Magie
magie (du perse mag, science, sagesse), art d’agir sur les êtres ou les choses par des procédés occultes et de produire des résultats apparemment extraordinaires et surnaturels. La magie est un complexe de croyances diverses; elle est antérieure ou concomitante à toute religion primitive (v. primitifs) et s’appuie sur une symbolique universelle ; elle est un fait sociologique commun à toutes les sociétés de type archaïque. Elle se manifeste en un appel aux esprits par l’intermédiaire d’un magicien, qui est souvent un névropathe, parfois un sorcier, un chamane, un medecine man, etc. Elle s’exerce en certains lieux dits «magiques» et dont souvent un vocabulaire de «civilisés» garde le souvenir, tels les hauts lieux, les lieux saints, les bois sacrés, la colline inspirée, etc. Elle s’entoure souvent d’un appareil plus ou moins scientifique d’astrologie, de divination, de plantes, d’animaux ou même d’objets, et se complète presque partout d’une mantique (géomancie, oniro-logie, horoscopie, chiromancie, etc ). On distingue la magie blanche, ou naturelle, qui est bénéfique (comme les rites agraires, les cérémonies pour la pluie, la guérison des maladies, des blessures, la réussite d’une entreprise, etc.), et la magie noire qui n’est autre que la sorcellerie. Celle-ci cherche à nuire par des maléfices, des envoûtements et des malédictions. La magie imitative est homéopathique ou sympathique, car elle opère par les semblables, suggère à la nature le but demandé (comme l’écorchement pour obtenir la pluie dans les religions anciennes d’Amérique). Elle emploie des rites spéciaux, des incantations, des images, des danses et des chants. Vieille comme le monde, la magie est le fait même de la vie préhistorique. Elle est à la base des religions assyro-babyloniennes. L’Égypte était particulièrement le pays de la magie, magie défensive contre les éléments, magie de la parole et du nom, magie protectrice contre les maladies, faite d’incantations, de formules jaculatoires, de papyrus plus ou moins bénéfiques, d’amulettes, etc. En Grèce, la magie accompagnait tous les actes religieux, particulièrement dans les cultes d’Hécate, déesse des sortilèges, dans ceux d’Esculape et surtout dans ceux des mystères. La Grèce respectait les magiciens, surtout dans les cultes ésotériques (Éleusis, orphisme, cultes hellénistiques d’Asie Mineure). A Rome, tout cet héritage grec et oriental a été complété par les pratiques divinatoires des Étrusques et autres peuples italiques. Nous savons par Apulée et par Lucien le rôle que jouait la magie. Les juifs qui vivaient au milieu de peuples où la magie était souvent à la base de toute croyance subissaient constamment la tentation de cette sorte de surnaturel pragmatique que stigmatisaient les prêtres et les prophètes. Il en fut de même pour le christianisme qui eut à lutter contre les pratiques magiques, très populaires en Orient comme en Occident. Les Arabes, héritiers des sciences dites «traditionnelles», n’y voyaient pas trop d’oppositions au Coran ; ils étudièrent spécialement l’astrologie et la médecine; mais, lorsqu’ils furent en contact, en Espagne, avec les juifs qui étudiaient l’ésotérisme de la kabbale, il y eut deux courants : d’une part, le courant des savants et des philosophes qui restèrent dans les hautes spéculations et, d’autre part, le courant de ceux qui ne virent que le symbolisme compliqué des nombres et l’efficacité des pratiques magiques. Le Moyen Age connut alors une immense vague de superstition, une frénésie de magie et de sorcellerie que l’Église dut sévèrement réprimer. Paracelse appliqua la magie et l’alchimie à la médecine et à la philosophie et, jusqu’au XVIIIe s., l’occultisme excita les esprits. De Gilles de Rais à l’Affaire des poisons, la magie noire ne cessa d’inquiéter les autorités religieuses. Au XVIIIe s., une forme nouvelle de magie urbaine et mondaine apparut, pseudo-scientifique et charlatanesque, avec les «mages» Cagliostro et le comte de Saint-Germain. Si le rationalisme du XIXe s. a porté un grand coup à la magie, celle-ci s’est réfugiée dans les campagnes, où les jeteurs de sorts existent encore. De nos jours, les guérisseurs, les sectes de toutes sortes s’épanouissent dans les pays dits «civilisés», tandis que dans les autres, l’animisme, le fétichisme, les confréries et les cultes tribaux en conservent certains principes. En Asie, si la magie sacrificielle védique a disparu, elle reste sous-jacente dans la plupart des rites de l’hindouisme, du tantrisme et même de certaines sectes bouddhistes. Cependant, de sérieuses études sur la magie ont été faites non seulement par les sociologues, qui l’envisagent dans ses rapports avec les religions primitives, mais par les psychanalystes, qui l’étudient dans son rôle psychologique. La magie est un désir d’efficacité, une volonté de puissance par des rites. Elle est égocentrique, liée à toutes les sciences occultes; de nature mystique, elle exige la soumission de la nature à l’homme, ce qui l’apparente à l’orgueil luciférien; ainsi, elle s’oppose à la religion : l’homme tend à dominer, tandis que, dans la religion, l’homme prie et s’humilie devant son Dieu.
magie blanche
Magie qui se donne pour but d’écarter les mauvais esprits ou de guérir les personnes qui en ont été les victimes. Elle n’est donc pas considérée comme antisociale, au rebours de la magie noire.
(Angl. : white magic,)
magie noire
Magie qui prétend subjuguer les mauvais esprits et les forces surnaturelles maléfiques pour en faire les instruments d’entreprises homicides. Toutes les sociétés distinguent ce type de magie de la magie blanche et le condamnent.
(Angl. : black magic.)