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OUGANDA

État de l'Afrique orientale, s'étendant au N. et à l'O. du lac Victoria, borné par la Tanzanie, le Rwanda, le Zaïre, le Soudan et le Kenya ; capitale Kampala. L'actuelle population de l'Ouganda est composée de deux grands groupes ethniques : au S., des Bantous, qui forment environ les deux tiers de la population totale, et dont le principal groupe est celui des Bougandas ; au N., des peuples nilotiques et soudanais (Langos, Acholis, Itesos...). Parmi la vingtaine de royaumes qui se sont partagé l'Ouganda, se sont affirmés à partir du XVIe s., le royaume Bounyoro des Kitaras et le royaume Bouganda. À la fin du XVIIIe s., ce dernier avait enlevé la suprématie au Bounyoro. Le Bouganda était gouverné par un roi absolu, le kabaka, revêtu d'un caractère sacré ; ce souverain était le maître de tout le sol, qu'il pouvait, selon son bon plaisir, donner en fief ou confisquer. • La colonisation britannique • Troubles et difficultés économiques La colonisation britannique Vers 1840, l'Ouganda commença à être prospecté par des marchands musulmans, trafiquants d'esclaves ou d'ivoire. Par ailleurs, le kabaka se sentait menacé, au nord, par l'expansion égyptienne. Aussi le kabaka Mtesa (vers 1860/84) fit-il bon accueil aux premiers Européens : l'explorateur anglais John Speke, en 1862, puis Stanley, en 1875. Des missionnaires protestants anglais s'établirent en Ouganda dès 1877, et, deux ans plus tard, arrivèrent des Pères blancs français. Cependant, le nouveau kabaka du Bouganda, Mwanga (1884/97), inaugura son règne par une persécution des chrétiens (massacre des martyrs catholiques de l'Ouganda, 1884/85). Profitant d'une guerre entre le Bouganda et le Bounyoro, Lugard, au nom de la British East African Company, imposa le protectorat britannique (1894). Mwanga se révolta en 1897, mais il fut battu par les Anglais, qui le remplacèrent par son fils. En 1900, les Anglais accordèrent au kabaka du Bouganda des privilèges qu'il devait conserver pendant toute la période coloniale. L'administration britannique favorisa les cultures d'exportation (principalement le coton et le café). L'Ouganda ne reçut qu'un petit nombre de colons européens (ils étaient une dizaine de mille au moment de l'indépendance) ; plus importante fut l'émigration en provenance de l'Inde. En 1921, l'Ouganda fut doté d'un Conseil législatif, mais les Africains n'y furent admis qu'à partir de 1945. C'est seulement à la fin des années 1950 que se constituèrent deux partis politiques, le Kabaka Yekka, qui voulait maintenir la prépondérance absolue du roi du Bouganda, et l'Uganda People's Congress du Dr Milton Obote (v.), qui se posait en défenseur des droits de toutes les ethnies. À la suite d'un compromis, un gouvernement de coalition fut mis en place au printemps 1962, et la Grande-Bretagne accorda son indépendance à l'Ouganda (9 oct. 1962). Le nouvel État devint une république, dont le premier président fut le kabaka du Bouganda, Mtesa II, Milton Obote étant Premier ministre. Troubles et difficultés économiques Cet équilibre dura peu de temps : en février 1966, Obote renversa le kabaka, et entreprit la nationalisation des banques et des sociétés européennes. Mais il était renversé, le 24 janv. 1971, par un coup d'État militaire qui portait au pouvoir le commandant en chef de l'armée, le général Amin Dada (v.). Il fallut l'intervention de l'armée tanzanienne, en 1979, pour mettre fin à la dictature d'Amin Dada, responsable notamment du massacre de 200 000 Bougandas et de l'expulsion de 50 000 Indiens du pays ; les oppositions ethniques restaient virulentes et Milton Obote, de nouveau au pouvoir de 1980 à 1985, était à nouveau chassé par une faction militaire représentant les ethnies du Nord. En janv. 1986, l'armée nationale de résistance (ethnies du Sud et de l'Ouest), sous les ordres de Yoweri Museveni, prenait le pouvoir et tentait de redonner un peu de crédibilité à l'État (élections en févr. 1989). 0002000007CA00000F52 7C4,Afin de prévenir une crise politique, le président Museveni engagea un processus de démocratisation. En 1992, l'interdiction pesant sur les partis fut levée, mais ils ne furent pas autorisés à participer à l'élection de l'Assemblée constituante en 1994, après le rétablissement de la monarchie du Bouganda en juill. 1993. Les élections confortèrent le pouvoir en place et, en mai 1996, le président Museveni, qui, face à l'embrasement du Rwanda, du Burundi, puis du Zaïre, apparaissait comme le nouvel homme fort de la région, fut élu pour un mandat de cinq ans à l'issue de la première élection présidentielle au suffrage universel en Ouganda. En avr. 1997, le FMI et la Banque mondiale accordèrent à l'Ouganda une réduction importante de sa dette multilatérale afin de renforcer le redressement économique. En mai de la même année, l'Ouganda, allié au Rwanda, se lança dans le soutien militaire à la rébellion des Tutsis (v.) qui portèrent Laurent-Désiré Kabila au pouvoir dans l'ex-Zaïre, rebaptisé République démocratique du Congo (RDC) (v.). Quand les Tutsis se retournèrent contre Kabila, l'Ouganda et le Rwanda (v.) continuèrent à les épauler. Le chef d'état-major de l'armée ougandaise, le général James Karsini, assura lui-même la création d'un commandement conjoint des forces ougandaises, rwandaises et de la rébellion dans l'est de la RDC. D'abord unis contre le dictateur zaïrois Mobutu, puis contre les forces du président Kabila, l'Ouganda et le Rwanda finirent par rompre leur alliance, provoquant l'éclatement de la rébellion congolaise. En août 1999, à Kisangani, les armées ougandaises et rwandaises s'affrontèrent à l'arme lourde. En mai et juin 2000, alors que se déployait la mission d'observation des Nations unies au Congo, l'insécurité croissante (attaques contre des ONG, criminalité) et l'épidémie de sida ont incité les donateurs à restreindre, voire à suspendre leur assistance. Depuis mai 2003, l'Ougandan et le Rwanda cherchent à normaliser leurs relations.

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