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obscur.

Publié le 08/12/2021

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obscur.
Louis Napoléon y conduit parallèlement l'étude du passé et la recherche de propositions: l'une et l'autre
procèdent d'une même analyse et révèlent la continuité de sa pensée.
'essentiel de sa conviction se résume en une adhésion, totale et viscérale, à deux principes indissolublement
iés, à ses yeux: le suffrage universel et l'intérêt national.
e suffrage universel implique que le peuple est le moyen et la fin : le peuple s'exprime et choisit; et la politique
e peut avoir d'autre objet que de le servir avec la plus grande efficacité possible. De son côté, l'intérêt national
mplique le dépassement des partis et appelle un gouvernement d'autorité. L'expérience récente aurait-elle
émontré qu'il y a un risque de conflit entre ces deux principes dont l'un conduit à la république, et l'autre à la
onarchie? Dans une lettre qu'il adresse depuis Arenenberg à Narcisse Vieillard, le 29 janvier 1836, Louis
apoléon ne reconnaît qu'implicitement cette contradiction. Le texte vaut d'être lu car sa densité s'allie à une
orte de charme bucolique.
... Je considère le peuple comme un propriétaire et les gouvernements quels qu'ils soient comme des
ermiers. Si le fermier administre la terre avec habileté et probité, le propriétaire, heureux de voir les réserves
'augmenter de jour en jour,
laissera le fermier gérer en paix durant toute sa vie le bien qu'il lui a confié.
Après la mort du fermier, le propriétaire remettra à la même place les enfants de celui-ci qu'il aimait et qui lui a
endu service.
Voilà pour la Monarchie.
Mais si, au contraire, le fermier trompe la confiance du maître -- dilapide ses revenus et ruine la terre -- alors
e propriétaire, avec raison, le renverra, fera ses affaires par lui-même et mettra à la gestion de ses domaines
es hommes auxquels il laissera moins d'autorité et qu'il remplacera d'année en année afin qu'ils ne prennent
oint pour un droit irrévocable la place qu'il leur accorde.
Voilà pour la République.
Je ne vois donc pas dans ces deux administrations différentes de principes fondamentaux contraires; l'une et
'autre, suivant les circonstances, peuvent amener de bons résultats. «
ela étant dit, il faut bien choisir entre des principes si dissemblables. Ce choix, c'est l'histoire qui va l'éclairer:
La nature de la République, écrit Louis Napoléon, fut d'établir le règne de l'égalité et de la liberté; les passions
ui la firent agir: l'amour de la Patrie et l'extermination de ses ennemis. La nature de l'Empire fut de consolider
n trône sur les principes de la Révolution, de cicatriser toutes les plaies de la France, de régénérer les
euples; ses passions: l'amour de la Patrie, de la gloire et de l'honneur. La nature de la Restauration fut une
iberté octroyée pour faire oublier la gloire, et ses passions: le rétablissement des anciens privilèges et la
endance à l'arbitraire. La nature de la Royauté de 1830 fut la renaissance des gloires françaises, la
ouveraineté du peuple, le règne du mérite; ses passions : la paix, l'égoïsme et la lâcheté. «
ntre ces quatre régimes, il est inutile de dire auquel vont ses préférences. Dès lors que le gouvernement doit
eposer sur la volonté du peuple et que toute autorité doit émaner de lui, seul l'empire peut apporter la réponse
oulue. Seul, en tout cas, l'empire a pu déjà assurer la réconciliation de la liberté et de l'autorité, de la
onarchie et de la république.
our son neveu, Napoléon Ier est donc, en même temps, le continuateur de la Révolution -- qu'il purifie de ses
éviations les plus négatives -- et le champion de la liberté...
l n'empêche que les réponses pratiques à la contradiction flagrante entre le principe de l'hérédité et celui du
uffrage universel sont pour le moins malhabiles et incertaines. Louis Napoléon explique bien que le lien entre
e peuple et son souverain a un caractère mystique, mais il doit logiquement concéder que l'avènement de
'Empereur doit être sanctionné par le peuple réuni en assemblée primaire.
