Databac

MAL

MAL. adv., adj. et n.m. ♦ 1° Adverbe. Implique l'idée de défaut, d'échec, de faute, d'imperfection (un travail mal exécuté ; un plan mal construit ; il a mal agi ; la souffrance fait mal). ♦ 2° Adjectif. «Mal», «male» a disparu, sauf dans quelques expressions (bon gré, mal gré ; bon an, mal an ; mourir de male mort). On emploie maintenant «mauvais». ♦ 3° Susbtantif. Le mal. a) Utiliser ce substantif implique une thèse métaphysique, que l'on n'aperçoit pas d'ordinaire : qu'il existe réellement un être (ou des êtres) qui soit précisément le mal. C'est de cette supposition que l'on en vient à poser une très grave question métaphysique : le «problème du mal». Ce qui est sous-jacent, ici, c'est le manichéisme, b) Au sens vécu, sans position métaphysique, il y a ce qui fait mal (le terme est alors un adverbe) : la souffrance, la douleur, les diverses formes d'injustice. Le terme «mal» ne désigne pas un être, mais il qualifie un effet d'un agir (naturel ou volontaire) et cet agir lui-même, par projection. Ce que l'on appelle le mal moral entre dans cette dernière catégorie : aucune action n’est en soi absolument mauvaise; c'est une faute dans telle ou telle circonstance et non dans telle autre (tuer n'est pas mal agir si c'est dans le cas de légitime défense), c) Un problème est souvent posé en ces termes : Pourquoi Dieu permet-il le mal ? Il résulte de la croyance en la réalité ontologique du mal (le mal vu comme un être), croyance qui résulte de l'épreuve subie (les stoïciens, Spinoza, entre autres, ont dénoncé le caractère illusoire de cette croyance). Si le mot «mal» est un adverbe qui s'applique à des agir (processus ou actions), c'est eux qui doivent être confrontés à l'ordre et à l'action de Dieu. On est alors conduit à examiner comment on conçoit la réalité divine, et ce qu'elle est réellement. Ainsi, la révélation évangélique n'est pas une «dissertation sur le problème du mal» : «Dieu n'est pas venu supprimer la souffrance ; il n'est même pas venu l'expliquer ; il est venu la remplir de sa présence» (CLAUDEL). ♦ 4° L’enseignement de la philosophie, depuis Platon jusqu’aux docteurs chrétiens, c’est que chacun d’entre nous doit d’abord s’efforcer de ne pas faire mal (physiquement et moralement) ensuite agir pour que cessent le plus possible les causes qui font mal (injustices, maladies, souffrances, épreuves, solitude), enfin donner sa présence à ceux qui ont mal.

MAL

♦ Si, comme adverbe, le mal est ce qui est contraire aux normes admises, quel que soit leur domaine d’application (un travail mal fait, une personne qui se porte mal), comme nom, il désigne tout ce qui fait obstacle à la perfection de l’homme et englobe des expériences où dominent la souffrance ou le dommage. ♦ Généralement conçu sous les auspices d’un manque par la pensée théologique, ou d’une dégradation progressive de l’être (décadence) par Platon, il est présent chez Hegel dans le mouvement dialectique sous la forme de l’erreur annonciatrice de vérité, ou du travail nécessaire à la lutte de l’esclave pour sa liberté, et devient ainsi le moteur de l’histoire. ♦ La complexité philosophique de la notion est dégagée par Leibniz. Il distingue le mal métaphysique qui « consiste dans la simple imperfection », le mal physique, dans la souffrance, et le mal moral, dans le péché. ♦ Le mal moral - opposé au bien -met en cause la responsabilité de la personne qui a commis la faute, même si son origine première est à chercher, selon la théologie, du côté des puissances surnaturelles intrinsèquement mauvaises (démon). Kant*, pour lequel la « méchanceté » est dans l’acte de faire le mal accidentellement, tandis que la « malignité diabolique » procéderait de la volonté de faire le mal pour le mal, met en cause la volonté mauvaise lorsque l’intention* est viciée. Il se situe ainsi dans la ligne des auteurs chrétiens (saint Paul) qui, par opposition à ceux - de saint Augustin à Malebranche - qui ne voient dans le mal qu’un défaut d’attention, tiennent au contraire l’action mauvaise pour le résultat d’un choix délibéré. ♦ Notons chez Nietzsche, l’ambiguïté de la notion de mal moral qui, du fait de la transmutation des valeurs, change de signification : après avoir désigné ce qui est contraire à la morale des faibles, elle devient, dans la conception nietzschéenne, ce qui empêche l’expansion des forces vitales et de la volonté de puissance du surhomme.

mal, ce qui est contraire au bien. — Le problème du mal est posé par le « mal physique », la douleur, la maladie, la mort; c'est le mal que l'homme subit : le malheur. Celui que l'homme fait est le « mal moral » : celui-ci peut se réduire, d'une façon universelle, à la violence et au mensonge. L'origine' des maux se trouverait dans -l'imperfection générale de l'homme, ou « mal métaphysique », qu'il tiendrait de sa nature imparfaite, de son caractère de simple « créature ». Dans la Religion dans les limites de la simple raison, Kant a distingué la « méchanceté » (acte de faire le mal accidentellement) et la « malignité diabolique » (acte de faire le mal pour le mal). Le pessimisme est l'attitude qui consiste à voir l'aspect négatif et l'imperfection de toutes choses, à affirmer le primat du mal sur le bien dans tous les événements du monde, et une influence prépondérante du mal dans l'évolution (la décadence) de l'histoire.

Mal Du latin malus, « mauvais », « méchant », « funeste ». - Mal physique : douleur, souffrance. - Mal moral : ce qui est contraire au bien ou aux règles imposées par la morale (synonyme : faute). - Mal métaphysique : l’imperfection du monde ou de la nature humaine. • Traditionnellement, le « problème du mal » désigne la difficulté à concilier l'existence du mal sur la Terre avec celle d'un dieu qui serait à la fois tout-puissant et infiniment bon. • Si le mal n'est, pour saint Augustin, que la « privation du bien », il devient, chez Kant, le contraire du bien : est méchant celui qui connaît la loi morale et qui l’enfreint délibérément.


MAL 1. Comme adverbe, mal indique ce qui contredit les normes dans un domaine quelconque (un outil mal fait, une personne malpolie, se porter mal). 2. Comme nom, mal désigne tout ce qui est l'objet de désapprobation parce qu’il cause une souffrance ou un rejet (avoir subi bien des maux). 3. Spécialement en morale , le mal est le contraire du bien, valeur suprême de la morale. C’est ce que la morale désapprouve ou rejette (faire le mal). Sur cet usage et les problèmes qu’il soulève — origine du mal, nature du mal...

Liens utiles