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métonymie

La métonymie est un trope, c’est-à-dire une figure de type microstructural. On peut considérer que, par rapport à la métaphore, elle constitue l’autre trope majeur. La tradition a répertorié un nombre fixe de métonymies canoniques, selon le sens de la relation entre les termes effectivement occurrents dans le discours et l’organisation verbale qu’il faut reconstituer pour interpréter correctement le passage. Voyons d’abord ces cas généraux, avant de réfléchir sur le principe. Jeu sur le rapport concret-abstrait. Je résisterais évidemment par vertu à cette tentation, mais ma faiblesse ne tiendra pas. Ma faiblesse signifie bien sûr /moi qui suis faible/. La mise au pluriel des noms abstraits opère toujours selon ce mécanisme. Jeu sur le rapport moment ou lieu - ce qui se fait ou se produit à ce moment ou dans ce lieu. Boire un bordeaux = /boire un vin produit dans la région de Bordeaux/. Il a pris son quatre heures = /il a pris son goûter de quatre heures/. Jeu sur le rapport partie du corps-sentiment qui y est communément rattaché. Cet homme n’a pas de cœur = /cet homme n’a pas de courage/ ou /de bonté/. Jeu sur le rapport contenant-contenu. La salle applaudit à tout rompre : ce sont /les spectateurs dans la salle/. Jeu sur le rapport signifiant-signifié. Il y avait là toutes les têtes couronnées d’Europe : il s’agit des /rois et reines/, qui vraisemblablement n’arboraient nulle couronne sur leur tête. Jeu sur le rapport cause-effet (il convient d’entendre cause également au sens de moyen et d'origine). J’ai lu cette explication dans Quintilien - Pas la moindre ombre sur cette colline - On peut toujours essayer de vivre de son travail = /dans le texte de Quintilien/ - /Pas le moindre arbre/ - /du résultat de son travail/ (puisque, comme chacun sait, le travail en lui-même fatigue ou tue, mais en aucune façon ne fait vivre). L’usage est aussi de mettre à part deux autres types de rapports répertoriés, jouant sur une relation de contiguïté d’une part, et d’antécédence-conséquence d’autre part, sous les noms respectifs de synecdoque et de métalepse, qui sont donc traités à chacune de ces rubriques. Si l’on prend un peu de recul à l’égard de cette présentation traditionnelle (et dominante), on remarquera d’abord que le mécanisme tropique à l’œuvre dans la métonymie repose sur une manipulation sémantique, substitutive, elliptique ou modificatrice, interne à un seul et même réseau de signification, concernant la valeur de sens proprement centrale, dénotative, des termes en jeu. D’autre part, tous les types de métonymie indiqués ne sont pas également rentables : même si tous ont leurs stéréotypes bien connus, les plus productifs sont les rapports concret-abstrait et cause (origine, moyen)-effet ; ceux-ci sont d’ailleurs réversibles. Enfin, plusieurs types peuvent déterminer à la fois un unique lieu textuel. Une étude plus précise de certaines réalisations syntaxiques permet de prendre aussi un peu de champ : la métonymie se produit dans une construction phrastique. On a ainsi le lien substantif abs-trait-verbe concret : sa force vous écrase ; substantif abstrait-adjectif concret : une pensée transparente. On a également les structures dans lesquelles une notation caractérisante d’un substantif, ordinairement marquée par un adjectif épithète (comme dans j’aime ta peau veloutée), présente une mise en valeur concrétisante de la caractérisation : j’aime le velouté de ta peau. Finalement, on se rend compte qu’une des plus fortes déterminations sémantiques de la métonymie réside en fait dans la sélection d’un attribut d’une réalité, attribut que l’on met en valeur ou par lequel on désigne cette réalité : ainsi dans Seigneur de gloire (= le Seigneur en tant qu’il est la Gloire par excellence), ou dans la cuirasse de la foi (avec une métaphore et une métonymie de la concrétisation mêlées pour désigner la foi en tant qu’elle est d’une très grande force). La métonymie est donc un trope d’une réelle puissance dans le discours, aussi bien dans ses réalisations les plus itératives que dans les déterminations plus originales du symbole et même, malgré ce que laisse entendre la tradition, de l’allégorie.

=> Figure, microstructurale, trope; métalepse, synecdoque; métaphore ; pronomination, symbole, allégorie, parabole.

METONYMIE nom fém. - Figure de style par laquelle on substitue un mot à un autre mot en se fondant sur un rapport clair - mais de nature variable - existant entre les termes. ÉTYM. : du grec meta = « changement », « déplacement » et onoma - « nom ». La métonymie se distingue de la métaphore en raison de la nature du rapport qui s’établit entre les deux termes. Alors que dans le cas de la métaphore, ce rapport est un rapport d’analogie, de ressemblance, dans le cas de la métonymie, le rapport est de nature très variable. Il peut être : - un rapport de cause à effet. Ainsi lorsqu’on désigne un livre ou un tableau par le nom de son auteur : « un Picasso », « un Renoir » ; - un rapport de la partie au tout (on parlera alors de synecdoque) : « une voile » pour « un bateau à voile », un « quatre roues motrices » pour une « automobile à quatre roues motrices » ; - un rapport de contenant au contenu : « boire un verre », « une salle de spectacle en délire » ; - un rapport du lieu d’origine à un objet : « un bordeaux » pour « un vin de bordeaux ». La liste ici n’est pas limitative. La distinction entre métonymie et métaphore apparaît bien dans ces deux exemples : « Déguster un chèvre chaud », métonymie, car le nom du « producteur » désigne le produit. « C’est une chèvre» (à propos d’une personne), métaphore parce que rapport de ressemblance. —> Métaphore

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