ORLÉANS (maison d')
Le comté d'Orléans ne fut pas séparé de la Couronne sous les Capétiens directs, mais à partir des Valois. Louis, duc d'Orléans (* Paris, 13.III.1372, Paris, 23.XI.1407). Deuxième fils du roi Charles V et frère de Charles VI, il fut d'abord duc de Touraine, titre qu'il échangea contre celui de duc d'Orléans en 1392. Il avait épousé en janv. 1389 la belle Valentine Visconti, qui lui apporta des droits sur le Milanais. La démence de son frère fit de lui le rival de son oncle, le duc de Bourgogne Philippe le Hardi, puis de son fils Jean sans Peur. La guerre allait éclater entre les deux rivaux, lorsque Louis d'Orléans fut assassiné rue Vieille-du-Temple, par les hommes de Jean. Ce meurtre déclencha la guerre entre les Armagnacs (v.) et les Bourguignons. Charles, duc d'Orléans (* Paris, 26.V.1391, Amboise, 4.I.1465). Fils du précédent. D'abord connu sous le nom de comte d'Angoulême, il prit les armes en 1411 pour venger son père assassiné et s'allia avec son beau-père, Bernard d'Armagnac, d'où le nom d'Armagnacs donné au parti d'Orléans. Il se distingua en 1415 à la bataille d'Azincourt, mais fut capturé et resta prisonnier en Angleterre pendant vingt-cinq ans. C'est durant sa captivité qu'il entreprit son oeuvre poétique. Libéré enfin en 1440, il entreprit de conquérir le Milanais, qui lui revenait du chef de sa mère, mais il ne put se rendre maître que du comté d'Asti. Il s'établit alors à Blois, où il tint une cour brillante qui eut un rôle important dans le développement de l'humanisme français. Il a laissé une centaine de ballades, autant de chansons et environ 400 rondeaux. Voir CENT ANS (guerre de). Gaston, duc d'Orléans (* Fontainebleau, 25.IV. 1608, Blois, 2.II.1660). Troisième fils d'Henri IV et frère de Louis XIII, il porta le titre de duc d'Anjou jusqu'en 1626. Il ne cessa de troubler la France par ses intrigues, fut de tous les complots contre Richelieu, mais échoua toujours et vit périr ses complices, Ornano et Chalais en 1626, Montmorency en 1632, Cinq-Mars et de Thou en 1642, qu'il abandonna ; il ne dut de conserver la vie sauve qu'à sa qualité de frère du roi. Après la mort de Richelieu, il se réconcilia avec Louis XIII, fut nommé lieutenant général du royaume pendant la minorité de Louis XIV, se réhabilita par ses trois campagnes de 1644, 1645 et 1646, au cours desquelles il prit Gravelines, Courtrai et Bergues. Mais il se remit à conspirer pendant la Fronde, passant d'un parti à l'autre, et Mazarin le fit exiler dans son château de Blois (1652), où il passa la fin de sa vie. Philippe, duc d'Orléans (* Saint-Germain-en-Laye, 21.IX.1640, Saint-Cloud, 9.VI.1701). Deuxième fils de Louis XIII et frère unique de Louis XIV, il fut duc d'Anjou jusqu'à la mort de Gaston d'Orléans (1660). Marié à Henriette d'Angleterre (1661), puis à la princesse Palatine Charlotte-Élisabeth de Bavière (v.) (1671), il eut plusieurs enfants, dont le futur Régent, mais sa vie privée fut marquée par des amitiés masculines (entre autres avec le chevalier de Lorraine) qui scandalisèrent la cour de Louis XIV. Il se distingua en Flandre et aux Pays-Bas dans les campagnes de 1667 et 1672, battit le prince d'Orange à Cassel (1677) et amena la prise de Saint-Omer ; ses succès excitèrent la jalousie de son frère, qui ne lui donna plus de commandement.
