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LUIS DE LEON

LUIS DE LEON. Religieux espagnol. Né à Belmonte (Cuenca) en 1527 ou 1528, mort à Madrigal de las Altas Torres (Avila) le 23 août 1591. Il était issu d’une famille noble; l’une de ses bisaïeules avait été persécutée comme « chrétienne de fraîche date ». Les postes importants qu’occupa son père l’entraînèrent à résider a Madrid et à Valladolid. C’est de cette ville qu’âgé de quatorze ans, Luis de Leon fut envoyé à Salamanque pour étudier le latin avec un de ses oncles qui était professeur à l’Université; quelques mois plus tard, il entra chez les moines augustins. Le 29 janvier 1544 il prononça ses vœux perpétuels. Jusqu’en 1555, il étudia les arts et la théologie a Salamanque même, puis s’inscrivit à l’Université d’Alcala et obtint son titre de « bachelier » à Tolède. Refusé à un premier concours pour l’obtention d’une chaire universitaire, il triompha à Durando en 1565. Depuis le début de sa carrière de professeur, il s’était distingué par la rude franchise de ses opinions et la stricte rigueur de son sens de la justice : c’est pourquoi il s’était fait beaucoup d’ennemis dans le milieu universitaire, où tout s’envenimait encore davantage à cause de la rivalité entre ordres religieux ; les dominicains, qui possédaient la majorité dans le cercle intellectuel de Salamanque, lui furent particulièrement hostiles, mais il comptait également des ennemis acharnés dans les autres ordres et même dans le sien propre. On lui reprocha plusieurs fois la tache qu’était alors son origine hébraïque et l’on s’étonne que, discutant dans une réunion de théologiens des traditions bibliques, ses opposants, en particulier Leon de Castro, fussent irrités par la défense qu’il présenta du texte hébreu. Dans ses leçons sur le traité De la foi [De Fide, 1567-1569], on lui attribua des « innovations » gratuites (qui étaient en grande partie des bavardages d’étudiants), et on l’accusa d’avoir peu de respect pour la Vulgate. En décembre 1571, le dominicain Bartolome Médina le dénonça à l’inquisition pour la médiocre estime en laquelle il tenait la Vulgate et pour avoir traduit en castillan, sans pourtant le publier, le Cantique des cantiques. Frère Luis, dont on disait dans une autre enquête qu’il avait avantage, étant chrétien de fraîche date, à dénaturer la foi catholique en revenant à sa propre loi, fut conduit le 27 mars 1572 dans les cachots de l’inquisition à Valladolid. Au cours de ce procès, il prouva qu’il avait l’âme bien trempée et se défendit avec une extrême énergie contre ses accusateurs et même contre ses juges qu’il accusa de violer les règlements juridiques. A la fin du procès, certains juges proposèrent qu’on le soumît à la « question », mais « modérément », tenant compte de la faiblesse du coupable. Le Tribunal Suprême de l’inquisition ne donna pas l’autorisation et accorda même l’absolution à l’accusé. Il fut libéré le 11 décembre 1576 avec défense de révéler ce qui s’était passé au cours de son procès. Il rentra à Salamanque le 30 et reçut un accueil grandiose à l’Université; on l’accompagna à son couvent au son de la musique et des applaudissements. Pourtant, les luttes ne cessèrent pas; sa chaire était occupée par quelqu’un d’autre, mais, malgré son acquittement il n’éleva aucune réclamation. En compensation, l'Université lui confia la chaire des Saintes Écritures (non sans protestations de la part de Médina). A sa prise de possession (en présence d’un nombreux public), il semble que Luis ait commencé son premier cours par la phrase devenue fameuse : « Nous disions hier... » [« Dicebamus hosterna die... »], décevant ainsi l’attente générale d’une polémique. Plus tard, il obtint au concours la chaire de philosophie morale et, en 1579, après une lutte mouvementée, celle de la Bible, triomphant d’un dominicain, fils du poète Garcilaso. De nouveau dénoncé à l'Inquisition en 1580, et plus sérieusement encore en 1582, il ne fut pourtant pas emprisonné mais reçut un blâme du cardinal Quiroga, grand inquisiteur et archevêque de Tolède. En 1580, frère Luis publia en latin une Explication du Cantique des cantiques  et, en 1583, Les Noms du Christ [Los nombres de Cristo] et La Parfaite Épouse. Pendant les dernières années de sa vie, chargé de fastidieux procès de l’Université, il résida assez longtemps à Madrid. Il fit une révision des œuvres de sainte Thérèse en vue de leur publication, soutint une réforme de l’ordre auquel il appartenait, et mourut à Madrigal de las Âltas Torres où il venait d’être nommé provincial. En dehors des œuvres déjà mentionnées, seules quelques autres, en latin, ont été publiées de son vivant; le Livre de Job a paru au XVIIIe siècle, mais, dès 1631, Quevedo avait publié ses Poésies castillanes.

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