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Messénie, région du sud-ouest du Péloponnèse

Messénie, région du sud-ouest du Péloponnèse, limitée par la Laconie, dont elle était séparée par le Taygète, l’Arcadie et l’Élide. Son principal cours d’eau, le Pamisos, descend des montagnes d’Arcadie pour aller se jeter dans le golfe de Messénie ; le long de son cours qui longe le Taygète s’étend une vallée fertile au climat très doux et humide. Vers la mer Ionienne, la vallée est bordée par les chaînes de l’Ægaléon et du Coryphasion. Ces chaînes montagneuses forment une péninsule qui s’avance dans la mer, jusqu'au cap Akri-tas, en fermant le golfe de Messène. Comme les autres provinces de la Grèce, la Messénie fut peuplée dès l’époque néolithique par des populations qui sont restées sous le nom de Pélasges, Cariens et Lélèges. À l’époque homérique, elle était partagée entre les rois de Pylos, les Néléides, et les princes lacédémoniens (la vallée du Pamisos était rattachée au royaume de Ménélas). Il semble que, vers la fin de l’époque achéenne, après une conquête des Néléides, la vallée du Pamisos ait été gouvernée par un roi indigène, Mélanthos. Ce sont les descendants de Mélanthos que les Doriens, venus de la Laconie sous le commandement d’un Héraclide, Cresphonte, trouvèrent en place. Cresphonte, à partir de sa capitale Stényclaros, organisa son royaume, mettant sur un pied d'égalité Messéniens et Doriens, malgré les réclamations de ces derniers, et épousa une « Achéenne », Mérope, fille de Cypsélos, roi d’Arcadie, descendant du roi fabuleux Aipytos. Le nom de l’aïeul, glorieusement illustré par le règne du troisième fils et successeur de Cresphonte, Aipytos, deviendra celui de la dynastie. Messéniens et Lacédémoniens vivaient en bonne entente ; ils s’assemblaient annuellement et sacrifiaient en commun dans le sanctuaire d’Artémis à Limnae, dans le Taygète. Mais vers la fin du viiie s. av. J.-C. (735 ?), les Lacédémoniens accusèrent les Messéniens d’avoir attenté à des jeunes filles de Sparte qui venaient sacrifier dans ce sanctuaire : prétexte ? calomnie ? On ne sait. Les Messéniens refusèrent d’accorder réparation aux Spartiates et chassèrent le parti pacifiste. Les Lacédémoniens, sous le roi Théopompe, envahirent la Messénie; ils soumirent sans trop de mal la partie sud, habitée par des peuples préhelléniques, Caucones, Dryopes. La résistance s'organisa ailleurs avec le roi Aristodêmos : la lutte dura vingt ans; Aristodêmos, enfin réduit dans sa forteresse du mont Ithôme, se donna la mort sur la tombe de sa fille, qu’il avait sacrifiée dans l’espoir de gagner la guerre. Les vaincus furent réduits en servage, et leurs terres distribuées par lots aux homoioi. Deux générations plus tard (v. 645 av. J.-C.) les Messéniens se révoltèrent dans le nord de la région, vers Andania; ils étaient soutenus par Pantaléon, roi de Pisa (Élide), et par Aristocra-tès, roi d’Orchomène d’Arcadie; la révolte était conduite par Aristomène, de la famille d'Aipytus. Sa vie est un véritable roman de chevalerie ; les Spartiates furent d’abord vaincus, puis leur courage relevé par le poète Tyrtée. Aristocratès trahit les insurgés à la bataille du Grand Fossé ; les Messéniens durent se réfugier sur le mont Ira ; leur chef, Aristomène, fut capturé et jeté dans le Céadas, d’où il parvint à s’enfuir; après dix-sept ans de luttes, il dut abandonner le mont Ira et se réfugia à Rhodes. Les descendants de ces Messéniens exilés seront établis en 486 av. J.-C., à Zanclé, en Sicile, par le tyran de Rhé- gion, Anaxilas, et donneront à la cité son nouveau nom de Messène. Une nouvelle révolte, la troisième guerre de Messénie, éclata v. 464 av. J.-C. ; de nouveau, les Messéniens se réfugièrent sur l’Ithôme et purent capituler avec les honneurs de la guerre après dix ans de combats. Les Athéniens établirent les Messéniens à Naupacte sur le golfe de Corinthe. C’est seulement en 370 av. J.-C. qu’Épaminondas pénétra en Messénie et libéra définitivement la province après bientôt trois siècles de servage. Au pied de l’Ithôme, il fonda Messène au son des flûtes et il la peupla de tous les Messéniens réfugiés à l’étranger ou libérés. Messène se prononça pour Philippe et Alexandre de Macédoine lors des guerres menées par Athènes et Thèbes contre les Macédoniens. Elle était entourée de murs si puissants que Démétrios de Pharos, général illyrien au service de Philippe V de Macédoine, l’assiégea en vain et périt sous ses murs (214 av. J.-C.). Quelques années plus tard, Nénis, tyran de Sparte, occupa temporairement la Messénie. Philopœmen, à la tête des Achéens, l’en chassa et fit entrer Messène dans la ligue Achéenne (199 av. J.-C.). Mais les Messéniens se révoltèrent, et Philopœmen, malade, fut battu par Dinocrate, stratège messénien, qui le fit mettre à mort. Lycortas, père de l’historien Polybe et chef de la ligue Achéenne, le vengea en prenant Messène (182 av. J.-C.), qui resta dans la ligue Achéenne jusqu’à ce qu’elle fût soumise aux Romains (146 av. J.-C.).

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