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Abécédaire L'Adversaire, E. Carrère

Publié le 11/02/2024

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« Abécédaire L’Adversaire Emmanuel Carrère A comme Absurde Définition dans le contexte de l’œuvre (nom masculin et adjectif) : qui est manifestement et immédiatement senti comme contraire à la raison au sens commun et parfois quasi-synonyme d’impossible au sens de « qui ne peut ou ne devrait pas exister » ; qui agit, se comporte, juge d'une manière non conforme aux lois ordinaires de la raison L’absurde est omniprésent dans l’œuvre d’Emmanuel Carrère, au niveau des propos et agissements du personnage principal et au niveau de l’absence de réaction de son entourage.

Dans cette histoire, tout est contraire à la raison. En effet, alors que les mensonges répétés de Jean-Claude sont souvent peu logiques et auraient dû éveiller des soupçons, personne en 17 ans n’y prête vraiment attention ou ne cherche à les vérifier : « Un menteur s'efforce en général d'être plausible : ce qu'il racontait, ne l'étant pas, devait être vrai ».

Pendant onze ans, Jean-Claude va ainsi être admis en 2e année de médecine, ce qui est « stupéfiant ».

Et pendant cette période, entre 1975 et 1986, ni ses amis ni Florence ne se rendront compte de la supercherie, de son absence aux examens, acceptant une « invraisemblable explication », « voilà tout ».

Soi-disant en poste à l’OMS, Jean-Claude n’est jamais joignable directement par téléphone : même si Florence et le président de l’OGEC parlent de « bizarrerie », personne ne creuse la question.

Pourtant, comme le fait remarquer le juge d’instruction : « travailler pendant dix ans sans que jamais votre femme ni vos amis vous appellent au bureau, cela n'existe pas.

».

Les parents Romand ne s’inquiètent pas non plus que leur fils médecin continue de leur prendre de l’argent.

De même, Corinne ne s’étonne pas du retrait en liquide de ses économies qu’elle remet sans justificatif à Jean-Claude.

Luc s’étonne que son ami soit suivi pour son cancer par le célèbre professeur Schwartzenberg : « cela aussi étonnait Luc : il n'imaginait pas que ce médecin trop célèbre soignât encore de patients, à supposer qu'il en eût jamais soigné » mais il ne pousse pas plus loin son raisonnement.

Pareil, Corinne en voyage avec Jean-Claude s’étonne que parmi le « groupe de médecins dont beaucoup se connaissaient entre eux », personne ne soit connu de Jean-Claude et que celui-ci prenne « soin à éviter leurs compagnons de voyage, couper court aux conversations, faire bande à part".

Le fait que le médecin ne fasse jamais d’ordonnance et aille chercher des médicaments à la pharmacie Cottin est aussi absurde mais ne choque personne.

Enfin, même le banquier pourtant étonné des « rentrées irrégulières » d’argent sur le compte de son client ne pose aucune question. Jean-Claude lui-même qualifie son histoire d’« étrange » et s’étonne que ses absurdités soient acceptées par tous. L’absurde apparaît enfin aussi en référence à Albert Camus dont un extrait de La Chute est utilisé par JeanClaude dans une lettre.

Or cet auteur est connu pour son cycle de l’Absurde qui désigne une partie de son œuvre. C comme Chiens Définition dans le contexte de l’œuvre (nom masculin et adjectif) : mammifère carnivore anciennement domestiqué, dressé à la garde des maisons et des troupeaux, à la chasse ou bien élevé pour l'agrément Le chien est un animal très présent dans la vie de Jean-Claude, depuis son enfance.

Il a eu de nombreux chiens qui sont ses seuls confidents : "je ne confiais jamais le fond de mes émotions, sauf à mon chien…". A leur évocation lors du procès, il pleure et est pris de malaise, « poussant un gémissement à glacer le sang ».

Ainsi, « tout au long du procès, les chiens de sa vie ont réveillé chez lui des émotions intenses ».

JeanClaude justifie ses réactions en disant que parler de ses chiens ravive sa mémoire, ses « secrets d’enfance, des secrets lourds à porter » mais certaines personnes au tribunal jugent « monstrueux que cette émotion, chez un homme qui avait tué ses enfants, se manifeste à propos d'un chien". Les chiens sont aussi une source de souffrance pour le personnage, notamment quand ils meurent ou disparaissent.

C’est le cas de son premier chien dont il soupçonne le père de l’avoir abattu sans oser l’avouer.

