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OBSCUR / OBSCURITÉ

OBSCUR, adj. (lat. obscurus « sombre », « sans lumière »). Les philosophes ont beaucoup discuté sur la signification philosophique du mot obscur. ♦ 1° Si l’on retient le sens de sombre, sans lumière, « obscur », qualifie une pensée ou des paroles qui n’éclairent pas l’esprit, qui ne se comprennent pas. Une des caractéristiques de la vérité est la lumière qu'elle apporte à l'esprit. ♦ 2° Descartes, qui a attaché tant de valeur à l’idée claire, n'a pas défini l’idée obscure. On peut tirer de ses œuvres une définition négative : l’idée obscure n’a pas les qualités de l’idée claire et distincte dont le contenu peut être intégralement saisi et qui satisfait pleinement l’esprit dont elle obtient l’adhésion. Leibniz s'est placé dans une perspective cartésienne en définissant, dans les Nouveaux Essais, l'idée obscure comme celle qui ne suffit pas à faire reconnaître son objet. ♦ 3° Boileau permet de comprendre ce qu’est l'idée obscure : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement. » L’acte de concevoir est une opération difficile qu’il faut mener à son terme. Nous avons des concepts obscurs quand nous nous arrêtons à mi-chemin de l’effort intellectuel, à une pensée implicite, approximative, confuse. ♦ 4° Comme une idée peut être obscure, l’expression peut l'être aussi. Sont obscurs l’orateur ou l’écrivain qui choisissent mal leurs termes, ne les adaptent pas à leur pensée, tout en les rendant communicables à leur public.

obscur, impossible à discerner. — Dans le langage cartésien, une idée obscure se distingue d'une simple idée confuse : l'idée confuse est celle que je puis distinguer parmi d'autres, mais que je ne puis pas analyser dans sa réalité intrinsèque. Une idée obscure est celle que je ne puis même pas discerner parmi d'autres. (V. clair, distinct.)

OBSCURITÉ, n.f. (lat. obscuritas « état de ce qui est obscur », « manque de clarté », « incertitude »). L’expérience de la vérité (y. ce mot) est inséparable d’une illumination intérieure et d'une satisfaction de l'intelligence qui adhère au vrai, qui lui accorde un consentement plénier et se retrouve en elle. L'obscurité est l’expérience intellectuelle contraire : l’esprit ne comprend pas, n’est pas satisfait, a conscience de se trouver devant une absence de rationalité. L’obscurité accompagne aussi le mystère. L'intelligence désire la clarté mais ne peut pas toujours l’atteindre. Elle ne peut penser clairement que le fini. L’infinité de Dieu la dépasse. L’intelligence ne confond pas l’absurde et le mystère. Elle rejette l’un et pressent la richesse de sens de l'autre. Dans le domaine scientifique, il en est de même. Certaines obscurités sont rejetées. Dans d’autres, une intelligibilité supérieure est pressentie.

OBSCUR (adj.) 1. — Caractéristique d’une idée : a) qui n’est pas immédiatement présente à l’esprit (Descartes) ; b) qui ne suffit pas à faire reconnaître son objet (Leibniz) ; opposé à clair. 2. — Caractéristique de ce qui n’est pas bien défini ou qui est mal exprimé. 3. — Obscurantisme : a) (Stricto) Toute doctrine ou pol. s’opposant au progrès des Lumières, b) (Lato) Toute attitude opposée aux sciences, à la raison.

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