Philippe II, duc d'Orléans (* Saint-Cloud, 4.VIII. 1674, Versailles, 2.XII.1723). Régent de France (1715/23). Fils du précédent. Bon général, il obtint de nombreux succès militaires, particulièrement en Espagne, où il soumit l'Aragon et la Catalogne où il prit Lerida (1707/08). Ses visées sur le trône d'Espagne contribuèrent à indisposer Louis XIV à son égard. À la mort du roi, Philippe d'Orléans fit casser le testament royal qui ne lui accordait que la présidence du conseil de régence et fut reconnu régent à part entière par le parlement de Paris (2 sept. 1715). Il inaugura alors une réaction contre l'absolutisme, nomma d'Aguesseau chancelier, libéra les jansénistes emprisonnés, licencia 25 000 soldats et rendit au parlement son droit de remontrance. Pour résoudre la crise financière du royaume, il eut recours à Law (v.), ce qui permit un allégement de la dette publique et une relance du commerce ; mais cette tentative se solda par la banqueroute de 1720. En politique extérieure, il rechercha la paix par des alliances avec l'Angleterre et les Provinces-Unies (Triple-Alliance de La Haye, 1717). L'Espagne tenta alors de le renverser (v. CELLAMARE) et la guerre fut déclarée. Vaincu, Philippe V dut renoncer à ses prétentions au trône de France. Louis XV, devenu majeur en févr. 1723, laissa le duc d'Orléans à la tête des affaires, mais celui-ci mourut à la fin de l'année. Louis Philippe Joseph, duc d'Orléans, dit Philippe Égalité (* Saint-Cloud, 13.IV.1747, Paris, 6.XI. 1793). Prince français. Arrière-petit-fils du Régent, duc de Montpensier jusqu'en 1752, puis duc de Chartres jusqu'en 1785. Exilé une première fois sous Louis XV pour sa fronde contre Maupeou, ennemi acharné de Marie-Antoinette, franc-maçon, il s'opposa à la politique financière du gouvernement de Louis XVI et proclama que seuls les états généraux avaient le pouvoir de voter les impôts (1787). Démagogue, il entretenait sa popularité en utilisant largement sa fortune (qui était considérable). Député de la noblesse aux États généraux de 1789, il fut élu député de Paris à la Convention en 1792 et prit le nom de Philippe Égalité. Il vota la mort du roi, son cousin. Mais le complot de Dumouriez et la fuite de son fils avec le général le rendirent suspect. Il fut arrêté en avr. 1793, condamné à mort et exécuté en nov. À sa mort, son fils aîné, Louis Philippe, duc de Chartres, porta le titre de duc d'Orléans jusqu'à son avènement au trône en 1830.
Orléans, Gaston, comte d’Eu, duc d’ (Fontainebleau 1608-Blois 1660); fils de France.
