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Marx, l'argent et l'esprit

« Ce qui grâce à l’argent est pour moi, ce que je peux payer, c’est-à-dire ce que l’argent peut acheter, je le suis moi-même, moi le possesseur de l’argent. Les qualités de l’argent sont mes qualités et mes forces essentiels — à moi son possesseur. Ce que je suis et ce que je peux n’est donc nullement déterminé par mon individualité. Je suis laid, mais je peux m’acheter la plus belle femme. Donc je ne suis pas laid, car l’effet de la laideur, sa force repoussante, est anéanti par l’argent. De par mon individualité, je suis perclus, mais l’argent me procure vingt-quatre pattes; je ne suis donc pas perclus; je suis un homme mauvais, malhonnête, sans conscience, sans esprit, mais l’argent est vénéré, donc aussi son possesseur, l’argent est le bien suprême, donc son possesseur est bon, l’argent m’évite en outre la peine d’être malhonnête; on me présume donc honnête; je suis sans esprit, mais l’argent est l’esprit réel de toutes choses, comment son possesseur pourrait-il ne pas avoir d’esprit? De plus, il peut acheter les gens spirituels et celui qui possède la puissance sur les gens d’esprit n’est-il pas plus spirituel que l’homme d’esprit? Moi qui par l’argent peux tout ce à quoi aspire un cœur humain, est-ce que je ne possède pas tous les pouvoirs humains? Donc mon argent ne transforme-t-il pas toutes mes impuissances en leur contraire ? » MARX DIRECTIONS DE RECHERCHE • Comment Marx s’efforce-t-il de démontrer « que ce que je suis et ce que je peux n’est nullement déterminé par mon individualité »? • Mais à quelle(s) condition(s) ? • Marx se fait-il l’apologiste, dans ce texte, de cette ou ces citations ? • Que cherche-t-il à faire apparaître? • En quoi ce texte présente-t-il un intérêt proprement philosophique ?

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