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Abbé PREVOST . Manon Lescaut, livre 2nd, 1731. – DG retrouve Manon quittant GM

Publié le 05/03/2025

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« Abbé PREVOST .

Manon Lescaut, livre 2nd, 1731.

– DG retrouve Manon quittant GM Introduction L’Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut est originale à plus d’un titre : tout d’abord l’abbé Prévost transpose dans son roman la technique de la mise en abyme, fréquemment utilisée au théâtre.

De plus il y a deux narrateurs : Renoncour, aristocrate, honnête homme, plein de compassion et de générosité, qui raconte l'histoire de sa vie, & le chevalier Des Grieux, héros malheureux de l'histoire de Manon Lescaut qu’il raconte. Dans ce passage, extrait du livre second, s’annonce la chute fatale des deux amants : Tombé sous le charme de Manon, le fils de M.

de G…M… veut l’entretenir.

Manon accepte les présents de l'homme et se rend à l'inauguration de son hôtel particulier parisien avec l'intention de rejoindre ensuite des Grieux (qui est au courant de ce plan) en emportant le plus de biens possibles.

Mais elle ne fait pas ce qu'elle avait promis et trahit ce dernier, qui la retrouve quelque temps plus tard.

Manon y justifie son libertinage au nom même de son amour pour Des Grieux qui demeure désarmé.

Que peut-on penser d’un tel aveu ? Nous verrons comment l’écriture de Prévost met en avant le contraste entre l’amour sincère de Des Grieux et l’opportunisme de Manon, à travers un registre pathétique et une narration marquée par l’ironie tragique ? Pour répondre à ce projet de lecture, nous étudierons les mouvements suivants : - L 1 à 11 : Manon raconte la fastueuse réception faite par GM, - L 10 à 15 : La réflexion de Manon, inhérente au couple formé avec Des Grieux, - L 16 à 24 : La réaction de Des Grieux, pas vraiment désabusé. Premier mouvement : L 1 à 11 : Manon raconte la fastueuse réception faite par GM Lignes 1-4 : La réception princière de Manon Le passage s’ouvre sur une prise de parole de Manon, qui raconte ce qui lui est arrivé depuis son départ.

Cette construction narrative est essentielle : Des Grieux est réduit au rôle de spectateur, écoutant le récit de sa bien-aimée qui se met elle-même en scène. • “Elle m’apprit alors tout ce qui lui était arrivé” : La tournure impersonnelle efface toute émotion immédiate et donne un ton factuel au récit de Manon.

Le « tout », pronom indéfini, sous-entend toutes les choses qui lui sont arrivées. .

De la L 2 à 4, nous avons une description très détaillée, retranscrite au discours indirect libre par Manon qui va même jusqu’à la L9 « Il l’avait reçue », « Il lui avait montré », « Il lui avait compté », « Il l’avait menée », « Il l’avait fait servir »… C’est aussi ce que l’on nomme un parallélisme de construction, mettant l’accent sur les actions menées par G.M.

à l’encontre de Manon, qui reste passive.

Cette passivité est visible au travers des compléments d’objets qui se succèdent dans ce passage. • “Il l’avait reçue effectivement comme la première princesse du monde” : L’hyperbole “première princesse du monde” renforce l’image d’un accueil fastueux.

L’adverbe “effectivement” donne un aspect objectif, presque froid, comme si Manon rapportait un fait indiscutable, ignorant l’impact de ses mots sur Des Grieux. • “Il lui avait montré tous les appartements, qui étaient d’un goût et d’une propreté admirables” : L’accumulation de termes valorisants (“goût”, “propreté”, “admirables”) participe à l’éblouissement.

La mise en avant du décor souligne la séduction par la richesse matérielle, qui prend le pas sur les sentiments. ➡ Manon adopte un ton détaché, insistant sur le faste, sans mesurer la douleur qu’elle inflige à Des Grieux, qui lui comprend qu’il ne peut rivaliser avec de telles richesses. Lignes 5-10 : La richesse matérielle et l’inféodation de Manon • “Il lui avait compté dix mille livres dans son cabinet” : Le lexique financier (“compté”, “livres”) révèle une transaction économique plutôt qu’une relation amoureuse.

