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objectif/subjectif

objectif/subjectif
Objectif : neutre et dépourvu de passion. Subjectif : marqué par les sentiments et la sensibilité personnelle.
Commentaire Les adjectifs « objectif » et « subjectif » s'appliquent au regard que l'on porte sur un événement, un objet ou une personne, ainsi qu'aux idées et aux opinions que l'on formule au cours d'un débat ou d'une analyse. Prendre de la distance, ne pas s'impliquer, maîtriser les mouvements spontanés d'adhésion ou de rejet, se laisser guider par la raison, telles sont les conditions requises pour conserver sa liberté de jugement, telles sont les règles de l'objectivité. Dans le domaine littéraire, certains auteurs font de l'objectivité la règle de leur art (Flaubert et les écrivains naturalistes), tandis que d'autres se laissent guider par leur subjectivité : c'est le cas des romantiques.
Citation Absorbons l'objectif et qu'il circule en nous, qu'il se reproduise au-dehors, sans qu'on puisse rien comprendre à cette chimie merveilleuse. Notre cœur ne doit être bon qu'à sentir celui des autres. Soyons des miroirs grossissants de la vérité externe. (Gustave Flaubert, Correspondance, « lettre à Louise Colet », 6 novembre 1853.)
objectif (du lat. ob-jectum, qui est jeté devant), ce qui a rapport à l'objet; qui est placé devant le sujet. — Ainsi, tout ce qui est « représenté », fût-ce une donnée de l'imagination, peut être dit « objectif » (Descartes). En ce sens, le terme d'objectif se distingue très nettement de réel : une représentation de l'imagination peut avoir une qualité objective bien qu'elle ne corresponde à aucun objet réel. Mais, en fait, depuis Kant les deux termes tendent à se rejoindre : le mot objectif désigne très précisément ce qui existe indépendamment du sujet : le monde extérieur. Le terme d'objectif prend alors un double sens : 1° le monde physique existe objectivement dans la mesure où il n'est pas une création de l'imagination, une production de l'esprit subjectif, et dans la mesure où il s'impose au sujet dans le sentiment du réel, ce que Fichte appellera le «choc» du non-moi; en ce sens, objectif égale réel; 2° le monde objectif est celui qui fait l'objet d'une connaissance objective. Cette connaissance, ou science objective, est celle qui est universellement valable, qui procède selon les lois nécessaires et se trouve par là même indépendante de nos sensations et de notre point de vue particulier. Corrélativement, la notion d'objectivité implique actuellement deux caractères fondamentaux : 1° ce qui existe indépendamment du sujet; 2° ce qui est universellement valable.
subjectif, qui appartient au sujet pensant et ne peut être éprouvé que par lui. Les hallucinations sont purement subjectives, mais le temps est une notion à la fois objective (mesurable) et subjective (variable avec les individus et les situations vécues). La psychologie est la discipline qui essaie de relier les points de vue objectif et subjectif.
OBJECTIF
1. Un objectif = un but (l'objectif à atteindre, c'est la première place). 2. L’adjectif objectif s’oppose à subjectif mais avec des variations de sens : - objectif = impartial, par opposition à subjectif = personnel (adopter un point de vue objectif même contre son intérêt subjectif, - objectif = valable pour tous les esprits, par opposition à subjectif = individuel (un raisonnement objectif et un sentiment subjectif, - objectif = matériel, par opposition à subjectif = mental (le monde des choses objectives et les pensées subjectives).
Objectif, objectivité
Du latin scolastique objectivus, « qui appartient à l'objet de la pensée ».
- Objectif : qui existe hors de l’esprit et indépendamment de la connaissance que le sujet peut en avoir (contraire : subjectif}. - Sens courant : qui n’est pas influencé par nos opinions, nos intérêts ou nos goûts personnels (exemple : un compte rendu objectif). - Objectivité : caractère de ce qui ne dépend pas, pour son existence, de l’esprit humain. • Est objectif, selon Kant, ce qui est valable pour tout être raisonnable. • Toute connaissance scientifique prétend à l'objectivité. Elle constitue en effet ses objets en dépassant la sensibilité individuelle (empreinte de subjectivité) et vise à établir des lois susceptibles de recueillir l'assentiment de tous les hommes.
OBJECTIF adj. — Qui est doté d’une existence indépendante de celle de notre esprit. ETYM. : du latin scolastique objectivus. En philosophie, l’adjectif objectifs vu sa signification se transformer totalement. Pour Descartes et d’autres penseurs du XVIIe siècle, est objective non pas une réalité extérieure à nous-mêmes, mais l’image que nous nous en faisons dans notre esprit : une réalité objective (par opposition à une réalité formelle) est en quelque sorte une représentation mentale. A partir de Kant, le terme prend son acception moderne : il désigne une réalité indépendante de notre esprit et des jugements particuliers que celui-ci est susceptible de formuler. On est proche ici de la langue courante qui fait souvent d’« objectif » un synonyme de « neutre » ou d’« impartial ». En ce sens, « objectif » s’oppose à « subjectif ». Si l’on applique maintenant ce mot au champ de la littérature, on dira, par exemple, d’une description qu’elle est objective si le texte nous présente le monde qu’il décrit d’une manière neutre sans intercaler entre lui et nous le filtre d’une subjectivité, que celle-ci appartienne à l’auteur, au narrateur ou à l’un des personnages. On opposera ainsi une littérature qui fait une large part à la subjectivité (lyrisme, romantisme, récit à la première personne) à une littérature soucieuse d’objectivité (roman réaliste par exemple). Dans un essai célèbre, Roland Barthes avait utilisé l’expression de « littérature objective » pour décrire les premiers romans de Robbe-Grillet dans la mesure où ceux-ci mettaient en scène le monde matériel (« les objets ») sans attribuer à celui-ci aucune forme de signification par laquelle se marquerait une quelconque subjectivité. « Objectif » voulait dire alors : « tourné vers l’objet ». L’exemple du nouveau roman montre, cependant, à quel point la notion d’« objectivité » est, en littérature, difficile à cerner. Tous les objets qui sont décrits, dans les textes de Robbe-Grillet, le sont en effet toujours par un narrateur qui ne s’astreint à une fausse objectivité que pour mieux masquer au lecteur les désordres de sa conscience, les tourments de sa subjectivité. En ce sens, et ainsi que le déclarait Robbe-Grillet : « Le Nouveau Roman ne vise qu'à une subjectivité totale. »

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