ystème bancal s'il en est. Qu'importe! On verra bien. Pour l'heure ne lui suffit-il pas d'affirmer son ambition de
endre au peuple l'occasion d'exprimer sa volonté? Et de donner toute garantie, dès lors que le peuple
ouhaiterait dénoncer le « pacte «, quant à la sincérité de sa résolution à redevenir un simple citoyen...
videmment, il n'échappait pas à Louis Napoléon que toute analyse sérieuse du fonctionnement du premier
mpire conduisait à la conclusion que la liberté des citoyens n'en avait pas été la caractéristique la plus
ffirmée. Sa réponse était toute prête: ce sont les circonstances qui ont empêché l'empereur de libéraliser le
égime: son seul malheur a été « d'avoir libéré la France sans avoir pu lui rendre la liberté «. Le despotisme
mpérial est ainsi justifié par l'état de désorganisation de la France de l'époque et par la menace extérieure. A
éfaut de liberté, d'ailleurs, l'ordre et la justice avaient été préservés. Et le premier Empire était rien moins
u'une dictature militaire.
t puis, en tout état de cause, pour Louis Napoléon, comme pour son oncle, une constitution est l'oeuvre du

temps. Déclaration capitale, qui reviendra souvent dans sa bouche, et dont la signification est double : d'abord
'état des institutions dépend des circonstances ; ensuite une constitution n'est pas immuable: elle est, au
ontraire, inéluctablement appelée à évoluer. Constat essentiel qui permet d'éclairer par avance ce qui
éterminera la marche vers l'Empire libéral: la liberté est un état vers lequel il faut tendre et qui n'est que
provisoirement inopportun.
D'ailleurs, la dictature du premier Empire aurait forcément et fatalement, à terme, conduit à la liberté « comme
le soc de fer qui creuse le sillon, prépare la fertilité des campagnes «. Dans l'immédiat, c'est encore et pour
longtemps d'un gouvernement fort qu'a besoin le pays.
Il lui faut «le génie d'un Napoléon ou la volonté d'une Convention [...], une main forte qui abatte le despotisme
de la
servitude avec le despotisme de la liberté «. Il lui faut « une Monarchie qui procure les avantages de la
République sans ses inconvénients «. Il lui faut un régime « fort sans despotisme, libre sans anarchie,
indépendant sans conquête «.
A ce stade, est-il nécessaire de souligner que, pour Louis Napoléon, la place centrale réservée au suffrage
universel ne relève nullement de la tactique ou de la démagogie?
Louis Napoléon y croit, de toute son âme. C'est la clé de voûte de son système de convictions.
Il est vrai que cet élément de référence va le servir et qu'il le mettra en avant chaque fois qu'il le faudra, et avec
beaucoup d'opportunité. Ce sera le cas à l'occasion du coup d'État, dont il est la justification unique et ultime.
Ce sera le cas, encore, lorsqu'il cherchera dans le plébiscite le moyen de laver les fautes qu'on lui impute.
On se méprendrait en refusant de croire à sa sincérité. A ses yeux, le suffrage universel est bien le critère
bsolu et unique de la légitimité. Légitimité qui confère autant de grands pouvoirs que de grands devoirs.
égitimité qui doit être entretenue et vérifiée: ce sera la fonction des plébiscites.
ais dès lors que la légitimité est assurée, le pouvoir, s'il peut être discuté, ne saurait être contesté.
