MODALITÉ / MODE

• MODALITÉ, n.f. En logique, caractère de la relation qui existe dans une proposition entre le sujet et son attribut, a) Pose un fait, c'est une simple assertion (La terre est ronde). b) Pose une possibilité (Il est possible que la terre soit un fragment jadis sorti du soleil). c) Pose une nécessité (Il est nécessaire que la terre ait une masse). Les propositions correspondantes sont alors appelées : a) assertorique ; b) problématique ; c) apodictique.

• MODALITÉ

  Terme utilisé par la logique classique, à la suite d’Aristote, pour caractériser une proposition selon que la relation qu’elle énonce est soit un fait, soit possible ou impossible, soit contingente ou nécessaire. Kant distingue de ce point de vue trois types de jugements : problématiques, assertoriques (dont on affirme le contenu comme vérité) et apodictiques (dont on déclare nécessaire la relation qu’ils expriment). A chaque type correspond un couple de concepts qui forment les catégories de la modalité : possibilité et impossibilité, existence et inexistence, nécessité et contingence.

• MODE. n.m. (lat. modus «mesure», «manière»). ♦ 1° Au masculin, a) Manière d'être. b) Détermination de la copule d'une proposition (modalité), c) Forme du syllogisme. d) Détermination d'une substance. ♦ 2° Au féminin, a) Manière de concevoir (cousin à la mode de Bretagne), b) Manière passagère, de s'habiller ou de se comporter. Tarde a montré que la mode imite des contemporains, alors que la coutume est l'imitation des prédécesseurs.

• MODE

♦ On nomme en logique formelle mode d’un syllogisme la forme qu’il peut prendre selon la quantité et la qualité de ses propositions.

♦ En métaphysique, le mode désigne chez les scolastiques la détermination d’une substance (mode substantiel, accidentel ou transcendantal). Descartes le prend comme synonyme d’attribut ou de qualité - sauf lorsqu’il s’agit, dans Dieu ou les choses créées, de « ce qui se trouve en elles toujours de même sorte ». Chez Spinoza, le mode est une affection de la substance qui, en formant l’essence permanente, s’oppose à l’attribut.

♦ Dans le langage courant aussi bien qu’en sociologie, la mode évoque l’ensemble d’usages, de comportements, d’habitudes (vestimentaires, de loisirs, mais aussi intellectuels) qui connotent une « supériorité » sociale et se rattachent initialement à des milieux « privilégiés ». Tarde a montré qu’elle s’oppose à la coutume, qui imite les prédécesseurs et non les contemporains. Dans la mesure où une mode se diffuse dans toute la société, ses inventeurs, par souci de réaffirmer leur « distinction », l’abandonnent pour en promouvoir une nouvelle : l’importance des médias et l’incidence économique de tels phénomènes font que, dans la société contemporaine, les modes se succèdent de plus en plus vite - au point de se juxtaposer.

♦ A propos des phénomènes artistiques et intellectuels, Marx nomme principe de parodie le fait que toute classe accédant nouvellement au pouvoir a tendance à répéter ce qui était estimé par la classe précédente, mais en lui faisant subir une dégradation qualitative.

• mode, ensemble d’attitudes et d'usages passagers qui ont cours, à une époque, dans une société. La mode régit, momentanément, le goût des membres d’un groupe social qui adoptent un certain style pour leur mobilier, leurs vêtements, leur parure, etc. Comme la coutume, elle repose sur l’imitation, dit G. de Tarde, mais, tandis que celle-ci est l’imitation des formes du passé, la mode se rapporte au présent. Il est remarquable que ce soient les jeunes femmes qui aient le plus d’influence sur la mode vestimentaire. Pourtant, la plupart des femmes interrogées (75 %) déclarent qu’elles suivent la mode pour se conformer au groupe, confirmant ainsi l’opinion de H. Spencer, qui soulignait la part de conformisme que ce fait social comporte. En réalité, la mode est faite de deux tendances : d’une part, elle satisfait le désir d’originalité de chacun (particulièrement vif chez les jeunes), de l’autre elle apporte une certaine sécurité puisque, tout en se singularisant, on est approuvé par le groupe social, dont on ne se coupe pas.
• MODAL (adj.) 1. — Qui concerne le mode au sens 2 : distinction modale, celle qui se fait soit entre un mode et la substance, soit entre deux modes de la même substance (cf. Descartes). 2. — Proposition modale : proposition dans laquelle le dictum est modifié par une modalité telle que le possible, le contingent, etc. 3. —Logique modale : a) (Class.) Partie de la logique étudiant les propositions modales, b) (Auj.) Tout système logique dans lequel on définit, outre les connecteurs ordinaires, des fonctions logiques correspondant aux modalités. 4. — Modalité : a) Syn. manière d'être ou de procéder : les modalités de paiements ; Syn. mode sens 1. b) (Logique) Caractère des propositions modales ; Syn. mode, sens 4 : le possible, le nécessaire, etc., sont des modalités ; Kant distingue trois modalités seulement : assertorique, problématique, apodictique. Rem. : on peut considérer les modalités de dicto (les modalités portant sur des propositions : « il est nécessaire que le soleil se lève ») ou de re (les modalités exprimant une façon d’être de ce dont parlent les propositions : « le soleil se lève nécessairement »).
• MODE A| (n. m.) 1. — Manière d’être ou d’agir : mode de production. 2. — (Scol., class.) Affections, modifications, façons d’être d’une substance ; souv. Syn. attribut ou qualité, mais le mode n’est pas, en gén., permanent (d’où, pour Spinoza, l’opposition de l’attribut, propriété essentielle, et du mode, simple affection de la substance). 3. — (Logique class.) Forme que prend le syllogisme, dans les diverses figures suivant la qualité et la quantité des propositions. 4. — (Logique class.) Syn. modalité; ce sens est encore présent dans la catégorie gram. : le mode d’un verbe, c’est la manière dont on considère l’action comme certaine (indicatif), à faire (impératif), désirable (optatif). B | (n. f.) 5. — (Socio.) Façon de se comporter, de s’habiller, passagèrement en usage dans un groupe.

Du latin modus, « mesure », « manière », « façon ». - Nom masculin (le mode) : manière d’être ou d’agir (exemple : un mode de production). - En métaphysique, détermination de la substance. - Chez Spinoza, propriété dérivée de la substance, par opposition à l’attribut, qui en est une propriété essentielle. - Nom féminin (la mode) : en sociologie, usage peu durable, manière collective d’agir ou de penser propre à une époque (exemple : une mode vestimentaire). • Chez Spinoza, les modes finis de la substance divine sont les choses singulières et concrètes, telles que nous pouvons les appréhender dans l'expérience.