NORME
- NORME (lat. norma, équerre; règle, modèle)
Règle d'après laquelle on juge la valeur des objets qui doivent s'y conformer, modèle qu'ils doivent copier ou idéal auquel on les compare. Ainsi, la norme d'une chose exprime ce qu'elle doit être. Se distingue de loi quand la loi désigne un rapport invariable entre des choses (loi scientifique) et décrit ce qui est; syn. de loi quand la loi prescrit ce qui doit être (loi morale).
- Normatif Qui a pour fonction d'instituer des normes, c'est-à-dire des règles, des lois. S'oppose à descriptif: dont la fonction est de décrire.
- Analyse normative Analyse qui énonce ou institue des normes, c'est-à-dire des règles, un modèle permettant d'apprécier une réalité et de porter un jugement sur elle.
- NORMAL, NORME, NORMATIF
♦ L’adjectif normal est ambigu, dans la mesure où il est à la fois descriptif et normatif. Le premier cas se rencontre notamment dans son usage un peu flou en morale (le normal, étant tel qu’il doit être, désigne alors ce qui est bon ou juste), ou en sociologie, où il se réfère à une moyenne observable dans une société.
L’usage de « normal » devient beaucoup plus délicat dès qu’on aborde le comportement individuel. Si la psychiatrie. classique, s’inspirant d’un modèle médical, l’oppose franchement au pathologique, la psychanalyse, après avoir indiqué combien la frontière entre les deux notions est fragile, montre dans ses développements récents que le normal ne saurait dépendre d’une simple adaptation au milieu social, puisqu’il serait alors synonyme de conformisme, et risquerait de conduire à des aberrations par sa dépendance à l’égard des circonstances : « En avril 1945, la tâche d’un psychiatre allemand était accomplie le jour où son patient adhérait au parti nazi ; en mai 1945, elle s’achevait le jour où son patient s’engageait dans le parti chrétien-démocrate (s’il vivait à Francfort-sur-le-Main) ou dans le parti communiste (s’il vivait à Francfort-sur-l’Oder) » (G. Devereux). C’est pourquoi psychanalyse et antipsychiatrie s’accordent plutôt à reconnaître comme normal l’individu capable de contester ce qui semble socialement « normal » (parce qu’admis ou majoritaire), pour proposer de nouvelles valeurs, elles-mêmes destinées à la caducité.
♦ La norme paraît devoir être définie dans une optique semblablement dynamique : qu’elle soit morale, esthétique ou juridique, l’histoire, l’ethnologie, l’anthropologie culturelle n’en finissent pas de prouver sa relativité.
♦ Est normatif ce qui prescrit une norme. En philosophie, on qualifie traditionnellement de sciences normatives la logique, la morale et l’esthétique.
Norme, normal
Du latin norma, « équerre », « régie », « modèle ».
- Norme : règle, ligne de conduite socialement prescrite caractérisant les pratiques d’un groupe déterminé. - Type idéal ou règle par rapport auxquels sont formulés des jugements de valeur. - Normal : qui est conforme à la règle commune ou à la moyenne statistique (exemple : une taille normale). - Par opposition à pathologique (ou à sain) : qui n’est pas affecté par la maladie.
NORME, n.f. (du latin norma, «équerre, règle»).
1° Sens descriptif. État conforme à la majorité ou à la moyenne des cas. Dans ce sens, la norme, c’est ce qui est «normal», ce que l’on fait habituellement. Au niveau technique, la norme représente ce qui est standard, ce qui se fait couramment (on met les objets à la norme pour des raisons de compatibilité technique; voir Standardisation).
Au niveau social, c’est ce qui correspond aux usages conformes, majoritaires, normaux. Mais déjà l’expression normes sociales présente une double acception : ce qui se fait; ce qui doit se faire (les convenances, les habitudes ou pratiques dont on ne saurait s’écarter). Il n’est pas conforme à la norme sociale, par exemple, que l’homme porte une jupe ou qu’il suive un enterrement en tenue de sport. De même, dans le domaine linguistique, l’idée de norme présente une double acception : ce qui est conforme à l’usage le plus fréquent ; ce que l’on doit respecter si l’on suit le bon usage.