e schéma institutionnel qu'il imagine en porte la marque: à l'empereur, tout le pouvoir exécutif; à un corps
égislatif, le pouvoir délibératif; au peuple -- et au peuple seul -- le pouvoir électif et le pouvoir de sanction. Ce
ui n'exclut pas l'existence d'une opposition : « Le pays sera heureux tant qu'il y aura harmonie parmi ces trois
ouvoirs, c'est-à-dire lorsque l'opposition, qui doit toujours exister dans un État libre, ne sera que comme les
issonances de la musique qui concourent à l'accord total! «
ans un tel schéma, l'intérêt national est on ne peut mieux pris en compte, et l'esprit de parti, qui n'y a pas sa
lace, doit être dénoncé comme une horreur absolue. Louis Napoléon écrit ainsi: « Toutes les intelligences n'ont
té occupées qu'à lutter entre elles, qu'à discuter sur la route à suivre au lieu d'avancer. La discipline politique
'est rompue et au lieu de marcher droit à un but, en colonnes serrées, chacun a improvisé un ordre de marche
articulier et s'est séparé du corps d'armée. «
u plus près de la conjoncture, prenant la plume le 14 novembre 1836, peu après le coup de Strasbourg, pour
e désigner
comme le seul coupable, Louis Napoléon décrira une France en proie à ses yeux... au régime des partis: «
ucun parti existant n'est assez fort pour [...] renverser [le Gouvernement]; aucun assez puissant pour réunir
ous les Français, si l'un d'eux parvenait à s'emparer du pouvoir. Cette faiblesse du Gouvernement, comme
ette faiblesse des partis vient de ce que chacun ne représente que les intérêts d'une seule classe de la
ociété. Les uns ne s'appuient que sur le clergé et la noblesse, les autres sur l'aristocratie bourgeoise, d'autres
nfin sur les prolétaires seuls. «
e qu'il faut, c'est « réunir autour de l'autel de la patrie les Français de tous les partis en leur donnant pour
obile l'honneur et la gloire«.
es principes, il faut commencer par les appliquer à soi-même. C'est ainsi que dans une lettre à Armand Laity,
ar laquelle il autorise celui-ci à publier sa Relation historique des événements du 30 octobre 1836, Louis
apoléon écrit: « On vous demandera [...] où est le parti napoléonien? Répondez: le parti est nulle part et la
ause partout. Ce parti n'est nulle part parce que mes amis ne sont pas enrégimentés, mais la cause a des
artisans partout, depuis l'atelier de l'ouvrier, jusque dans le conseil du roi, depuis la caserne du soldat jusqu'au
alais du Maréchal de France. «
ela revient à dire que la cause est nationale, et que la création d'un parti est formellement interdite. Et si un
our un groupe -- un rassemblement ? -- devait se constituer, il ne serait en aucun cas un parti comme les
utres. Comment donc ne pas discerner, déjà, de multiples correspondances entre la pensée de Louis
apoléon et celle de Charles de Gaulle?
a théorie de la légitimité, les dangers du système des partis, la nécessité de dépasser, au nom de l'intérêt
ational, leurs jeux et oppositions factices, tout cela est d'une évidente similitude.

Pour l'un comme pour l'autre, il faut un chef d'État qui en soit un, qui incarne l'autorité de l'État, et qui dispose
de la maîtrise du pouvoir exécutif. Afin de fonder cette autorité sur une base démocratique, le chef de l'État doit
être élu par le peuple et ne peut être privé du droit de s'adresser à lui comme il l'entend. Se crée alors un lien
particulier, personnel, essentiel, entre le peuple et celui qu'il a choisi pour le guider, lien qui s'appelle la
légitimité. Dans cet esprit, le plébiscite, pour l'un, le référendum, pour l'autre, servent à renouveler l'investiture
opulaire du chef de
l'État: chaque fois que la confiance du suffrage universel semble ébranlée du fait des circonstances, ce
renouvellement permet d'éviter une crise politique ou de prendre en compte le caractère exceptionnel de l'enjeu
auquel le pays peut se trouver confronté.
