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Locke: Être libre consiste-t-il à s’affranchir des déterminismes ?

Problématique

1 Être libre consiste-t-il à s’affranchir des déterminismes ?

Locke

Essai philosophique concernant l’entendement humain (1689), trad. Coste, © Éditions Vrin, 1983, p. 184. [...] Un homme venant à tomber dans l'eau, parce qu’un pont sur lequel il marchait s'est rompu sous lui, n'a point de liberté, et n'est pas un agent libre à cet égard. Car quoiqu'il (...) préfère ne pas tomber à nouveau, cependant comme il n'est pas en sa puissance d'empêcher ce mouvement, la cessation de ce mouvement ne suit pas sa volition ; c'est pourquoi il n'est point libre dans ce cas-là. Il en est de même d'un homme qui se frappe lui-même, ou qui frappe son ami, par un mouvement convulsif de son bras, qu’il n'est pas en son pouvoir d'empêcher ou d’arrêter par la direction de son esprit ; personne se s'avise de penser qu'un tel homme soit libre à cet égard, mais on le plaint comme agissant par nécessité et par contrainte. Autre exemple. Supposons qu'on porte un homme, pendant qu'il est dans un profond sommeil, dans une chambre où il y ait une personne qu'il lui tarde de voir (...) et que l'on ferme à clef la porte sur lui, de sorte qu'il ne soit pas en son pouvoir de sortir. Cet homme s'éveille et est charmé de se trouver avec une personne dont il souhaitait si fort la compagnie, et avec qui il demeure avec plaisir, aimant mieux être là avec elle dans cette •chambre que d'en sortir pour aller ailleurs : je demande s'il ne reste pas volontairement dans ce lieu-là ? Je ne pense pas que personne s'avise d'en douter. Cependant, comme cet homme est enfermé à clef, il est évident qu'il n'est pas en liberté de ne pas demeurer dans cette chambre et d'en sortir s'il veut. Et par conséquent, la liberté n'est pas une idée qui appartienne (...) à la préférence que notre esprit donne à une action plutôt qu'à une autre, mais à la personne qui a la puissance d'agir ou de s'empêcher d'agir selon que son esprit se déterminera à l'un ou à l'autre de ces deux partis.

Avez-vous compris l’essentiel ?

1 Quelle idée le premier exemple illustre-t-il ? 2 En quoi le second exemple, l’homme qui frappe, est-il à la fois différent et proche du premier ? 3 Faire ce qui nous plaît, est-ce s'affranchir du déterminisme ?

Texte 1 Locke

1 - L'idée d'une action qui n’est pas libre, parce qu’eile résulte de la force d’une puissance matérielle, physique, extérieure à nous, c’est-à-dire d'un déterminisme. 2 - il est différent, car dans une action de ce genre, nous ne subissons pas une contrainte extérieure à nous : c’est un geste spontané, par exemple une convulsion qui n'est causée par rien d’autre que notre propre corps. Mais il se rapproche du premier cas, en ce que la volonté n'intervient pas, que l’esprit n’a pas choisi cet acte, qui n'est donc pas libre non plus. 3 - Non, car une action que nous accomplissons de notre plein gré et avec plaisir peut être en même temps nécessaire et déterminée. En ce sens elle n’est pas libre.

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