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AFFECTATION 1 , substantif féminin.

Publié le 08/12/2021

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AFFECTATION 1 , substantif féminin.

Action d'affecter; résultat de cette action (confer affecter1 ).

A.- Rare, vieilli . Affectation de quelque chose, à quelque chose. Action de montrer une grande prédilection pour (une chose) (confer affecter1 A) :

Ø 1. L'herbe croît au milieu des allées, et, dans ces mêmes allées abandonnées, les arbres sont taillés artistement selon l'ancien goût qui régnait en
France; singulière bizarrerie que cette négligence du nécessaire et cette affectation de l'inutile!...

GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Corinne ou l'Italie , tome 1, 1807, page 246.

Ø 2. La politique, qui laissait percer des ombres sous l'enjouement des convives, n'éclata qu'à la fin comme un orage. Un mot de quelqu'un contre
l' affectation à l'Empire rompit la discussion philosophique qui s'était maintenue jusque-là : Cabanis et Chénier eurent de l'éloquence. Des accents tout
nouveaux m'apportaient les mots de république, de liberté et de patrie.

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 1, 1834, page 195.

B.- Action d'afficher une attitude peu naturelle et le cas échéant peu sincère; par extension, attitude qui manque de naturel ou de sincérité.

1. Emploi absolu :

Ø 3. Vallagnosc se renversait mollement sur le canapé. Il avait fermé les yeux à demi, dans une pose de fatigue et de dédain, où une pointe d' affectation
s'ajoutait au réel épuisement de sa race.

ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 451.

Ø 4. Puig m'adressa la parole en catalan. Une affectation à lui, qui veut dire : « c'est le catalan qui est la langue espagnole, et le castillan n'est qu'un
patois. »

HENRI DE MONTHERLANT, La Petite Infante de Castille, 1929, 1920, page 625.

Ø 5.... toujours et partout, fuir le style poétique, et faire sentir qu'on le fuit, qu'on déjoue la phrase per se, qui, par le rythme et l'étendue, sonnerait trop
pur et trop beau, atteindrait ce genre soutenu que Stendhal raille et déteste, où il ne voit qu' affectation, attitude, arrière-pensées non désintéressées.
Mais c'est une loi de la nature que l'on ne se défende d'une affectation que par une autre.

PAUL VALÉRY, Variété II, 1929, page 103.

Ø 6. Si l'on nous objecte que l'adoption d'un tel système n'est, de la part de cette société, que l'effet d'une affectation - d'un « snobisme », - nous
répondrons que, d'abord, cela ne nous est nullement prouvé, du moins d'une manière absolue, l'attachement d'un grand nombre de ses membres aux
oeuvres produites par ce système nous paraissant offrir des signes indéniables de sincérité; qu'ensuite, en admettant l' affectation, le fait que cette
société juge flatteur d'affecter cette esthétique-là et non une autre suffit à classer ses évaluations.

JULIEN BENDA, La France byzantine ou le Triomphe de la littérature pure . 1945, page 148.

Ø 7. Affectation : ce qui est voulu dans la manifestation de notre caractère et de nos affections; mais encore à la condition que ce que nous affectons
d'être tienne par quelque côté à notre naturel. L' hypocrisie n'est pas une affectation, mais on peut affecter d'être hypocrite si on l'est déjà, d'être
grossier si on l'est déjà, d'être léger si on l'est déjà; on peut même affecter d'être naturel et simple.

ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Définitions, [Les Arts et les dieux] Paris, Gallimard, 1961 [1951] .

- Avec affectation :

Ø 8.... comme la fuite de Régina aurait passé pour un rapt si le nom de Saluce y avait été mêlé, Saluce résolut de revenir hardiment à Rome, comme s'il
n'en était jamais sorti, de s'y montrer avec affectation dans les lieux publics et au théâtre, et de démentir ainsi, par sa présence, toute participation à
l'événement dont le public allait s'entretenir.

ALPHONSE DE LAMARTINE, Nouvelles Confidences, 1851, page 206.

Remarque  : Cette phrase est typique pour le passage du sens A au sens B.

Ø 9. Le soir, il arrivait à Sérianne. Il avait acheté en gare l'Humanité qu'il étalait avec affectation devant le nez de son père.

LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 298.

- Sans affectation :

Ø 10.... il arrive souvent que c'est une recommandation auprès de lui que de le mépriser souverainement, pourvu que ce mépris soit vrai, sincère, naïf,
sans affectation, sans jactance.

NICOLAS-SÉBASTIEN ROCH, DIT DE CHAMFORT, Maximes et pensées, 1794, page 39.

Ø 11. Qu'il cherche ailleurs, ce jeune homme, dans les écrits de ma jeunesse, des invitations à la joie, à cette exaltation naturelle dans laquelle j'ai
longtemps vécu; elles abondent. Mais à présent je ne les pourrais réassumer sans affectation . C'est l' affectation qui me rend insupportables tant d'écrits
d'aujourd'hui, et parfois même des meilleurs. L'auteur y prend un ton qui ne lui est pas naturel. C'est là ce que je voudrais éviter. La sincérité doit
précéder le choix des mots et le mouvement de la phrase;...