Comme l'écrit Francis Choisel dans sa remarquable étude sur Bonapartisme et Gaullisme: « Le plébiscite
bonapartiste et le référendum gaulliste sont par conséquent un tout, où la réponse à la stricte question posée
intègre l'acte d'adhésion à l'homme qui la formule et au régime que ce dernier incarne, la ratification de son
action passée et la confiance en ce qu'il fera demain. «
Pour Louis Napoléon comme pour de Gaulle, le peuple est le juge suprême et, plus encore, la source de tout
pouvoir. C'est une idée que les deux hommes expriment avec les mêmes mots.
ouis Napoléon proclame dans le préambule de la Constitution de 1852 que « [...] le peuple reste toujours
aître de sa destinée. Rien de fondamental ne se fait en dehors de sa volonté. « Et comme en écho de Gaulle
épond: « C'est un principe de base de la Ve République et de ma propre doctrine que le peuple français doit
rancher lui-même ce qui est essentiel à son destin. «
t d'ajouter: « Il fallait que le peuple eût à s'associer directement, par voie de référendum, aux décisions
apitales qui engageraient son destin. «
ette voie, en tout cas, n'est pas si facile à emprunter et à suivre. Se dresse sur la route, on l'a vu, un obstacle
ajeur: les partis, avec les divisions qu'ils impliquent. Louis Napoléon et de Gaulle, là encore, trouvent les
êmes accents pour les dénoncer et les combattre, l'un dans ses Rêveries politiques, l'autre dans ses
émoires de guerre:
Au-dessus des convictions partielles, écrit Louis Napoléon, il y a un juge suprême qui est le peuple. C'est à lui
e décider de son sort, c'est à lui de mettre d'accord tous les partis, à empêcher la guerre civile et à proclamer
autement et librement sa volonté suprême. Voilà le point où doivent se rencontrer tous les bons Français, de
uelque parti qu'ils soient, tous ceux qui veulent le bonheur de la patrie, non le triomphe de leur doctrine. «
voquant les oppositions qu'il a rencontrées, de Gaulle ne dit pas autre chose: « La perspective d'un appel à la
écision directe du pays paraissait à toutes les fractions politiques scandaleuse. Rien ne montrait plus
lairement à quelles déformations du sens
démocratique menait l'esprit des partis. Pour eux, la République devait être leur propriété, et le peuple
'existait, en tant que souverain, que pour déléguer ses droits et jusqu'à son libre arbitre aux hommes qu'ils lui
ésignaient. «
ien d'étonnant donc à relever maintes analogies dans la pratique institutionnelle des deux hommes: même
ropension à reconnaître la supériorité du référendum, du plébiscite ou de l'élection présidentielle sur l'élection
égislative, même impatience devant les tentatives d'immixtion des Chambres dans la conduite des affaires,
entatives qui ne peuvent à leurs yeux qu'entraver l'action du gouvernement...
t Francis Choisel peut ainsi conclure: « Il y a par conséquent entre le gaullisme et le bonapartisme une double
dentité en matière constitutionnelle: d'une part la communauté de sentiment quant aux grandes lignes des
écanismes d'exercice du pouvoir et que l'on peut qualifier de plébiscitaire [...] et bicaméral; d'autre part, un
ccord sur la solution de compromis qu'il est nécessaire d'admettre face aux tenants inconditionnels du régime
'assemblée, à savoir un système semi-parlementaire tempérant les dispositions plébiscitaires [...]. La seule
ifférence d'importance réside dans le fait que ce compromis fut un point d'arrivée, en partie contraint, pour
apoléon III et une base de départ, elle-même en partie subie, pour de Gaulle. «
es nombreuses similitudes, le général de Gaulle ne les a jamais formellement reconnues, pas plus qu'il n'a
dmis de considérer Louis Napoléon comme un précurseur. Certes, il s'agit plutôt d'une communauté
'inspiration que d'une filiation. Mais la prudence gaullienne est tout à fait compréhensible: la cote de Louis
apoléon étant au plus bas dans notre pays, la moindre référence au second Empire pouvait s'avérer
ssassine.
onscient du danger que pouvait comporter pour lui l'évocation de pareil précédent, le Général alla même
usqu'à différer certaines réformes pour éviter des rapprochements, voire une assimilation, qui lui auraient été
ommageables. Il s'en expliqua dans les Mémoires d'espoir:« J'ajoute que, sur le moment, afin de ne pas
ontrarier le mouvement presque unanime de l'adhésion nationale, je jugeais bon de tenir compte des
réventions passionnées que, depuis Louis Napoléon, l'idée de "plébiscite" soulevait dans maints secteurs de

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