Manon est “achetée” par la fortune de G… M…, échangeable entre hommes riches. • “Quelques bijoux, parmi lesquels étaient le collier et les bracelets de perles que j’avais déjà eus de son père” : L’objet devient un symbole de trahison.

Manon reçoit de son nouveau protecteur les mêmes présents que Des Grieux avait obtenus auparavant, marquant l’échangeabilité de son amour.

La répétition des cadeaux souligne la banalité et l’interchangeabilité des sentiments, renforçant le pathétique. • “Il l’avait menée le lendemain dans un salon qu’elle n’avait pas encore vu” : La structure passive (“il l’avait menée”) met en avant l’asservissement de Manon : elle est conduite, exhibée comme un objet précieux.

« Collation exquise », allitération qui fait référence au raffinement, à une expérience sensorielle rare pour le commun des mortels.

Ce tourbillon de richesses énoncées jusque-là ne peuvent que faire tourner la tête de Manon. .

L 9-10 : dans cette phrase, l’emploi de « domestiques » et « maîtresse » établit un rapport de pouvoir et de hiérarchie.

Le terme "domestiques" évoque des notions de servitude, de soumission, tandis que "maîtresse" renvoie à une autorité, une possession.

Cela souligne l’inversion des rôles sociaux, où Manon, bien que femme, est élevée au rang de maître dans la relation.

« Faire servir » et « ordonner » : verbes d’action traduisent une dynamique de contrôle et de pouvoir.

"Faire servir" implique que l'on impose une action, un service à autrui, soulignant l'autorité du personnage qui agit.

"Ordonnant" renforce cette idée d'autorité, de commandement, indiquant une volonté de gouverner et de façonner la perception des domestiques envers Manon.

Enfin, l’adverbe « désormais » indique et accentue la rupture car les temps ont changé », Manon est la maîtresse. ➡ Manon apparaît ici comme une courtisane, guidée par le confort matériel plutôt que par des sentiments sincères.

De plus, Manon ne semble pas voir le caractère humiliant de cette situation pour Des Grieux, ce qui accentue son aveuglement et le pathétique. Deuxième mouvement : L 10 à 15 : La réflexion de Manon, inhérente au couple formé avec Des Grieux Lignes 10-15 : La naïveté douloureuse de Des Grieux .

Dans la première phrase : « Je vous avoue » : l’emploi du pronom personnel « je » apparaît dans ce passage.

Il souligne l'individualité et la subjectivité de Manon.

Cela permet au lecteur d'entrer dans son raisonnement et son émotion.

Ce verbe d’action indique une confession, une sincérité qui engage le lecteur.

Cela crée un lien de complicité entre Manon et le destinataire, accentuant l'intimité de leur relation.

« J'ai été frappée » : L'utilisation du participe passé "frappée" suggère une prise de conscience soudaine et impactante.

Ce terme évoque une impression forte, presque violente, qui montre à quel point Manon est impressionnée par la richesse qu'elle observe. • “J’ai fait réflexion en moi-même… d’emporter les dix mille livres et tous ces bijoux” : Mise en avant d’un monologue intérieur qui souligne son trouble psychologique.Manon apparaît ici manipulatrice, laissant transparaître un vrai plan échafaudé « j’ai fait réflexion ».

« ce serait dommage » : argument du gaspillage à ne pas faire face à « tant de biens » terme désignant une profusion de richesses.

Elle cherche ici à infléchir DG, lui montrer qu’il était de leur intérêt qu’elle reste, ceci est accentué par le pronom personnel « nous ».

« Que » : La répétition de "que" dans cette phrase ("que ce serait dommage", "que c'était une fortune") et anaphore qui créent une insistance sur les propositions et les conséquences de ses réflexions. Cela donne une structure rythmique au passage qui renforce son argumentation. .

Dans ces deux phrases, nous retrouvons le champ lexical lié à la richesse et à l’opulence avec « magnificence »,.... »

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