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Maurice Clavel

Maurice Clavel est né en 1920 à Frontignan. Normalien. Agrégé de philosophie. Résistant. Plusieurs « carrières » successives : auteur dramatique, romancier, chroniqueur, philosophe. Gaulliste, puis « gaullo-gauchiste ». Lorsqu’il s’agit de présenter l’œuvre de Maurice Clavel, c’est d’abord la personne, le personnage qui s’impose. Le chroniqueur de télévision, au Nouvel Observateur : pour qui la critique d’écran est l’occasion de pamphlet ou de dithyrambes qui toujours visent loin et haut. L’homme de télévision, célèbre par l’esclandre du « Messieurs les censeurs, bonsoir ! ». L’ermite de Vézelay choyé par les « nouveaux philosophes » : Jambet, Lardreau, Glucksmann... Celui qui se surnomme «journaliste transcendental ». D’autres images encore : le résistant, le gaulliste, le compagnon de Vilar à Avignon, le jeune dramaturge que Robert Kemp égale à Eschyle, le Zola de l’affaire Ben Barka, le prophète de Mai 68, qui a pressenti l’événement et qui en profère le sens : retour de Dieu refoulé, retour de l’esprit... Personnage épique, lyrique, inspiré, figure de croisade, par la prédication, l’allant, et le souci du Verbe et du Souffle. Ce diable d’homme de Dieu s’est-il soucié de « faire une œuvre » ? Aux pièces de théâtre et aux adaptations jaillissantes, théâtre de poète, théâtre de verbe, ont succédé des romans, mais qui étaient autant de témoignages : sur la Résistance, l’Algérie, l’affaire Lip. Romans, aussi, que l’on peut qualifier de « métaphysiques ». Des âmes écartelées entre le charnel et le spirituel, cherchent leur chemin. Romans sensuels, et spirituels. Romans où règne le rythme des souffles : souffles des passions et des désirs, des angoisses, et souffles de Ciel. C’est sans doute de Bernanos, par le sens, et par la vision du monde, que se rapproche le plus un livre comme le Tiers des étoiles. Mai 68 devait faire de cet écrivain et professeur de philosophie un véritable philosophe. Un philosophe chrétien, et qui au fond récuse la philosophie : la Révélation, la Foi suffisent. Ses livres philosophiques, où l’écrivain se retrouve tout entier, ont été autant d’événements : Ce que je crois, Dieu est Dieu, nom de Dieu, Nous l’avons tous assassiné... Que dit Clavel ? Il dénonce, avec véhémence, les goulags, et le marxisme. Il annonce le retour de l’Esprit à travers les brèches de notre monde en ruines. En somme : la rage prophétique de Rimbaud, à l’époque de Soljénitsyne. Cette parole philosophique a devancé et accompagne, personnelle, ceux qu’une vaine mode a nommé « les nouveaux philosophes ». On pourra bien le chicaner dans ses détails, on ne saurait nier sa puissance d’ébranlement, aujourd’hui. Le meilleur de Clavel, et que ne doit pas faire oublier un goût souvent fâcheux du spectaculaire, c’est son désir incoercible de liberté. Et cet homme assurément épris de son image est également celui qui sait saluer Michel Foucault comme il convient, et reconnaître avec élan ce qu’il lui doit dans son « en avant ! » philosophique. ► Principaux titres

Romans : Une fille pour t'été, Julliard, 1957 ; le Jardin de Djemila, Julliard, 1958 ; le Temps de Chartres, Julliard, 1960 ; la Pourpre de Judée, Christian Bourgois, 1966 ; la Perte et le fracas ou les Murailles du monde, Flammarion, 1972 ; le Tiers des étoiles, Grasset, 1972 ; les Paroissiens de Patente, Grasset, 1974. Théâtre : les Incendiaires, N.R.F., 1946 ; la Terrasse de midi, N.R.F., 1947 ; Saint-Euloge de Cordoue, N .R .F., 1965. Essais : Qui est aliéné ?, Flammarion, 1970 ; Ce que je crois, Grasset, 1975 ; Dieu est Dieu, nom de Dieu !, Grasset, 1976 ; Nous l'avons tous tué ou « ce juif de Socrate », Seuil, 1977.




Romancier et essayiste, né à Frontignan. D’abord homme de théâtre : il a été l’un des compagnons les plus actifs de Jean Vilar, qui montera La Terrasse de midi (Avignon, 1947), où le vigoureux, « direct » et efficace dramatuige des Incendiaires en 1946 (salué par un article retentissant de Jean Anouilh) se hasardait jusqu’au registre de Claudel. Dès lors, Maurice Clavel abandonne, pratiquement pour toujours, le théâtre. La carrière du romancier s’étalera bien davantage : de 1957 jusqu’aux toutes dernières années. Mais sans rencontrer (mis à part le succès immédiat et « médiatique ») la réussite proprement littéraire, celle du poète qu’annonçait au théâtre le jeune Maurice Clavel. Reste l’essayiste, le chroniqueur, le polémiste, le «journaliste transcendantal » (comme il aimait se définir lui-même) et, pour finir, le prophète (ou le pamphlétaire) chrétien, l’annonciateur d’un retour de l’Esprit, menant une vie quasi érémitique à Vézelay : Ce que je crois (1975), Dieu est Dieu, nom de Dieu! (1976), Nous l’avons tous tué ou « Ce juif de Socrate » (1977).

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