2° Sens prescriptif. La norme, dans ce cas, prend une valeur impérative. Au niveau technique, des normes de fabrication ou d’installation s’imposent, pour des raisons de sécurité par exemple; il faut «normaliser» la production.
Au niveau moral, la norme représente la règle qui s’impose : le modèle, le principe, l’idéal. L’adjectif qui correspond à norme n’est plus normal, mais normatif : ce qu’il faut faire et respecter. Il en est de même des normes juridiques (la loi) ou même esthétiques (les canons de la beauté, les règles impératives d’un genre littéraire). Le terme norme s’applique enfin aux réalités sociales et politiques; il recouvre les impératifs de la conduite en société, voire même l’orthodoxie des opinions politiques dans les régimes totalitaires. Le mot normalisation a pu désigner ainsi le processus par lequel les bureaucrates de certains pays communistes imposaient des normes de pensée (athéisme, marxisme; culte de la personnalité des dirigeants) à la population et en particulier aux intellectuels.
La normalisation des conduites et des esprits n’est pas nécessairement le fait d’un régime dictatorial. En fait, toute société a tendance à imposer à ses membres ce qui se fait majoritairement : d’où le glissement perpétuel du sens descriptif au sens « normatif» (prescriptif) du mot norme. Jouant sur le mimétisme collectif, les discours de propagande ou de publicité essaient souvent de faire passer pour «normales» des opinions ou des conduites qui ne sont justement pas majoritaires, de manière à leur conférer une valeur «normative». Si l’on rencontre dans un texte l’expression «la normalisation publicitaire», il faut comprendre qu’elle ne renvoie pas à la façon dont la profession publicitaire est réglementée, mais bien à la façon dont les publicités tendent, pour mieux discipliner les consommateurs, à inscrire dans leurs esprits des normes de vie et de pensée qui poussent à la surconsommation.
NORME (n.f., étym. : latin norma : équerre). 1. — Type idéal permettant de juger ce qui est (des normes esthétiques), indiquant ce qui doit être (des normes morales) ou réglant une activité (des normes de fabrication). Rem. : le caractère d’obligation n’est pas nécessairement adjoint à la notion de norme, qui se réfère souv. à une moyenne, à une régularité dans le cours des événements.
2. — Normal : a) (Math.) Syn. perpendiculaire, b) Conforme à la norme ; conforme au juste milieu : le cours normal des choses, c.-à-d. ce qui est de règle, ce qui se produit habituellement, c) Qui sert d’unité de mesure (en chimie, une solution normale contient une valence gramme par litre), d) Qui a son intégrité ; en parlant d’un organisme, qui n’a subi aucune altération ; cf. pathologique. 3. — Normatif : a) Qui constitue une norme : une proposition normative ; opposé à descriptif, constatatif. 4. — Science normative : science relative à la norme. Les class. pensaient que la logique, l’esthétique, l’éthique étaient des sciences normatives, non seulement parce qu’elles étudiaient des normes, mais parce qu’elles les énonçaient ; par grammaire normative, on entend la gram. générale class. en tant qu’elle se présente comme art de bien parler.
5. —Logique des normes : si l’on considère qu’une norme est une phrase de la forme « x doit... », « x peut...», « x est obligé de...», etc., la logique des normes étudie la possibilité de codifier les relations existant entre de telles phrases, en particulier les inférences immédiates permettant de passer des unes aux autres ; Syn. déontologie.
NORME NORMAL
1. Type idéal permettant de formuler un jugement de valeur. La norme exprime ce qui est réalise (les normes de fabrication) ou ce qui devrait être, même si on ne parvient pas à le réaliser (les normes morales). Alors qu’en biologie la norme désigne seulement le comportement moyen dans une population quelconque, elle devient dans le domaine technique ou moral une exigence, un modèle. 2. Normal : littéralement «moyen», «habituel»; mais, socialement ou moralement, désigne ce qui se fait, ce qui doit être (ce n 'est pas normal de s'habiller ainsi).
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