nègre

nègre

Individu engagé par une personnalité pour écrire secrètement à sa place une œuvre dont il ne revendiquera pas la paternité.

Commentaire En littérature, le recours à un « nègre » n'est pas nouveau. Déjà, les romanciers du xixe siècle confiaient à des exécutants le soin d'écrire à leur place. Ce phénomène, lié, à l'origine, à la littérature industrielle qui obligeait les écrivains à engager des aides anonymes pour honorer leurs contrats, est devenu monnaie courante aujourd'hui où tout le monde se pique de littérature sans en avoir le talent. Ainsi nombre d'autobiographies et de romans ne sont pas écrits par le nom célèbre qui les signe, mais par des écrivains qui prêtent leur plume à des personnalités des arts et du spectacle. Ce procédé, qui prive un auteur de sa propriété littéraire, pose un problème moral.

Citation Dans l’édition, il faut se méfier des nègres. Surtout si, mal payés, ils sont considérés avec dédain ou honte. Alors ils bâclent. Plutôt que de perdre leur temps à écrire des pages originales dont un autre s'attribuera le mérite, certains, un soir de fatigue ou de déprime, ou parce que leur travail est en retard, pompent dans un livre, recopient des textes qu'ils présentent à leur commanditaire comme des textes inédits, de leur cru, et dont ils lui font endosser la paternité. De sorte que le négrier devient plagiaire ! Joli tableau ! (Bernard Pivot, « les Carnets », magazine Lire, n° 196, janvier 1992.)