Le troisième fils d’Henri IV et de Marie de Médicis, frère de Louis XIII, appelé pour cette raison Monsieur, duc d’Anjou jusqu’en 1626, a mauvaise réputation. L’historiographie romantique n’a vu en lui qu’un comploteur, en révolte permanente contre Richelieu, Louis XIII et la construction de l’État moderne qu’ils accomplissaient. De nos jours son action est reconsidérée : en réalité elle reflète bien les contradictions de l’époque baroque. L’homme privé est généreux, amateur d’art, grand collectionneur et mécène. Mais son entourage, comme sa personnalité, est composite : des dévots y côtoient des poètes (comme Voiture et Vaugelas), des stoïciens y fréquentent des libertins et des cardinalices des opposants au régime. Dès lors, reflet de son milieu, il est lui-même l’objet de pulsions et de conseils antinomiques. Un fait majeur pourtant : en tant qu’héritier du trône (jusqu’en 1638), il est tenu d’écouter les revendications des habitants de France et de s’opposer à toute tyrannie. Voilà pourquoi il est de tous les complots contre Richelieu considéré comme le ministre de l’arbitraire : d’abord dans l’affaire Chalais en 1626. Ensuite il se jette dans la grande « cabale » de 1632-1634 par dépit : le roi ayant refusé de reconnaître son mariage avec Marguerite de Lorraine, qu’il a épousée après la mort de sa première femme, Marie de Bourbon, dont il a une fille, la Grande Mademoiselle, il organise une résistance armée à partir de Bruxelles avec l’aide de l’Espagne et du gouverneur du Languedoc Montmorency. Les conjurés sont défaits à Castelnaudary. O. se réfugie en Flandre. Après l’abandon de ses complices qui, tel Montmorency, sont exécutés, de longues négociations lui ouvrent la porte de la réconciliation avec son frère. En 1641 il est dans le complot du comte de Soissons mais à une place secondaire. Et dans celui de Cinq-Mars en 1642 il sert de caution mais non de maître d’oeuvre. Malgré ces conspirations, il n’avalise jamais les projets politiques des partisans d’une monarchie tempérée et il garde le souci de l’État. Après la mort de Louis XIII en 1643, il se rapproche d’Anne d’Autriche et de Mazarin, dont il apprécie le sens des nuances. Lieutenant-général du royaume pendant la minorité de Louis XIV, il mène trois campagnes en 1644, 1645 et 1646, au cours desquelles il prend Gravelines, Courtrai et Bergues. Pendant la Fronde il apparaît comme un médiateur : proche du Parlement et de la noblesse en révolte il est favorable à la tenue d’états généraux. Cette position finit par irriter Mazarin qui l’exile dans son château de Blois où il passa le reste de ses jours. Il a laissé des Mémoires.
Bibliographie : G. Dethan, La Vie de Gaston d'Orléans, rééd. 1992 ; J.M. Constant, Les Conjurateurs. Le premier libéralisme politique sous Richelieu, 1987.
Orléans, Philippe, duc d’ (Saint-Cloud 1674-Versailles 1723); régent de France [1715-1723].
La réputation de libertin licencieux cache la bravoure militaire et l’intelligence politique du personnage. En fait la mémoire collective, souvent déroutante, l’a mal compris.
L’homme a pourtant de l’envergure ; il réussit à s’affirmer malgré une famille curieuse et difficile : son père Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV, est une trouble personnalité, qui se consacre aux plaisirs marginaux, sa mère, Charlotte-Elisabeth de Bavière (la princesse Palatine), est forte en gueule. Il porte d’abord le titre de duc de Chartres puis à la mort de son père (1701) celui de duc d’Orléans. Il a parmi ses précepteurs l’abbé Dubois, qui lui fait épouser Mlle de Blois, la fille adultérine de Louis XIV et de Mme de Montespan. Bon général, il se distingue au siège de Mons (1691) et à la prise de Namur (1692). Il est blessé à Steinkerque et fait assaut de bravoure et d’habileté à Neerwinden en 1693. Pendant la guerre de Succession d’Espagne, il reçoit un commandement en Italie puis en Catalogne et en Aragon. Il prend Lérida (1707-1708). Mais, ayant mesuré la faiblesse du roi Philippe V, il intrigue pour monter sur le trône d’Espagne. Louis XIV, mécontent, le rappelle à la cour et l’exile. Il profite de sa semi-retraite pour se consacrer à des études de chimie, ce qui l’aurait conduit, pensa-t-on, à empoisonner plusieurs membres de sa famille. Louis XIV