Afghanistan (2004 - 2005)
Publié le 10/09/2020
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Afghanistan 2004-2005
Les limites de l’approche institutionnelle
L’automne 2004 aura été marqué par l’élection présidentielle, tenue le 9
octobre.
Malgré quelques tensions, dues notamment aux réclamations diverses des
quatorze autres candidats, le président en exercice, Hamid Karzaï a été élu avec
55 % des voix et une participation remarquablement élevée (69 %).
Les résultats
ont par ailleurs confirmé la stabilisation de régions politico-ethniques sous la
direction de quelques hommes forts : le général Rashid Doustom chez les Ouzbeks
du Nord-Est (10 %), Hadji Mohammad Mohaqiq chez les Hazaras du centre (11 %) et
Yunus Qanuni chez les Tadjiks du Nord-Est (16 %).
H.
Karzaï a pour sa part
mobilisé une partie importante des votes dans le Sud pachtoune.
Ces élections ont-elles renforcé le pouvoir de H.
Karzaï, imposé par les
États-Unis à une Loya Jirga (assemblée réunissant certaines composantes
politiques et communautaires du pays) réticente en 2002 ? L’onction électorale,
ajoutée au départ programmé de l’ambassadeur américain Zalmaï Khalilzad (été
2005), pouvait laisser penser que le gouvernement afghan allait pouvoir gagner
un peu d’autonomie.
Cependant, le 3 mai 2005, l’Afghanistan et les États-Unis
ont signé un accord prévoyant un « partenariat stratégique » avec notamment la
présence de bases américaines en Afghanistan pour une durée indéterminée et
l’assurance d’une totale liberté d’action pour le commandement américain.
Le
seul point positif pour le président afghan a été une déclaration de George W.
Bush sur un retour possible des prisonniers afghans de Guantanamo (base
américaine située à Cuba), concession obligée en raison des tortures avérées qui
ont eu lieu à Bagram (base américaine en Afghanistan) et Guantanamo.
Cet accord a donc affaibli la légitimité d’H.
Karzaï au moment où
l’antiaméricanisme prenait une tournure spectaculaire dans le pays.
Les
informations publiées par l’hebdomadaire américain Newsweek sur des souillures
infligées au Coran à Guantanamo ont provoqué des manifestations importantes,
tournant à l’émeute à Jalalabad (plusieurs ONG – organisations non
gouvernementales – ont été pillées).
Loin de se limiter aux zones pachtounes, où
l’influence des taliban (activistes islamistes de l’ancien régime) est encore
significative, les manifestations ont également touché les villes du Nord, ce
qui indique la persistance d’un fort courant fondamentaliste et antioccidental.
Sur le plan militaire, l’hiver 2004-2005 a été marqué comme d’ordinaire par un
ralentissement des combats, ce qui a été compris un peu hâtivement par certains
comme un signe de la disparition de la guérilla.
Or, avec le retour des beaux
jours, celle-ci est revenue en force, et les pertes américaines ont été du même
ordre que celles subies en Irak pour la période de mars à mai 2005 : 1,6 pour 1
000 en Afghanistan contre 0,9 pour 1 000 en Irak.
Loin de préparer un retrait la
coalition occidentale, qui comprenait à l’été 2005 18 500 hommes sous
commandement américain et 8 500 troupes de la FIAS (Force internationale
d’assistance et de sécurité, mandatée par l’ONU), devait encore s’étoffer pour
dépasser environ 30 000 hommes, les Britanniques devant envoyer plusieurs
milliers d’hommes supplémentaires.
Par ailleurs, la politique de réconciliation nationale lancée par le
gouvernement de Kaboul dès avril 2003 a marqué le pas.
Les ralliements ont été
marginaux, même si Wakil Ahmed Muttawakil, un ancien ministre taliban, a
souhaité se présenter aux élections législatives de septembre 2005.
En mai 2005,
Sebghatullah Mujaddidi, leader de la Commission indépendante pour la paix en
Afghanistan, a même fait une annonce étendant l’amnistie à Mollah Omar, le
leader des taliban, avant de se rétracter.
Au Pakistan, l’arrestation de
nombreux cadres d’Al-Qaeda, notamment Abou Faraj al-Libbi, a montré un degré
important de coopération du gouvernement pakistanais sur ce dossier, alors même.
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