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Mémoires d'outre-tombe de François-René de CHATEAUBRIAND, 1848-1850 (posthume), Le Livre de poche, G.-F.

• C'est en 1803 que Chateaubriand forme le projet d'écrire les Mémoires de (sa) vie. Il y a travaillé irrégulièrement jusqu'en 1826, date à laquelle se trouve achevé le récit de sa jeunesse, puis de façon plus soutenue après la Révolution de 1830 et l'avènement de Louis-Philippe, quand il eut décidé de s'écarter de la scène politique. Il élargit alors son projet au dessein d'écrire l'épopée de son temps, et, tout en procédant à des lectures privées, prévoit que la publication complète sera posthume, d'où le titre définitif. Mais le besoin d'argent l'oblige à vendre son manuscrit à une société d'actionnaires qui, bientôt lassés d'attendre, en négocient la publication immédiate dans le journal La Presse. Cette publication n'eut lieu qu'après la mort de l'auteur (4 juillet 1848), mais bien par l'ignoble filière du feuilleton, avec des coupures et des remaniements qui, conservés dans l'édition de librairie de 1849-1850, mutilent le texte. Il a fallu attendre les éditions de Biré (1898) et surtout de Levaillant (1948) pour lire le texte complet rétabli d'après les manuscrits.• Chateaubriand a divisé ses Mémoires en parties qui correspondent aux étapes de sa vie. La première partie, qui va de son enfance bretonne à son exil en Angleterre, comprend les pages les plus connues sur Combourg, sa famille, son adolescence rêveuse, sa soeur Lucile, son voyage en Amérique, ses campagnes dans l'armée des émigrés. La deuxième commence à son retour en France (1800) que suit la publication d'Atala, du Génie du christianisme, de René, conte son séjour à Rome comme secrétaire d'ambassade, puis sa rupture avec Bonaparte lors de l'exécution du duc d'Enghien (mars 1804), et les années de réserve politique et de travaux littéraires qui le conduisent à la fin de l'Empire. Dans la troisième, Chateaubriand retrace la destinée de Bonaparte avec un mélange d'admiration et de haine, puis sa propre carrière d'ambassadeur, de ministre de l'intérieur, puis des Affaires étrangères, et de pair de France sous la Restauration, en exagérant parfois son rôle. La quatrième justifie sa retraite sous la monarchie de Juillet et se termine par des propos désabusés sur lui-même et sur le destin du monde. • Chateaubriand est toujours un peu trop visiblement soucieux et de son personnage et d'art littéraire; il manque d'objectivité quand il traite des faits historiques et peint les hommes politiques qu'il a côtoyés; ses Mémoires sont néanmoins un grand monument de la littérature autobiographique. Ils révèlent un homme d'une étonnante complexité, partagé entre le désir et l'ennui, entre le goût des grandes actions et celui du retour sur soi. Ils constituent aussi un témoignage passionnant sur la France et l'Europe au cours d'une période particulièrement agitée que Chateaubriand considère en homme du passé, mais toujours avec le sens de la grandeur des événements et des enjeux.

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