le lave de tout soupçon mais ne lui permet pas de se justifier publiquement. Le roi, qui ne l’aime décidément pas, ne lui donne dans son testament que la présidence du Conseil de régence et confie la garde et l’éducation de Louis XV au duc du Maine, le bâtard légitimé. Dès le lendemain de la mort du vieux monarque, le 2 septembre 1715, O. fait casser son testament par le Parlement, et se fait confier par le lit de justice du 12 septembre les pleins pouvoirs. C’est la victoire des Orléans sur les légitimés. Avec la Régence, ce sont aussi sept ans de réaction contre l’esprit du Grand Siècle, l’audace et le neuf à l’ordre du jour, un bouleversement des moeurs et du goût, une passion de la richesse et une fièvre de plaisirs. O. a alors 41 ans. Bel homme, il est cultivé, amateur de musique et de peinture, passionné de sciences. Il aime la vie facile et la licence, les soupers qui se terminent en débauches sensuelles, où figurent ses maîtresses (Mmes de Parabère, de Sabran, de Falari), de grandes dames sans grande moralité (Mmes de Gèvres, de Mouchy et Du Def-fand), des filles d’Opéra (la Desmares) et du menu fretin. Viveur obstiné, il est doué pour les affaires mais il gouverne avec une certaine nonchalance et beaucoup d’opportunisme. Si une innovation échoue, il revient en arrière. Les premières mesures de la Régence montrent une profonde volonté de réaction contre la monarchie de Louis XIV. Le Tellier est mis à l’écart, les jansénistes emprisonnés sont libérés, les ducs et les pairs, conseillers enfin écoutés, poussent à des réformes. C’est surtout la rentrée en force du Parlement, récompensé, pour avoir cassé le testament du feu roi, par la récupération du droit de remontrances. Enfin un nouveau système politique, où se reconnaissent les idées de Fénelon, Beauvilliers et Saint-Simon, la Polysynodie, est mis en place : il comprend huit Conseils aristocratiques, qui remplacent ministres et secrétaires d’Etat. Ce système entraîne des confusions, des lenteurs et des inefficacités au point qu’il est aboli en 1718. A partir de cette date le pragmatique O. revient au système de Louis XIV sur les conseils de l’abbé Dubois, qui prend en main les Affaires étrangères et devient Premier ministre d’Etat en 1722. La cour se réinstalle à Versailles, la bulle antijanséniste Unigenitus est imposée en 1720 comme loi du royaume et le Parlement, qui n’est plus en grâce, est obligé, après avoir été exilé, de l’enregistrer. Mais le grand problème de l’époque est la situation financière. En 1715 le Trésor est vide et la dette publique importante. Le financier Law se voit confier la difficile tâche de remettre de l’ordre. Il cherche à consolider la dette flottante, à éponger une partie de la dette consolidée et à paralyser les traitants et les financiers. Pour y arriver, il pratique une action de déflation, fait appel au crédit, lance le papier-monnaie et crée une Compagnie des Indes, chargée d’animer les relations maritimes. Il réussit à relancer le commerce et à alléger le poids de la dette publique. Mais cette politique audacieuse, d’abord très populaire, suscite ensuite la défiance du public ; elle s’achève par une banqueroute en 1720. Néanmoins le « système », sans doute trop tôt venu, avait permis un élan économique indéniable. En politique étrangère la Régence marque aussi une rupture : poussé par Dubois, Philippe prend appui sur l’Angleterre et les Provinces-Unies (c’est la Triple-Alliance de La Haye de 1717) pour contrarier les visées d’expansion du roi d’Espagne et de son ministre Alberoni. L’Espagne tente de renverser le Régent par la conspiration de l’ex-ambassadeur Cellamare en 1718. La guerre éclate. Elle est simplement préventive et démonstrative : en 1719 le maréchal de Berwick occupe Saint-Sébastien et en 1720 Philippe V renonce définitivement à la couronne de France. La majorité officielle de Louis XV en février 1723 précède de peu la mort du Régent qui, bouffi et usé, succombe à une crise d’apoplexie le 2 décembre 1723. Pour le remplacer le jeune souverain, sur les conseils de son précepteur Fleury, fait appel à l’autre prince du sang, le duc de Bourbon.
Bibliographie : J.-C. Petitfîls, Le Régent, 1986 ; J. Meyer, Le Régent, 1985.
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