.

Traverser letumulte, la rumeur, le rêve, la lutte, le plaisir, le travail, la douleur, le silence ; se reposer dans le sacrifice, et là,contempler Dieu ; commencer à Foule et finir à Solitude, n'est-ce pas, les proportions individuelles réservées,l'histoire de tous.

» « Chacun a sa façon de regarder la nuit », dit magnifiquement Victor Hugo.

Chaque être comme chaque feuille estunique.

Et chacun, aujourd'hui plus que jamais, tient à sa singularité.Mais ce caractère unique et irremplaçable de chacun peut aller de pair avec un fond de sentiments et de penséescommun à tous les hommes d'une même culture ou même de l'humanité entière.

Grâce à ce fond commun, deshommes fort différents de l'auteur peuvent se reconnaître dans ce qu'il écrit.

Simenon était ravi de savoir que sesromans, pourtant bien ancrés dans le terroir, faisaient vibrer dans le désert asiatique des lecteurs qui vivaient sousla tente entourés de chameaux.

«La destinée est une» disait Victor Hugo.

L'expression vraie du particulier débouchesur l'universel.A cette explication peut s'en superposer une autre.

Du fait de sa grande sensibilité, l'écrivain dispose parfois del'aptitude à se mettre dans la peau des autres.

Il exprime ainsi ce qu'ils ne savent pas, eux, exprimer.

« Il y a en moiun fond de grossièreté qui me permet de comprendre les paysans et de pénétrer loin dans leur vie» écrit JulesRenard dans son Journal.

André Gide (Journal, 29 mai 1923) évoque aussi cette aptitude du créateur qui lui permetde s'identifier à autrui, pour souligner qu'elle peut induire des erreurs d'interprétation :«Le triomphe de l'objectivité, c'est de permettre au romancier d'emprunter le "je" d'autrui.

J'ai donné le change pouravoir bien réussi ; certains ont pris chacun de mes livres pour des confessions successives.

Cette abnégation, cettedépersonnalisation poétique qui me fait ressentir les joies et les douleurs d'autrui beaucoup plus vivement que lesmiennes propres, nul n'en parle aussi bien que Keats (Lettres).

»A la subjectivité du poète n'évoquant que son moi, mais évoquant des échos dans le moi des autres, fait placel'objectivité de celui qui est capable de s'approprier le moi d'autrui.

Le créateur est un, mais des multiples sont enlui.C'est encore Victor Hugo qui a le mieux exprimé cette aptitude du poète à se faire l'interprète de ce qui l'entoure.Dans «Ce siècle avait deux ans » (Les Feuilles d'automne, 1831), après avoir évoqué ses différentes activitéslittéraires, il écrit : «Tout souffle, tout rayon ou propice ou fatal, Fait reluire ou vibrer mon âme de cristal,Mon âme aux mille voix, que le Dieu que j'adore Mit au centre de tout comme un écho sonore.

» Il semble qu'aujourd'hui le sujet s'évapore.

Le « sujet », le « moi », l'« ego », le « je » n'existent pas, nous dit-on.L'écrivain ne parle pas, mais « ça parle » en lui.

Au « je » des romantiques succéderait le « on ».

Nous netrancherons pas dans ce débat, nous bornant à constater que les idées qui viennent d'être énoncées sur laplasticité du créateur et son aptitude à cristalliser ce que ressentent ses contemporains s'accommodent fort bien deces théories.

Il subsiste cependant, dans chacun de ces créateurs, un noyau de cohérence et de dominantes quiressemble bien à un «je ».Mais foin de ces querelles byzantines.

Il demeure incontestable que le « moi » se nourrit toujours de ce qui l'entoureet qu'une catégorie particulière d'individus, les artistes, a la faculté d'exprimer la sensibilité ambiante dans uneforme.Jacques Prévert était dans un café incognito.

La radio se mit à diffuser la chanson « Les Feuilles mortes » dont ilavait écrit les paroles.

L'un des consommateurs fit alors le commentaire suivant : « Celui qui a écrit cette chanson,il devait avoir un sacré bourdon.» (« bourdon » = chagrin en argot.)Sans se faire reconnaître, Jacques Prévert commenta alors ces propos, dans le droit fil de Hugo :— « Ou peut-être qu'il était simplement capable de sentir le bourdon des autres.». »

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