ANDRÉ GIDE, Ainsi soit-il, ou Les Jeux sont faits, 1951, page 1165.

2. [Suivi d'un complément nominal (nom abstrait; préposition de, dans)] :

Ø 12. Affectation. Dans le langage elle affaiblit la pensée, comme l' affectation dans les manières affaiblit les grâces et la beauté. L'ignorance vaut mieux

qu'un savoir affecté.

Dictionnaire des gens du monde, 1818 .

Ø 13. Faut-il donc s'étonner si, de nos jours encore, on affecte de confondre la philosophie avec la science? Et cette affectation, il faut le dire, ne doit
pas être aujourd'hui imputée aux savants, mais aux philosophes.

AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 474.

Ø 14.... laissant errer ses grands yeux bruns à droite et à gauche sans fausse modestie et cependant sans affectation de hardiesse, la coquette enfant
s'assit auprès de sa mère avec une aisance et une souplesse élégante qui achevèrent d'exaspérer les jalousies de l'entourage.

ANDRÉ THEURIET, Le Mariage de Gérard, 1875, page 79.

Ø 15. - J'ai lu d'un peu plus près Desprax. De menues choses charmantes. Deux pièces à un ami mort assez audacieuses. De longues choses
embêtantes et surtout un déluge de roses et de pièces genre antique, grec, Théocrite (direction Académie française), à grand renfort de « boucs puants
» et « d'amours englués ». Cela me le rend très déplaisant, et aussi son affectation d 'alexandrins très classiques, très faciles et très creux - entremêlés
d'alexandrins brisés, à enjambements, non moins faciles.

HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, JACQUES RIVIÈRE, Correspondance, lettre de Alain-Fournier à Jacques Rivière, février 1906,
page 302.

Ø 16. - Ah! vraiment, vous supprimez la garde du château Monsieur Rouletabille! et bien, vous m'en voyez toute réjouie, non point qu'elle m'ait jamais
gênée! fait Mrs Edith avec une affectation de gaieté ( affectation de peur, affectation de gaieté, je trouve Mrs Edith très affectée et, chose curieuse, elle
me plaît beaucoup ainsi), au contraire, elle m'a tout à fait intéressée à cause de mes goûts romanesques...

GASTON LEROUX, Le Parfum de la dame en noir, 1908, page 113.

Ø 17. Il avait repris avec moi son affectation d 'indifférence. Mais, dès cette époque, le mot affectation était peut-être impropre. C'était de l' indifférence
vraie.

RAYMOND ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, page 119.

Ø 18. Bleuler a décrit leur « rigidité affective », qui laisse une impression d' affectation, de formalisme, de solennité ou de pédantisme. Kretschmer parle
de leur aristocratisme : recherche d'une langue précieuse, affectation dans les soins du corps, ou dans l'habillement, maniérisme.

EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 366.

3. [Suivi d'un infinitif]

- Affectation à, mettre de l'affectation à :

Ø 19. Elle, ne paraissait pas autre que de coutume. Elle manoeuvrait, jacassait, cousait comme d'habitude. Il remarqua seulement une certaine
affectation à ne pas le voir.

GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Les Soeurs Vatard, 1879, page 276.

Ø 20. Ponctuel et dur dans le service, il affectait une ignorance systématique des incidents de famille pouvant plus ou moins troubler la vie du
personnel placé sous sa haute direction. Il semblait qu'à ses yeux la pâte humaine dût être exclusivement consommée sous l'espèce administrative. Il
mettait de l'affectation à exiger que les congés fussent limités à leur terme réglementaire et sa manière de conduire manquait de bonté.

ÉDOUARD ESTAUNIÉ, L'Ascension de Monsieur Baslèvre, 1919, pages 7-8.

- Affectation de :

Ø 21. L' affectation qui est une pédanterie (car j'appelle pédanterie, l' affectation de me parler, hors de propos, d'une robe de Leroy ou d'une romance de
Romagnesi, tout comme l' affectation de citer Fra Paolo et le concile de Trente à propos d'une discussion sur nos doux missionnaires); la pédanterie de
la robe et du bon ton, la nécessité de dire sur Rossini précisément la phrase convenable, tuent les grâces des femmes de Paris...

HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, De l'Amour, 1822, page 208.

Ø 22. Je jurerais que ce garçon est un petit roué qui a joué une vilaine comédie. Remarquez cette ostentation, cette affectation de venir le jour, c'est-à-
dire dans les meilleures conditions pour être vu.

LOUIS-ÉMILE-EDMOND DURANTY, Le Malheur d'Henriette Gérard, 1860, pages 109-110.

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