Jean-Claude assiste aussi à l’agonie d’un de ses chiens et lui réserve un « flacon de Nembutal » : il songera plus tard à l’utiliser contre lui-même, pour se suicider. C’est enfin aux chiens que pense Emmanuel Carrère lorsqu’il cherche à trouver un point de vue narratif pour la biographie, preuve que ces chiens ont une place particulière dans l’histoire et la vie de Jean-Claude : « La suggestion que vous me faites dans votre dernière lettre, plaisantant à demi, d'adopter celui de vos chiens successifs, m'a à la fois amusé et convaincu que vous étiez conscient de cette difficulté.

» E comme Escroc Définition dans le contexte de l’œuvre (nom masculin) : celui qui commet une escroquerie, un délit consistant à s’approprier un bien d’autrui par des moyens frauduleux Jean-Claude est un « petit escroc », un voleur.

Il finance sa double-vie en faisant croire à ses proches qu’il peut leur faire gagner de l’argent en plaçant leurs économies. Ainsi, il prend 900 000 Francs en liquide et sans justificatif à Corinne en lui promettant de les placer en Suisse.

Au lieu de cela, il détourne son argent.

Il escroque aussi son beau-père en récupérant les 378 000 Francs correspondant à sa retraite, qui seront versés « sur un compte à son nom ».

Atteint d’un cancer, l’oncle de Florence accepte de lui verser plusieurs fois 15 0 000 Francs pour financer un projet de recherche visant à le guérir de son cancer.

Le « traitement -miracle » est un mensonge et l’oncle décède quelque temps après.

Les victimes font donc confiance à Jean-Claude, du fait de son statut, de sa parole, et ne réclament même pas de preuve du dépôt d’argent : « D'une façon générale, ni les Crolet ni les Romand, ses principaux actionnaires, n'ont jamais vu un document bancaire témoignant du dépôt du capital ou du cumul des intérêts ». Le jour où son beau-père réclame une partie de l’argent placé pour s’offrir une Mercédès, il meurt suite à une chute dans l’escalier alors qu’il était seul avec Jean-Claude.

Sa veuve, Mme Crolet, va ensuite confier à Jean-Claude l’argent de la vente de la maison familiale, soit 1 300 000 Francs, somme qu’il va « dépenser avec plus de largesse encore ». Ainsi, tout cet argent récupéré de manière frauduleuse lui permet pendant dix-sept ans de vivre confortablement et financer sa double vie, ses mensonges.

Il paye les nuits d’hôtels, les restaurants, les cadeaux, les voitures, … C’est aussi cette escroquerie qui conduit Jean-Claude aux meurtres : quand Corinne lui réclame une partie de son placement avec insistance, Jean-Claude tente de la tuer et, au pied du mur, décide d’assassiner ses proches et songe à se suicider. Jean-Claude est donc un escroc et la menace que cette escroquerie soit découverte déclenche son passage à l’acte. M comme Maladie Définition dans le contexte de l’œuvre (nom féminin) : Altération de l'état de santé se manifestant par un ensemble de signes et de symptômes perceptibles directement ou non, correspondant à des troubles généraux ou localisés, fonctionnels ou lésionnels, dus à des causes internes ou externes et comportant une évolution.

La maladie peut être réelle ou imaginaire. La maladie est omniprésente dans l’œuvre car elle touche plusieurs personnages dont le personnage principal. Les parents de Jean-Claude sont « âgés et malades ».

Notamment, la mère de Jean-Claude est sans doute dépressive bien que personne ne sache pas exactement de quoi elle souffre.

Elle se fait du « mauvais sang ». Sa maladie est décrite comme « organique » et amène Jean-Claude à cacher la vérité à sa mère pour ne pas la faire souffrir.

Le désir de comprendre la maladie de sa mère pourrait être à l’origine du souhait de JeanClaude de devenir médecin.

Le père de Florence aussi est malade et finira par mourir faute d’avoir reçu le « traitement-miracle » promis par son gendre.

Sa femme, la belle-mère de Jean-Claude, tombe en dépression ensuite.

Même le chien d’enfance de Jean-Claude est peut-être mort des suites d’une maladie. Jean-Claude se présente lui-même comme une personne malade, souffrant des mensonges qu’il créé.

« Le destin avait voulu qu'il attrape le mensonge et ce n'était pas sa faute s'il l'avait attrapé ».

Il parle de sa « mythomanie ».

Parmi les nombreux mensonges qu’il invente, une maladie revient souvent, le cancer. C’est lorsque Florence le quitte pour la première fois que Jean-Claude, pour se faire plaindre et pour que Florence revienne, invente qu’il souffre d’un lymphome.

Ainsi, la « maladie prend la place du mensonge pour les autres ».

Jean-Claude s’installe « dans l'état d'esprit d'un malade ».

L’invention de son cancer lui permet aussi de ne pas se présenter à des concours (Eaux et Forêts, médecine) ou de ne pas aller travailler..... »

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